Les livres de Janvier 2019

Idiss

Robert Badinter

Editeur : Fayard – 236 pages 

Robert Badinter a écrit ce livre en hommage à sa grand-mère maternelle, Idiss.

A travers son histoire personnelle, Robert Badinter, le combattant, le défenseur des droits dont la bataille et la victoire emblématiques furent l’abolition de la peine de mort, raconte simplement l’histoire de sa famille et notamment de sa grand mère maternelle Idiss, juive, russe de Bessarabie, qui ne parle que yiddish.

L’ensemble constitue un très beau témoignage et éclaire concrètement le contexte historique, géopolitique des années 1920, à Paris, puis à Fontenay sous bois et le retour à Paris dans les années 30. La mort de son grand père et la tristesse d’Idiss demeurée inconsolable.

Il nous raconte aussi  le passage du shtetl à un statut de petit bourgeois français juif (israélite comme on disait alors) intégré avec fierté dans la république française qui les a accueilli.

Et enfin, le départ forcée de sa mère pour sauver ses enfants de la déportation en laissant sa mère Idiss, malade, avec son oncle à Paris.

En peu de mots, il exprime la douleur de cette séparation « …Valises bouclées, restait le plus douloureux : dire au revoir – en réalité adieu – à notre grand-mère. Ce moment-là, je l’appréhendais plus que tout autre. Je savais que ses jours étaient comptés. Sa vie allait s’achever et je ne la reverrais jamais. Cette pensée, je la repoussais de toutes mes forces. Mais elle était la vérité… »

Livre très émouvant.

INCH’ALLAH, l’islamisation à visage découvert

dir. Gérard Davet et Fabrice Lhomme,

Fayard, 293 pages

Ce livre fait écho à celui de Georges Bensoussan, sur le même sujet. Cependant, il n’a pas la même tonalité : beaucoup plus nuancé, sans nous rassurer pour autant, on sent la théorie journalistique sous-jacente, à savoir « des faits, et rien que des faits ».

Constitué d’interviews menés par des élèves-journalistes, le livre cherche à représenter tous les pôles d’activité présents dans le 93 : activités industrieuses, culturelles, religieuses, sociales, politiques et scolaires. Chacune est représentée par une personnalité interrogée représentative. Cela donne une impression un peu décousue, mais intéressante de par sa diversité. Nombre de faits significatifs ont déjà été relevés par d’autres enquêtes, et ne font que corroborer ce qui a déjà été signalé. Mais l’essentiel n’est pas là : d’une part, l’enquête semble assez exhaustive; d’autre part, on y trouve un certain nombre de propos beaucoup plus nuancés et plus divers que dans l’enquête de Georges Bensoussan.

La république a oublié ce département, et en recueille les fruits amers… mais pas pour tous.

ORPHELINS 88  

Sarah Cohen-Scali

Robert Laffont, 429 pages

 

« Josh » est un jeune rescapé de la guerre. Son prénom, il le doit aux Américains, car il est partiellement amnésique : il sait seulement qu’il vient d’un « lebensborn ».

C’est la déroute nazie qui lui a permis d’être recueilli dans un orphelinat géré par l’UNRA et dont la directrice, Ida, se dévoue totalement à la cause des enfants.Josh, qui vivait dans un espace clos dont il ne pouvait s’échapper, découvre peu à peu les orphelins de la guerre: juifs, enfants volés, enfants des rues « aryens »,bébés abandonnés… Tous veulent survivre, surmonter les terribles blessures de la guerre.

Il découvre aussi la négritude et le racisme, en la personne de Wally, sergeant chauffeur de l’orphelinat qui veille sur tous ces pensionnaires tourmentés. C’est lui qui l’accompagnera dans la recherche de sa famille.

Ce roman fait suite à « Max », ou la vie dans un lebensborn allemand, mais il peut être lu séparément. Excellent roman parfaitement documenté, qui s’adresse à tout public à partir de 14ans. Bien raconté, il met en scène des personnages très attachants dont le désir de vivre nous touche infiniment.

UNE ODYSSEE : un père, un fils, une épopée  

Daniel Mendelsohn,

Flammarion, 427 pages

Daniel Mendelsohn est professeur de littérature classique à Bard College. Apprenant qu’il va faire travailler ses étudiants sur l’Odyssée, Jay, son père, décide de suivre ce séminaire. Professeur de mathématiques retraité (il a 81 ans), il s’intègre au groupe d’étudiants, participant aux débats avec vigueur.

Au cours de ce semestre, Daniel et Jay s’embarquent pour une croisière dont le thème est « sur les traces d’Ulysse ». Durant le voyage, père et fils se rapprochent progressivement et se re-découvrentavec tendresse.

Dans cet ouvrage inclassable, l’auteur revient sur le voyage d’Ulysse, sur le rapport de la culture grecque avec notre temps sans que cela soit pesant. Il sait se mettre à notre portée et ne nous ennuie jamais. L’alternance avec la narration de ce voyage entre père et fils s’inscrit très habilement dans le cours du récit.

Cela dit, je ne suis pas certaine qu’il soit si facile à lire. Pour lecteur averti?

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