Le soulèvement du ghetto de Varsovie (19 avril 1943) suivi de la résistance par l’écrit

Le 19 avril 1943 marque le début du soulèvement du ghetto de Varsovie où l’occupant allemand a enfermé la population juive de la ville depuis 1940. Celles et ceux qui ont survécu à la famine et à la déportation prennent les armes, préférant mourir au combat plutôt que dans les camps d’extermination.
Podcast de radiofrance : en 4 parties d’environ 15 minutes, produit par Joanna Szybist, réalisé par Laure-Hélène Planchet.
Le 1er septembre 1939, l’Allemagne d’Adolf Hitler envahit la Pologne, déployant dans le pays une terreur sans précédent. Le destin des juifs polonais en fut marqué à jamais.
Le ghetto
La création de ghettos était au cœur du processus nazi de ségrégation et de déshumanisation des juifs et la première étape de leur extermination. En Pologne où vivait avant la guerre la plus grande communauté juive d’Europe (estimée à 3,5 millions de personnes), les Allemands ont créé des centaines de ghettos. Le plus grand était celui de Varsovie où 400 000 juifs polonais furent obligés de s’installer. Progressivement, cette zone, séparée du reste de la ville par des murs et des barbelés, s’est transformée en un lieu de lente agonie où règnent la maladie et la famine. Les Allemands y organisent les déportations vers le camp d’extermination de Treblinka.
La stratégie de la famine
Dans le ghetto, la faim fut le plus terrible des tortionnaires. Pour démoraliser et briser toute résistance en son sein, les autorités nazies rationnaient la nourriture. Cette souffrance, quotidienne, concerna plus de la moitié d’une population à laquelle l’autorité allemande ôta toute velléité de révolte, cherchant à réduire chaque habitant du ghetto à un état d’extrême misère, physiologique et psychique.
Résister à la barbarie
Pourtant, à l’aube du 19 avril 1943, la veille de la Pâque juive, alors que les troupes allemandes pénètrent dans le ghetto avec l’intention de le liquider et de déporter ses derniers habitants, elles se heurtent à une résistance armée. La jeunesse du ghetto a préféré prendre les armes et mourir au combat plutôt que se laisser conduire vers les chambres à gaz. Les soldats d’Hitler, bien que soutenus par des chars, des lance-flammes et de nombreuses pièces d’artillerie, sont forcés de reculer. Et pendant quatre semaines, jusqu’au 16 mai 1943, la jeunesse juive de Varsovie résiste aux assauts de l’armée allemande, livrant de durs combats de rue.
L’insurrection du ghetto de Varsovie a stupéfié le monde. Elle était sans espoir et pourtant, une poignée de jeunes juifs isolés a tenu en échec les troupes hitlériennes, réputées invincibles. Ceux qui ont vécu ces jours aussi héroïques que tragiques ne sont plus, mais leurs bouleversants témoignages résonnent pour toujours.
Archives sonores
Avec le concours du fonds d’archives des témoignages oraux du Musée d’Histoire des Juifs de Pologne Polin à Varsovie.
Témoins : Marek Edelman, Cywia Lubetkin, Symcha Rotem, Krystyna Budnicka, Halina Aszkenazy, Régine Poloniewska, Stanislaw Tomkiewicz, Léon Abramowicz, Gutka Steinberg, Henry Favel, Lola Liblau, Marek Rudnicki, Pierre Ruff.
Avec des extraits du rapport Stroop, rédigé en mai 1943 par Jürgen Stroop, membre de la Waffen-SS et commandant des forces allemandes qui liquidèrent le ghetto de Varsovie. Ce rapport a été commandé par Friedrich-Wilhelm Krüger, supérieur hiérarchique de Stroop et Chef suprême de la SS et de la police en Pologne, et conçu comme un album souvenir pour Heinrich Himmler. Il a été utilisé comme preuve au Tribunal militaire international de Nuremberg.
Note de la rédaction de radiofrance : des témoignages de rescapés du soulèvement du ghetto de Varsovie présents dans ce podcast rapportent des événements violents susceptibles de heurter la sensibilité de certains auditeurs.
Ghetto de Varsovie, les archives d’Emanuel Ringelblum
En octobre 1940, à Varsovie, l’historien juif et humaniste Emanuel Ringelblum compose une équipe pour archiver la vie quotidienne du ghetto. Les nombreux documents collectés constituent l’un des plus grands actes de résistance contre la Shoah en Pologne.
Les archives, collectées par Emanuel Ringelblum avec son équipe, sont enterrées avant la destruction du ghetto de Varsovie. Retrouvées après la guerre, elles constituent la principale source historique de la tragique disparition des Juifs polonais.
Podcast : La résistance par l’écrit et La mémoire sous les pierres