Livres de septembre – octobre

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LES EXPORTÉS

Sonia DEVILLERS

Flammarion, 288 pages

Dans « Les exportés », son premier livre, la journaliste de France Inter lève le voile sur les exactions dont ont été victimes la communauté juive sur le sol roumain de 1940 à 1989. Après une Shoah roumaine, la dictature communiste fit commerce de ses juifs, exportés vers des pays européens puis vers Israël, d’abord troqués contre du bétail avant d’être vendus pour des devises.

L’auteur nous raconte les dessous de l’arrivée en France de sa mère et de ses grands-parents en 1961, juifs et roumains ayant fui la Roumanie communiste de Ceaușescu, à la faveur d’un innommable trafic humain et remet en lumière un des secrets longtemps les mieux gardés.

Il leur en avait coûté une rançon de 12 000 dollars qu’ils mirent leur vie à rembourser. La Securitate fit de ce très juteux commerce de juifs contre bétail – porcs, vaches, moutons, taureaux, etc., de la plus haute qualité importés d’Australie, de Nouvelle-Zélande, du Danemark ou encore de Grande-Bretagne – une de ces ressources majeures. Dans une Roumanie communiste exsangue des décennies 1950, 1960 et 1970, la police politique secrète devint ainsi le premier producteur de viande destinée à l’export, grâce à de la main-d’œuvre de prisonniers.

Rien peut-être n’aurait été possible sans un personnage aussi intrigant qu’incontournable, Henry Jacober, lui-même juif d’Europe centrale devenu britannique, qui avait le bras très long et de très précieux relais dans la Securitate, pour orchestrer ce commerce.

Pour remettre en lumière ce commerce des hommes longtemps tenu dans le plus grand des secrets, elle s’est appuyée sur les travaux d’historiens, dont ceux, incontournables, de Radu Ioanid, aujourd’hui devenu ambassadeur de Roumanie en Israël.

Des 750 000 juifs roumains d’avant-guerre, massivement exterminés, ou exportés, vendus, contraints à l’exil, il en resta à peine 10 000 à la chute du communisme.

Les critiques de ce livre sont à la hauteur de ce que l’on ressent en le lisant : un récit historique bouleversant qui se lit comme un roman.

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QUAND TU ÉCOUTERAS CETTE CHANSON

Lola LAFON

Stock, 348 pages

Pour la collection Ma nuit au musée, Lola Lafon a choisi de passer une nuit dans l’Annexe du musée Anne Frank d’Amsterdam, où vécut recluse avec sa famille pendant deux ans l’adolescente, jusqu’à la déportation et la mort à Bergen-Belsen. 

A qui appartient Anne Frank? se demande Lola Lafon. Que peut-on apprendre encore sur « la jeune fille juive la plus aimée au monde » et sur son célèbre Journal (le livre le plus lu après la Bible, dit-on), dans ce lieu de vide et d’absence?

L’auteure découvre combien la personnalité affirmée, terriblement lucide d’Anne Frank a été lissée et détournée par Hollywood : pas de fin triste, pas d’évocation des Juifs et de l’extermination, pas de mention des nazis au motif de la réconciliation avec l’Allemagne. 

Avec subtilité, sensibilité et rigueur, sans jamais se substituer à Anne Frank, Lola Lafon raconte cette expérience très forte, mais aussi les résonances avec l’histoire de sa famille et avec sa propre judéité.

Et l’on se propose de relire le Journal dans sa nouvelle édition augmentée (Calmann-Lévy et Livre de poche).

JOURNAL DE PONARY, 1941-1943

Kazimierz SAKOWICZ

Grasset, 320 pages

Texte présenté, annoté et traduit du polonais par Alexandra LAIGNEL-LAVASTINE

Préface de Rachel MARGOLIS (1921-2015, combattante, par qui le journal est parvenu jusqu’à nous)

Ce texte constitue un témoignage oculaire unique sur la destruction quasi-totale de la population juive de Vilnius, dite la « Jérusalem du Nord », entre 1941 et 1944 dans la forêt de Ponary, à la lisière de la ville, où 70 000 Juifs ont été assassinés par balles au bord de sept immenses fosses.

Cette chronique des tueries fut rédigée par K. Sakowicz (1894-1944), un journaliste catholique polonais habitant au bord des lieux de massacre, posté sur sa véranda ou derrière la fenêtre de son grenier, qui a dissimulé son journal dans des bouteilles enterrées dans son jardin.

Seul témoignage direct de cette importance à retracer avec précision l’épouvantable tuerie par les nazis et leurs recrues locales, il décrit également les trafics lucratifs auxquels se livraient les voisins « marchands » : « 300 Juifs tués sont pour les nazis 300 Juifs de moins, mais pour les voisins 300 paires de chaussures en plus. »

L’historienne A. Laignel-Lavastine souligne dans sa Préface le fait que des dizaines de milliers de volontaires ont participé à l’extermination des Juifs et que la politique mémorielle actuelle de la Lituanie est de « distordre ou biffer son passé », tendance qui prend de l’ampleur et confère à la publication de ce document une importance particulière.

LA PESTE SUR VOS DEUX FAMILLES

Robert LITTELL

Flammarion, 298 pages

Ce roman parfaitement documenté raconte l’un des épisodes de la guerre entre les gangs russes, lesquels dirigent de fait l’économie du pays. Les deux chefs de gangs sont vieux, et sur le point de laisser la place à d’autres rapaces. Timour l’Ossète « protège » des entreprises convoitées par Nahum Caplan le juif.

Or, Timour dit le Boiteux a un fils, Roman, tandis que Nahum a une fille. Chacun des enfants veut se rebeller contre son père …

Un roman savoureux sur les pratiques des gangs russes, encore d’actualité aujourd’hui.

LA PLACE DU ROMAN POLICIER DANS LA BIBLIOTHEQUE DU CENTRE MEDEM

Les quelques 350 titres de roman policier présents dans notre bibliothèque occupent une place à part pour deux raisons principales :

La première : de la même façon qu’il existe un lectorat amateur de bande dessinée et rien d’autre, il existe aussi un vaste lectorat de roman policier, roman noir, thriller, roman d’espionnage,… Nous avons souhaité faciliter la recherche pour ces lecteurs, en signalant les polars par une pastille noire et en les regroupant.

La seconde : il y a quelques années de cela, nous avons exploré ce  » genre  » au travers d’une exposition  intitulée  » Du rififi au yiddishland « . L’objectif était de donner plus de visibilité à un genre souvent décrié, voire méprisé, lequel ne le mérite pas. Il n’y a pas de hiérarchie de valeur dès lors qu’un ouvrage de fiction est bien écrit. Pas plus qu’il n’y a pas de hiérarchie de contenu : certains polars nous décrivent les maux de notre temps, les difficultés à vivre, les révoltes des « petits », les relations familiales, la cupidité, la lâcheté, que sais-je encore, avec beaucoup plus d’acuité que ne le ferait un roman de 500 pages.

« Quel rapport avec le monde juif », direz-vous: les juifs figurent en bonne place dans ce genre: coupables aussi bien que victimes ou redresseurs de tort; hommes et femmes confondus. Le polar nous donne à voir un monde juif sous toutes ses facettes: religieuses, sociale, culturelle. Comme un instantané pris à un moment donné. Ces personnages qui nous représentent vivent, aiment, enquêtent, tuent et mènent leur vie juive qui ressemble en tout point… à la nôtre. Ils sont notre miroir.

C’est pourquoi ce rayon est régulièrement garni de nouveautés.

Nous encourageons nos lecteurs à venir le découvrir.

L’équipe de la bibliothèque

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LES RESISTANTES

Judy BATALION

Les Arènes, 542 pages

Préface d’Annette WIEVIORKA

Cet ouvrage retrace les histoires captivantes et bouleversantes d’une vingtaine de très jeunes femmes – « des Juives fortes », dit l’auteure dans sa préface – qui choisirent la lutte armée dans les ghettos plutôt que la fuite.

A Bedzin, Cracovie, Vilnius, Varsovie, Radom, Auschwitz… Zivia Lubetkin (seule femme membre de l’Organisation juive de combat), Frumka, Hantze, Chajka, Renia, Tosia, Gusta, Hannah et tant d’autres combattantes engagées dans des mouvements sionistes, marxistes, bundistes, furent actives dans les caches, les souterrains, les trains, les forêts, les prisons, avec un courage inouï.

Ce projet historique et littéraire qui redonne vie à des héroïnes oubliées pour la plupart, celles qui ont péri et les quelques-unes qui ont survécu, s’appuie sur une importante documentation : recherches dans les centres d’archives de divers pays, autobiographies de rescapés, témoignages oraux.

L’auteure, petite-fille de survivants, a eu à cœur de restituer minutieusement la mémoire de cette histoire de bravoure exceptionnelle, d’amitié féminine et de survie.

Amour, mariage, sexualité : une histoire intime du nazisme (1930-1950) 

Elissa MAILÄNDER

éd. Du Seuil, 507p. (contenant un très gros corpus de notes)

Cet essai très novateur est remarquable à plus d’un titre :

Par sa forme, pour commencer : en effet, chaque chapitre commence par des exemples tirés de la vie quotidienne, basés sur des témoignages. C’est en analysant finement la parole des témoins que l’auteure nous amène à la conclusion qui clôt chaque chapitre. Cela facilite grandement le « travail » du lecteur.

Par la clairvoyance et la clarté des démonstrations :

Divisé en trois parties présentées dans l’ordre chronologique, l’essai nous permet de suivre l’implantation à la fois organisée et souple du nazisme dans les esprits :

Le nazisme se présente d’abord comme une organisation novatrice, surtout aux yeux de la jeunesse : plus de pression religieuse, il faut profiter de la vie sexuelle sans contrainte. Les jeunes « peuvent «  adhérer à des organisations dans lesquelles ils se sentent intégrés, où ils vont lier des liens d’amitié qui perdureront à la fin de la guerre, se trouvant tout naturellement leur voie future vers une nouvelle vie. Ces relations entre les deux sexes seront d’autant plus libres que le divorce pour tous sera instauré. Les conventions bourgeoises ne sont plus de mise : il faut profiter de la vie. Bien entendu, toute cette jeunesse ne perçoit pas les implications politiques profondes, ni les contraintes, ni le formatage des esprits induits par ces aspects nouveaux. Même le Lebensborn est idéalisé, alors même qu’il représente l’asservissement des femmes.

Lorsque la guerre éclate, que les jeunes gens font leur sac, les jeunes filles continuent de vivre « normalement », en rêvant du « bel aviateur » qui les éveillera à l’amour. La cohésion du corps social est alors très forte, l’espoir d’une victoire martelé à coup de propagande, surtout au cinéma, devenu très populaire.

Sur le front, les soldats s’habituent aux massacres en série, allant jusqu’à prendre des photographies les mettant en scène. Ces photographies représentent « un médium de masse » (page 266) dont l’exploitation est révélatrice des mentalités : la morale n’y a plus sa place ; c’est la violence proclamée dans toute son horreur. Les femmes sont en outre devenues des « objets » sexuels et non plus des partenaires.

Avec la fin de la guerre entrent en scène de nouveaux acteurs : les troupes victorieuses. Ces nouveaux soldats détrônent rapidement les soldats humiliés du Reich. Des femmes allemandes longtemps frustrées succomberont rapidement, par intérêt bien compris ou par instinct de survie. L’auteure note cependant que l’esprit patriarcal de domination masculine n’a jamais cessé d’exister.

Au bout du compte, l’on comprend mieux pourquoi cette période représente un souvenir heureux pour une bonne part de la population allemande, bien loin des remords auxquels nous aurions pu nous attendre.

Documentaire un peu long mais passionnant.

RETOUR RUE KROCHMALNA

Isaac Bashevis SINGER

Stock, 297 pages

Un texte inédit, paru en feuilleton en 1972 dans le journal yiddish Forverts, traduit de la version anglaise, selon la volonté de l’auteur pour la plupart de ses livres.

 Max, qui a fait fortune en Argentine, revient dans sa ville natale pour « affaires » : venir chercher à Varsovie une demi-douzaine de vierges pour la prostitution à Buenos Aires, sa femme Flora contrôlant la « marchandise ».

Au travers de ses personnages, I.B. Singer retourne dans la Varsovie juive du début du XXe siècle, celle des ruelles sombres, des tavernes, des truands et des rabbins, des jeunes filles innocentes et des maîtresses rouées.

On retrouve les grands thèmes traversant son œuvre : les aspirations vers le pur et l’impur, les tourments métaphysiques et charnels, le désintéressement et l’âpreté au gain, la fascination pour le trio amoureux, la culpabilité, la tentation constante de la fuite, le jeu avec l’idée de la mort, l’injustice divine (« Si dieu est mauvais, pourquoi ne puis-je pas l’être aussi ?» dit Max). La nostalgie des valeurs ancestrales de justice et d’entraide du judaïsme le dispute aux conduites égoïstes du profit individuel.

Le conteur éblouissant séduit de nouveau dans ce livre par son style vif, plein d’ironie, ses intrigues à rebondissements, ses dialogues brillants comme sortis du théâtre yiddish. Singer reste un maître dans ce roman plein de fantaisie où le drolatique côtoie la noirceur. 

On peut cependant ressentir un certain malaise à la description de héros obsédés par l’argent, prêts à divers trafics et lâchetés pour retirer davantage de jouissance matérielle et sexuelle – portraits hauts en couleurs mais faisant écho aux stéréotypes antisémites. Et le thème récurrent de l’homme mûr dévoyant de très jeunes filles, telle la douce Rashka, de l’homme frappant sa femme qui en « redemande », comme Max, du viol et de la prostitution, prend de nos jours une tonalité particulière, assez déplaisante, même si l’on s’efforce de remettre dans le contexte de l’époque et dans le cadre de la fiction, et si l’on connaît l’humour de l’auteur.

EST et OUEST. DERACINES

Wolf WIEVIORKA

Editions BIBLIOTHEQUE MEDEM, 345 pages

Traduction du yiddish par Batia Baum (premier recueil) et Shmuel BUNIM (second recueil)

Ces nouvelles écrites en 1936-37 se déroulent pour la plupart à Paris entre les deux guerres, dans un monde yiddish en plein éclatement tant à l’Est qu’en Europe.

Les héros en sont des immigrés juifs de Pologne, et on y trouve toute une galerie de jeunes gens sans métier, de pique-assiette, de camarades joyeusement désoeuvrés ou de rêveurs douloureusement solitaires. Dans cet « Entre deux mondes » (titre de la première nouvelle), on croise des parvenus et des ratés, des artistes affamés, des utopistes, des jeunes femmes idéalistes ou rouées. Chacun tente de se faire une place, de vivre ou survivre, entre espoirs et illusions.

La justesse du trait, la simplicité et l’humour rendent ces textes très attachants; les personnages hâbleurs ou désemparés qui traversent cet univers nous touchent. 

Et l’on songe au destin de l’auteur, écrivain et journaliste si talentueux, mort à Auschwitz, qui figure dans le Livre du Souvenir – le yisker-bukh – des « 14 Ecrivains juifs parisiens assassinés« , paru en yiddish en 1946.

LIBRES D’OBEIR. LE MANAGEMENT, DU NAZISME A AUJOURD’HUI

Johann CHAPOUTOT

Gallimard, 172 pages

En huit courts chapitres, l’historien retrace le parcours du général SS Reinhard Höhn, archétype de l’intellectuel au service du IIIème Reich qui, après 5 ans de paisible clandestinité, bénéficia de la loi d’amnistie en 1949 et poursuivit une brillante carrière en Allemagne. L’ancien juriste, devenu théoricien du management, créa une école de commerce, académie de cadres qui va former pendant 20 ans l’élite des patrons de l’économie allemande. 

La thèse de Chapoutot est que cette méthode d’organisation du travail et de gestion des hommes prend sa source dans les vues développées par le IIIème Reich, fondées sur le racisme biologique et le darwinisme social.

Cette réflexion de J. Chapoutot sur le lien entre nazisme et management au XXème siècle n’a pas paru totalement convaincante à certains économistes et sociologues. Toutefois, cette étude du « cas » Höhn a le mérite d’attirer l’attention sur l’impunité qui fut celle de milliers de « cols blancs » du nazisme. Elle souligne également, considération politique importante pour l’auteur, que le règne du management n’est pas neutre.

LA LOI DU SANG 

Johann Chapoutot

Galllimard, 554 pages

Fin spécialiste de l’Allemagne nazie, Johann Chapoutot nous invite à aborder la problématique du nazisme en nous plongeant dans les racines profondes de l’histoire des idées et des mentalités du début du 20e siècle.

La plupart des théories scientifiques, historiques, juridiques élaborées par les nazis étaient déjà présentes sur le territoire européen : notion de race, mythe aryen, racisme, antisémitisme, etc… C’est en nous présentant une histoire complète des idées que l’auteur fait une synthèse brillante.

C’est presque de façon toute naturelle que les Allemands ont abouti à la conclusion que la pureté de la race était en danger ; que le seul moyen de la préserver était la pureté du sang allemand. Toute la nuance est nichée dans ce « presque ». Cette « loi du sang » n’a rien perdu de sa dangerosité.

Ne présentant pas de difficulté particulière, cet ouvrage de référence remarquable vous demandera une attention soutenue.

Il a obtenu le prix Yad Vashem.

Et toujours disponible la sélection de mai – juin

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SATIRES

Edgar Hilsenrath

Le Tripode, 143 pages

Edgar Hilsenrath est mort cette année ce petit livre est donc son dernier ; il clôt une œuvre riche avec une pirouette. « Non, je n’ai rien regretté », écrit-il en fin d’ouvrage.

Malgré la déportation, laquelle hante toute son œuvre.

Malgré le constat amer de voir les anciens nazis vivre tranquillement, avec leurs bons souvenirs de la guerre, comme ce Monsieur Zybulski. C’est un Monsieur Tout-le-Monde, dirait-on en français. On a beau le dépouiller de ses pelures, tel un oignon (Zybul), mais c’est toujours le même.

Mieux vaut en rire, s’amuser à ses dépens, ironiser, user de sarcasmes. Ce que Hilsenrath a toujours admirablement réussi à faire.

Il nous manquera.

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LA STUPEUR

Aharon APPELFELD

L’Olivier, 256 pages

Dans un village d’Ukraine sous occupation allemande, Iréna, une jeune paysanne maltraitée par un mari violent, découvre ses voisins juifs tenus en joue par le gendarme local, puis bientôt assassinés. Impuissante à les secourir, elle fuit.

Commence un périple aux accents bibliques. Les fantômes des victimes hantent les consciences chrétiennes. « Levez-vous et demandez pardon aux assassinés. Clamez que Jésus était juif. » Iréna est suivie comme une sainte ou chassée telle une sorcière. Et le typhus, comme la culpabilité, se propage.

Ce livre est le dernier paru du vivant d’Appelfeld.

Dans un style simple, plein d’âpreté et d’humanité, le récit développe des thèmes chers à l’auteur et interroge la foi face au Mal.

Il dessine un portrait lumineux de femme.

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COUPÉS DU MONDE : un militant du Bund raconte la survie et la résistance juive sous l’occupation nazie en Pologne

Yankev Celemenski

éd. Le Manuscrit, 464 pages

Héritier du Bund, le Centre Medem est redevable et reconnaissant à Michel Celemenski de nous permettre de lire ces mémoires. Pour bon nombre de nos « anciens », Yankev Celemenski avait d’abord été un membre éminent du Bund, représentant des tailleurs de Pologne, avant de jouer un rôle essentiel durant la guerre. Personnellement, j’ai encore en mémoire l’immense respect avec lequel mes propres parents parlaient de lui.

Ces souvenirs ont une très grande valeur et ce pour plusieurs raisons :

D’une part ils nous permettent de suivre au jour le jour ce que vivaient les juifs enfermés dans les ghettos. Nous pouvons aussi prendre la mesure du courage, de l’abnégation de tous les résistants ; de leur organisation, de leur solidarité. L’enfermement n’étant pas totalement hermétique, les militants cachés dans la partie non-juive des villes ont eu un grand rôle à jouer, malgré la prise de risque incommensurable que cela représentait.

D’autre part, nous découvrons l’infatigable activisme dont a fait preuve Yankev Celemenski, dans son rôle d’émissaire parcourant la Pologne, rendant visite et apportant aide matérielle et morale aux militants. Seule, l’absolue nécessité permet peut-être de comprendre la force, la volonté de fer dont a fait preuve Yankev Celemenski. Essayer de se représenter ses incessants voyages au milieu de tous les dangers est quasi impossible. Penser à la charge qui pesait sur les résistants, à leur dévouement sans faille, au défi d’une mort certaine, mais aussi à leur dignité d’être humain, nous les rend encore plus précieux.

Soulignons aussi le grand intérêt des notes historiques établies par Bernard Vaisbrot, surtout pour les lecteurs d’aujourd’hui.

Enfin ces mémoires remettent à l’honneur des héros méconnus ou oubliés. NOUS NE POUVONS PAS, NOUS NE DEVONS PAS LES OUBLIER.

A ce titre, ce livre a sa place, non seulement au centre Medem, mais chez chacun d’entre nous.

Nous, lecteurs, ne remercierons jamais assez toute l’équipe qui a œuvré afin de faire éditer cet ouvrage précieux : Michel Celemenski, Patricia Chandon-Piazza, et notre cher Bernard Vaisbrot , ainsi que Philippe Weyl de la Fondation Pour la Mémoire de la Shoah.

Yankev Celemenski à Vladek Home Brunoy en aout 1947.   Au 1e plan ; Suzanne Gertler Papiernik , Y Celemenski
Au 2e plan ; Mr Gertler , Mme Mehring , Rachel Pludermacher et Georges , Mme Gertler
(coll.archives Centre Medem)

 

 

 

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