Les livres de nov – déc 2025

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NOS COEURS DÉRACINÉS

Marie Drucker

Grasset, 160 pages

Qu’est-ce que l’identité juive ? Avec sa grande rigueur journalistique, Marie Drucker tente de répondre à cette vaste question dans ce court essai fort réussi. L’identité juive – la judéité – est une quête permanente, c’est « se confronter à la vastitude des possibilités d’être », d’autant plus lorsqu’on est né dans une famille où « l’inconnu n’est pas l’avenir mais le passé ». Afin de mieux saisir son ressenti d’ « exil intérieur », la journaliste nous retrace l’histoire de ses aïeux originaires de Bukovine et de Pologne, comment ces « cœurs déracinés » arrivèrent en France et y vécurent la Shoah qui engendra une nouvelle identité de Juifs « sans foi, sans croyance, sans patrie, sans langue ». Mais toujours avec la volonté d’être intègres, irréprochables et de transmettre ces valeurs à leurs enfants. Notons de très intéressantes remarques sur certains témoignages de son grand-père, Abraham Drucker, médecin aux camps de Drancy et de Compiègne.

Puis elle aborde la résurgence de l’antisémitisme, protéiforme, se renouvelant au gré de l’actualité, et qui vise à nier l’existence même du peuple juif qui a pourtant tant apporté aux autres nations au cours de son histoire.

Un ouvrage indispensable rappelant que « maintenir le cap de son identité est difficile et la lucidité, un combat ».

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CE PAYS QUI N’AIMAIT PAS L’AMOUR

Yaroslav Trofimov

Istya et Cie, 524 pages

En 1930, Debora, jeune juive de 17 ans quitte sa campagne natale pour s’installer à Khakiv. Elle y rencontre Samuel.

Ils tombent amoureux et se marient. Leur avenir semble tout tracé mais il s’assombrit rapidement.

L’Holodomor (famine provoquée par Staline) ainsi qu’une répression sanglante font rage en Ukraine. Samuel est arrêté et condamné à 10 ans de travaux forcés. Debora reste seule avec leur fils.

Lorsque la seconde guerre éclate, pour survivre et protéger sa famille, Débora est contrainte de renoncer à son identité et à sa religion.

Ce livre, en racontant l’histoire de Débora, raconte en réalité l’histoire des juifs d’Ukraine de 1930 à 1954

Et toujours la possibilité d’emprunter les livres de la rentrée

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Vingt-quatre heures pour sauver Adam mon ami du ghetto

Catherine CUENCA

éditions Oskar, 128 pages

Varsovie, 1942.

Adam et Bogdan sont deux jeunes garçons polonais, d’une douzaine d’années, qui se connaissent depuis leur plus tendre enfance. Ils habitent tous deux dans la rue Wielka, dans des immeubles situés l’un en face de l’autre. Depuis l’instauration du Ghetto, un mur divise cette rue en deux. Adam, qui est juif, se trouve désormais dans le ghetto, tandis que son ami Bogdan, chrétien, vit dans la zone libre de Varsovie. Ils ne peuvent plus communiquer qu’à travers les vitres des fenêtres de leurs chambres.

Un jour de juillet 1942, Adam plaque, contre la vitre, une ardoise d’écolier sur laquelle est écrit : « Partons demain dans un camp de travail. Adieu Bogdan ». Bogdan veut à tout prix sauver son ami qu’il considère comme son frère, mais comment faire ?

A travers une course contre la montre angoissante et haletante dans cette prison à ciel ouvert qu’était le ghetto de Varsovie, Catherine Cuenca réussit, dans ce court roman jeunesse, à raconter l’histoire du ghetto, à décrire les passages secrets permettant de passer d’une zone à l’autre de la ville, et même à rendre hommage à Janusz Korczak, à son orphelinat, et à Irena Sendler qui sauva de nombreux enfants juifs de la mort.

La lecture de ce roman sera parfaitement accessible – et même salutaire – pour de jeunes collégiens. Un plan sommaire du ghetto ainsi qu’un schéma représentant la rue Wielka permettent une bonne compréhension de la situation.

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ON PEUT RIRE DE TOUT (SAUF DE  SA MÈRE)

Constance Lagrange

Dargaud, 120 pages

Rions des Juifs, avec les Juifs. L’humour, la dérision, la plaisanterie, le mot d’esprit (witz) font partie intégrante de la culture juive depuis des siècles et ce livre peut être considéré comme une introduction ou une initiation à cette culture, laquelle ne saurait être confondue avec les tragédies et les larmes. Chez les Juifs comme chez les autres, il y a un temps pour pleurer et un temps pour rire : Constance Lagrange et Ivan Jablonka ont choisi le second. Rions pour être ensemble, parce qu’on ne peut pas pleurer tout le temps et parce que le rire est la dernière chose qui nous reste !

Ivan Jablonka retrace dans une magnifique préface l’histoire de cet humour pour mieux en réaffirmer l’urgence et la nécessité.

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CORRECTION AUTOMATIQUE

Etgar Keret

Traduit de l’hébreu par Rosie Pinhas-Delpuech

OLIVIER, 208 pages

Quand le monde s’assombrit, l’humour est le seul moyen de rendre la réalité supportable…

Tout peut arriver dans le monde selon Etgar Keret.

Vous y rencontrerez un célibataire fauché et asthmatique qui a perdu la foi, le candidat d’un jeu de téléréalité venu d’une autre dimension, le propriétaire d’un astéroïde sur le point de percuter la Terre, une intelligence artificielle au bord du suicide et bien d’autres personnages imaginés par l’écrivain israélien le plus déjanté de sa génération.

Entre «dépression et léger accablement », Keret poursuit une œuvre singulière où panache rime avec paradoxe. Car si l’univers est devenu fou, la comédie devient le plus court chemin vers la santé mentale.

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UN COUP DE PIED DANS LA POUSSIÈRE

Baptiste Fillon

Le bruit du monde, 272 pages

Inspiré d’une histoire vraie, ce roman raconte la vie de Nissan, un peintre né dans une famille juive au début des années 1920 en Ukraine.

Dans l’Etat d’Israël tout juste naissant, Nissan partage son temps entre son travail de peintre en bâtiment et ses toiles. Il lui faut peindre non par plaisir mais pour exister. Dès les premières pages de ce roman, à la fin des années 1930, il se trouve dans un moshav en Palestine mandataire avec sa famille qui a fui les pogroms d’Ukraine lors de la troisième aliyah.
Enrôlé à la suite de son frère dans la haganah, milice d’autodéfense juive, il refuse de tirer sur un vieil arabe. Dés lors, les événements vont s’enchaîner pour le pire et le meilleur.
Tourmenté, sensible à ce que subissent les Palestiniens, pourra-t-il toujours dire non à des rêves qui ne sont pas les siens : l’esprit de conquête, le sionisme, le communisme ou l’amour d’une femme ?
Ce vétéran de l’armée britannique qui s’est battu en 1942 en Egypte contre les armées de Rommel va-t-il pouvoir suivre à Paris les cours de l’Académie de la Grande chaumière ou les Beaux Arts ?
On le saura en parcourant ce roman inspiré de la vie d’un peintre ayant réellement existé. Baptiste Fillon a travaillé à partir d’archives et de témoignages pour écrire ce livre prenant, à l’écriture fluide et imagée, qui nous transporte des guerres de la vieille Europe à l’Israël toujours secoué par les conflits de la fin du XXe siècle.

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LE CHEMIN DE LA FRONTIÈRE

Grete Weil

Gallimard, 496 pages

Monika est une jeune femme éprise d’idéal qui grandit en Bavière au début du XXᵉ siècle. Esprit curieux et grande lectrice, elle épouse Klaus, comme elle issu de la bourgeoisie juive et passionné de philosophie. Mais les premières années de leur mariage sont loin de ce qu’ils avaient imaginé : autour d’eux gronde la menace nazie, qui s’étend progressivement et envahit leur quotidien. D’abord enclins à minimiser le danger ou à supposer qu’il ne les concernera pas, ils comprennent tardivement, quand Klaus est arrêté, que le piège s’est refermé sur eux aussi. Cachée à Amsterdam pendant l’hiver 1944 et alors que la guerre n’est pas encore finie, Grete Weil s’inspire de sa vie et transpose en un roman tragique son histoire d’amour brisée par la peste brune. En son centre le personnage de Monika, qui chemine vers la conscience politique et conserve son goût pour la vie en dépit de ce qui brise les existences, nous touche au coeur. Posant la délicate question de la responsabilité de chacun dans l’Allemagne nazie, Le chemin de la frontière est un livre d’une impressionnante clairvoyance qui n’a été publié en allemand qu’en 2022.

Sa traduction en français, quatre-vingts ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, est un événement littéraire de premier ordre.

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LEURS MOTS À EUX

Rachel Shalita 

 L’Antilope, 352 pages

Tel-Aviv années 1950, Tzipi est une petite fille unique, naïve et curieuse. Elle grandit entre un père décontracté, passionné de musique classique qui l’adore et une mère inquiète pour laquelle les préoccupations concernant la santé surpassent l’amour maternel.
Les parents nés en Pologne, utilisent le yiddish comme langue de l’intimité, dont Tzipi est exclue
Comme toute famille, celle-ci a son propre vocabulaire, un mélange de vrai yiddish ; des mots qui sonnent yiddish mais inventés ou des expressions en hébreu qui leur sont propres.
On découvre une famille de la classe moyenne : vie simple, loyauté à l’égard du pays, traumatisme d’avoir perdu tant de proches exterminés en Europe.
Un 3e roman extrêmement frais, tendre, souvent drôle, très sensible, vu à la hauteur d’une enfant.

Bibliothèque Centre Medem

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