UNITE 8200
Dov Alfon
éd. Liana Levi, 385 pages
Ancien officier des services de renseignements israéliens, l’auteur est bien placé pour nous conter les rebondissements multiples de cette narration dans laquelle la police française et les services secrets se retrouvent à collaborer ensemble. Une bonne dizaine de meurtres plus tard, l’affaire est résolue, grâce à la sagacité d’un commandant israélien, bien sûr!
Action pleine de rebondissements, de retournements de situation, d’exotisme (nous n’en dirons pas plus), bref : bonne lecture de vacances.
UN FILS DE L’AMERIQUE
Nelson Algren,
10/18, 379 pages
Nous vous proposons de découvrir un auteur américain tombé dans l’oubli : Nelson Algren.
Il a longtemps fait partie de cette école littéraire américaine qui décrivait les bas-fonds des grandes villes. Algren décrit l’Amérique de la grande Dépression sans concession. Mais ce qui frappe avant tout, c’est la tendresse qu’il porte à ses personnages déclassés, abimés par la vie. La dureté de la vie américaine, la brutalité, l’argent si difficile à gagner, bref, tout le revers de la médaille nous tombent dessus comme un uppercut en pleine figure.
Superbe roman.
Le schmock
Franz-Olivier Giesbert
Gallimard, 416 pages
En Yiddish, le Schmock veut dire à la fois penis, con et salaud. le père de Franz-Olivier Giesbert appelait ainsi, ironiquement, Hitler.
Après un début surprenant : l’homme le plus vieux du monde retrouve son second amour de jeunesse à notre époque…mais en même temps le personnage principal n’est pas celui qu’on croit avoir entrevu au début du livre… l’énigme restera entière jusqu’à la fin.
L’auteur mêle subtilement la petite histoire à la grande Histoire, à travers l’amour et l’amitié entre deux familles allemandes de Bavière qui seront prisent et broyées dans le tourbillon de l’Histoire.
A travers ses personnages attachants, l’auteur nous entraine sur les pas du « Schmock » et de la montée du nazisme et du racisme de 1914 à 1945 et il soulève plusieurs questions qui le hantent :
« Malgré toutes mes lectures sur la période hitlérienne, je n’ai jamais réussi à comprendre pourquoi tant d’Allemands « bien », respectables, avaient pris à la légère la montée du nazisme tandis que les Juifs tardaient étrangement à fuir. Par quelle aberration, à cause de quelles complaisances, quelles lâchetés, le nazisme fut-il possible ? Qu’était-il arrivé à ce grand pays de musiciens, de philosophes et de poètes ?…. «
Il saute aux yeux au cours des pages que cette interrogation légitime sur l’adoption d’un régime inique par des gens cultivés des années 30 en Allemagne peut être transposée à notre époque et sonne comme une mise en garde.
OÙ VIVRE
Carole Zalberg
Grasset, 144 pages
A travers leurs voix recomposées par Marie, née en France dans les années 60, les membres d’une famille juive polonaise relatent leur installation en Israël après la guerre.
Au long des décennies in-tranquilles, les générations nouvelles venues dans l’État juif puis celles qui y sont nées expriment leurs attentes et leurs déceptions, au fil d’un quotidien à jamais hanté par la Shoah. C’est cette fin d’un monde que les plus âgés ont voulu surmonter en construisant un lieu sûr. C’est elle que les plus jeunes veulent empêcher de se reproduire en acceptant avec plus ou moins d’évidence les épreuves que leur pays ne cesse d’imposer.
De l’après-guerre à nos jours, l’exil des uns et les questionnements de la famille restée en France se répondent, tissant des liens indéfectibles. Leurs voix se mêlent pour dire avec puissance une destinée familiale complexe et vitale qui est aussi une magnifique plongée dans les paradoxes de l’État d’Israël, autour de la question des pionniers, de leurs rêves, de leurs déceptions.
Ce beau récit devrait trouver un écho chez le lecteur qui, a un moment ou un autre, s’est posé la question de l’installation ou pas en Israël et des relations avec les membres de sa famille qui ont fait ce choix.







François ARDEVEN est professeur de lettres classiques, psychanalyste et lecteur du midrash au Centre Medem.

