Les livres de janvier et février

ancre invisible changer l identifiant ID en ancre_X (x numéro du lien à créer)

Deux Filles Nues

Luz

Albin Michel, 196 pages

Raconter l’histoire à travers l’itinéraire d’un tableau – Deux filles nues – peint par le peintre allemand Otto Mueller en 1919, dans une forêt berlinoise : tel a été l’objectif de cette BD du dessinateur Luz.

Comme l’écrit parfaitement Rita Kersting – directrice adjointe du musée Ludwig de Cologne – dans la postface de l’ouvrage, l’histoire de cette toile raconte « ce qu’ont vécu et subi ses propriétaires, les endroits où elle a fait escale bon gré mal fré, et la façon dont elle est devenue in fine le témoin de l’expulsion, de la spoliation et de l’assassinat des Juifs européens par les nazis. ».

En 1925, Ismar Littmann, avocat allemand de confession juive, passionné d’art moderne, achète ce tableau. Exclu de la fonction publique et de l’ordre des avocats par le Reich, criblé de dettes, Littmann se suicide en 1934. Le tableau des Deux filles nues est alors confié à la maison de ventes berlinoise Max Perl, mais il est confisqué par les Nazis avant sa vente, envoyé à la Nationalgalerie de Berlin, et fera partie des toiles de l’exposition nazie sur l’ «Art dégénéré ». En 1940, vendue aux enchères, en Suisse, à un marchand d’art, la toile est rapidement revendue à un riche amateur d’art qui fera don de sa collection à la ville de Cologne. Dès 1961, l’une des filles de Littmann fait une demande de restitution du tableau, mais ce n’est qu’en 1999 qu’elle obtient gain de cause : elle le vendra toutefois au musée Ludwig de Cologne qui souhaitait le conserver.

En annexe du livre, la postface, la chronologie et les biographies des différents protagonistes de la BD apportent un éclairage et des précisions déterminantes : il est intéressant de s’y référer au cours de la lecture.

ancre invisible changer l identifiant ID en ancre_X (x numéro du lien à créer)

La visite au Struthof, camp méconnu

Yaël Hassan et Marc Lizano

Nathan, 96 pages

Struthof fut le seul camp de concentration nazi implanté sur le sol français, en Alsace, sur le mont Louise. Doté d’une chambre à gaz, il fonctionnera de mai 1941 à septembre 1944  date à laquelle ses internés – principalement des résistants et des prisonniers de guerre – furent transférés au camp de Dachau.

Les auteurs de cette bande-dessinée – initialement destinée à de jeunes adolescents-  ont imaginé une histoire permettant de transmettre l’essentiel à savoir sur ce camp. La classe de 3e d’un collège alsacien doit réaliser un travail de recherche sur un réseau de jeunes résistants, avant d’effectuer une visite au Camp de Struthof. Le professeur demande à ses élèves de trouver une personne, parmi leurs proches, pour le seconder lors de la visite. Le jeune Simon fait alors appel à Rose, sa grand-mère, née dans les années 1950, et c’est un pan de l’histoire familiale qui se révèle à lui, à travers un journal intime rédigé pendant la guerre par la mère de Rose : l’exode de 1939, le retour, un an plus tard, dans une Alsace occupée par les Nazis qui interdisaient même l’emploi du français, les autodafés, et les actes de résistance des uns et des autres, notamment du frère de Rose qui périra à Struthof.

Parsemé d’extraits édifiants de témoignages laissés par d’anciens détenus de ce sinistre camp, ce livre – intergénérationnel – constitue une véritable visite de Struthof.

ancre invisible changer l identifiant ID en ancre_X (x numéro du lien à créer)

Rendez-vous avec la mort

Salomon Ickovic

Flammarion, 320 pages

Salomon Ickovic est né en 1911 dans une province du royaume de Hongrie qui intègrera bientôt la Tchécoslovaquie.

Très jeune, comme tant de jeunes juifs d’origine modeste, il adhère au Parti Communiste Tchèque et s’engage dans une vie de combattant.

En 1937 il intègre dans les Brigades Internationales pendant la guerre d’Espagne.

Dès le début de la guerre de 39/45, il rejoint les FTP-MOÏ et mène des actions risquées en France et en Allemagne.

Ni les arrestations, ni les tentatives de déportation auxquelles il réchappe n’ont jamais pu entamer sa détermination.

Il est très rare de lire des Mémoires de première main de résistants communistes. Ceux-ci sont inédits.

ancre invisible changer l identifiant ID en ancre_X (x numéro du lien à créer)

La confusion des sentiments

Stefan Zweig, traduction française 2013

Robert Laffont

Dans cette nouvelle qualifiée de « chef d’œuvre » par Freud, le personnage central, Roland de D., professeur des universités, se souvient de la relation fondatrice, quarante ans plus tôt, de sa vocation, et de sa personnalité. En effet, face à la vie étudiante dilettante berlinoise de Roland, son père l’envoie dans une calme petite ville universitaire. La prose fervente d’un professeur suscite l’admiration du jeune étudiant et accroît son intérêt pour les lettres. Le professeur le prend sous son aile : le mentor intellectuel joue alors aussi un rôle paternel. Mais leur relation change de tournure et son ambivalence ébranle les certitudes de Roland confronté à des émotions contradictoires réprouvées par la société de la fin du XIXe siècle.

Stefan Zweig explore la complexité des sentiments et les frontières floues entre admiration, désir, et identité.

En mettant en lumière les tabous et les normes sociales de son époque, l’auteur autrichien propose une réflexion universelle sur la nature des liens humains.

Livres recommandés en nov – déc 2024

ancre invisible changer l identifiant ID en ancre_X (x numéro du lien à créer)

Qui-vive

Valérie Zenatti

Éditions de L’Olivier, 176 pages

 Dans ce récit, où résonnent constamment des paroles de Léonard Cohen, la célèbre traductrice des romans d’Aaron Appelfeld décrit les réflexions et états d’âme de Mathilde, enseignante d’histoire au lycée et jeune mère de famille. Une succession d’évènements survenus entre 2015 et mi-2023, ont ébranlé ses certitudes, non sans conséquences sur elle : le confinement de 2020 pendant la pandémie de Covid, le retour de la guerre aux portes de l’Europe, et le décès du chanteur et poète Léonard Cohen. Elle en devient insomniaque, et perd également le sens du toucher. À cela s’ajoute une quête liée à un texte que son grand-père a laissé derrière lui à son décès. Mathilde décide alors de renouer avec une partie de sa famille, ainsi qu’avec ses souvenirs d’enfance, en partant en Israël sur un coup de tête.

A travers un road trip entre Tel-Aviv et Jérusalem, Mathilde nous fait découvrir Israël et la très grande diversité de sa population. Comme l’indique le titre du roman, tous les sens de Mathilde sont comme réveillés en Israël, sur le qui-vive. C’est notamment le cas lorsqu’elle se perd aux environs de Capharnaüm, près d’un lieu où la guerre de 1967 a laissé des traces.

ancre invisible changer l identifiant ID en ancre_X (x numéro du lien à créer)

Le Barman du Ritz

Philippe Collin

Albin Michel, 416 pages

Prix Maurice Druon 2024

Juin 1940. Les Allemands entrent dans Paris. Partout, le couvre-feu est de rigueur, sauf au grand hôtel Ritz. Avides de découvrir l’art de vivre à la française, les occupants y côtoient l’élite parisienne, tandis que derrière le bar oeuvre Frank Meier, le plus grand barman du monde (Frank Meier a existé, il est même l’auteur d’un livre, “L’art du cocktail”,  réédité à l’occasion de la sortie du roman de Philippe Collin).

S’adapter est une question de survie. Frank Meier se révèle habile diplomate, gagne la sympathie des officiers allemands, achète sa tranquillité, mais aussi celle de Luciano, son apprenti, et de la troublante et énigmatique Blanche Auzello. Pendant quatre ans, les hommes de la Gestapo vont trinquer avec Coco Chanel, la terrible veuve Ritz, ou encore Sacha Guitry. Ces hommes et ces femmes, collabos ou résistants, héros ou profiteurs de guerre, vont s’aimer, se trahir, lutter aussi pour une certaine idée de la civilisation.

La plupart d’entre eux ignorent que Meier, émigré autrichien, ancien combattant de 1914, chef d’orchestre de cet étrange ballet cache un lourd secret. Le barman du Ritz est juif.

“Ce roman est, pour ainsi dire, le journal intime d’un homme qui affronte journellement, des démons et passe sous silence sa véritable histoire pour ne pas tomber entre les mains de l’ennemi. Le Ritz était, pour ainsi dire, la prison dorée du barman. Une prison dont il ne peut s’échapper. On découvre la vie de la haute société parisienne de l’époque, qui semblait coupée du monde extérieur”.

ancre invisible changer l identifiant ID en ancre_X (x numéro du lien à créer)

Entre amis

Amos Oz

Gallimard, 160 pages

Ce recueil de huit nouvelles prend place en Israël, dans le kibboutz Yikhat, à l’époque où Ben Gourion était Premier ministre. D’une nouvelle à l’autre on retrouve plusieurs personnages, notamment dans l’élaboration des décisions collectives. Ce sont autant de destins décrits de façon tragi-comique, où la part de solitude existe malgré la vie en communauté.

On y suit notamment l’amitié naissante d’Ariella pour l’ex-femme de son concubin. Dans la nouvelle donnant le titre au recueil, on se demande comment Nahum, père de la jeune Edna, va tolérer la relation qu’elle entretient avec David, son ancien professeur, et fondateur du kibboutz. Ou comment Nina, femme indépendante qui partage un logement avec son mari, va pouvoir sortir, sans esclandre, de son sentiment d’étouffement.

Au kibboutz, un règlement strict régit la vie de ses membres et les demandes d’exceptions personnelles doivent être examinées par un comité. Ainsi, comment le comité éducatif statuera-t-il sur la demande de la mère de Yotam de faire partir celui-ci du kibboutz, sans qu’il ait accompli les deux années obligatoires de travail pour le kibboutz, pour rejoindre son riche oncle en Italie et y étudier ?

ancre invisible changer l identifiant ID en ancre_X (x numéro du lien à créer)

Le  juif rouge

Stéphane Giusti

Seghers, 336 pages

Le premier roman de Stéphane Giusti décrit les tragédies antisémites du siècle dernier à travers la figure d’un soldat roumain dont la mission est de sauver tous les Juifs

En 1916, dans les Carpates, Aaron Tamerlan Munteanu garde la frontière du royaume de Roumanie. Recroquevillé dans une tranchée putride il attend l’envahisseur, prêt à mourir pour une guerre absurde.

Grâce à la malédiction d’un « dybbouk » il est devenu un juif rouge condamné à endurer le destin des siens.

Dans ce XXè siècle dévoré par l’antisémitisme, le juif rouge sillonne la Mitteleuropa dans l’espoir insencé d’enrayer la folie des hommes. De Bucarest à Odessa, de Vienne à Berlin, de Liepaja à Auschwitz et Treblinka, l’errance de Munteanu le conduira jusqu’en Terre promise.

Le roman s’achève à Tel Aviv, au début du siècle suivant, par ces mots tragiques : « Nous vivons derrière un mur comme nous y vécûmes ailleurs, mais ce mur-là, nous l’avons élevé nous-mêmes. »

ancre invisible changer l identifiant ID en ancre_X (x numéro du lien à créer)

Le cinéma était leur pays

Serge Siritzky

Vérone éditions, 242 pages

C’est l’histoire réelle d’une famille juive, les Siritzky, qui trois fois de suite pour sauver leur vie, ont dû fuir le pays dans lequel ils étaient établis pour se réfugier dans un pays dont ils ne connaissaient pas la langue.

A chaque fois, ils ont réussi dans le cinéma, en révolutionnant le métier.

La quatrième fois, à la Libération, ils sont revenus en France pour récupérer leur bien tombé aux mains des nazis. Mais accusé de collaboration avec les nazis, le chef de famille a été condamné à la prison et spolié.

Néanmoins, repartant de zéro en France, ses fils ont de nouveau réussi. 68 ans plus tard, ses petits-enfants viennent de découvrir les preuves que cette spoliation était le fruit d’un sidérant complot.

Récit passionnant qui se lit très vite avec une présentation originale.

ancre invisible changer l identifiant ID en ancre_X (x numéro du lien à créer)

Les enfants du Lutécia

Rachel Corenblit

Editions du Mercredi, 134 pages

A l’été 1945, André, Léopold et Marie-Antoinette se retrouvent tous les matins à l’hôtel Lutécia, là où arrivent les rescapés des camps de concentration. Ils espèrent le retour de leurs parents.

Entre larmes, silences et fous-rires, ils vont partager leurs histoires, leurs espoirs et leur désespoir mais par dessus tout, leur envie de vivre.

(Dès 12 ans)

Et aussi les plus anciennes sélections de la bibliothèque

Partager
cette page

Facebook Email WhatsApp SMS