Impressions de Chine

IMPRESSIONS DE CHINE

Au moment où ces lignes sont écrites, quinze jours se sont écoulés depuis notre retour à Paris.

Les souvenirs commencent à s’estomper et à être moins précis.

Subsiste un sentiment général de reconnaissance envers toutes les personnes de la Maison de la Chine, mais aussi les autres personnalités qui nous ont guidé dans nos excursions et nos visites afin de nous en faire profiter le mieux possible.

La première d’entre elles à laquelle je pense, comme je le crois la plupart d’entre nous, est Monsieur Jacques. Sans doute « ses amis Juifs! » garderont-ils en mémoire sa gentillesse, son dévouement, son efficacité et sa patience.

Autre rencontre, celle de Pierre Haski, journaliste à Libération, venu nous dire au cours d’une soirée au Novotel de Pékin, comment un de ses reportages dans un village du nord-est de la Chine l’avait conduit à s’intéresser à une jeune écolière issue d’un milieu très pauvre, qui montrait des capacités intellectuelles ne pouvant s’épanouir dans son établissement faute de moyens financiers suffisants. A l’initiative de notre journaliste de retour à Paris, des fonds furent collectés et envoyés à l’école en question. Par ailleurs, cette élève fut invitée en France pour compléter sa formation intellectuelle et passer avec succès des diplômes universitaires.

Enfin, une campagne de presse conduite par Pierre Haski dénonça l’insuffisance des ressources mises à la disposition du système éducatif par les autorités chinoises qui, de ce fait, en prirent conscience.

Nous nous souviendrons également de la rencontre des plus inattendues dans le magnifique parc du Jinci du premier Secrétaire de l’Ambassade du Népal qui, à la vue du fanion de reconnaissance que brandissait notre guide, invita sur-le-champ notre groupe à un séjour à Katmandou.

Nous n’oublierons pas non plus la conférence de M. Zvir Bar-Gal, journaliste israélien installé depuis 4 ans en Chine, consacrée à l’histoire des grandes familles juives réfugiées en Chine et installées à Shanghai notamment, à l’exemple de la famille Sasoon originaire de Bagdad, qui fit construire dans les années 30, le Peace Hotel notamment, palace de luxe où descendaient les familles les plus fortunées d’Europe, comme il nous l’expliqua. C’est avec lui que nous avons visité avec émotion le ghetto de Shanghai où se réfugièrent les Juifs d’Europe fuyant les percussions nazies. Nous garderons également en mémoire son film consacré au recensement des sépultures juives dispersées en différents endroits.

Enfin, toute notre reconnaissance va au Professeur Pan Guang qui nous a reçu très aimablement dans les locaux du Centre des études juives de Shanghai dont il est le doyen.

Le professeur Pan Guang nous parla de façon exhaustive de cette immigration salvatrice des Juifs en mettant en lumière l’absence de tout antisémitisme dans le peuple chinois qui perçut parfaitement cette volonté d’anéantissement totale du judaïsme par les nazis, ce qu’il ne pouvait, de ce fait, comprendre, ni accepter.

Robert Cros