Midrash laïque. Les deux arbres de l’Eden

Le midrach est un labyrinthe qui, chaque année, ouvre d’autres chemins possibles pour l’année suivante.
Au Centre Medem, le cycle
midrashique a commencé par le Livre de Ruth, récit d’un
certain impossible de deux femmes, puis est passé à celui de Jonas, l’homme de vérité et le prophète de Kippour.
La petite catastrophe de son arbre-kikaion, le ricin, qui finit dévoré par un ver–comme pour dire au prophète rebelle qu’il n’y a pas de refuge contre la parole divine– a mené à la grande catastrophe de Babel.
Mais Babel est aussi le premier épisode où le davar
–la parole, la chose-mot– était proféré.
ll fallait donc passer à Moïse qui l’a poussé à l’incandescence des commandements.
Deux années ont été nécessaires à l’accompagnement des Hébreux, de l’Égypte au Sinaï.
Nous les laissons, chargés du fardeau des Tables.
Munis de notre davar, nous aurions pu alors aller lire trois grandes prières juives, dont l’extraordinaire Kol Nidré ou nous reposer un peu dans la lyre psalmatique du roi David. De ce davar nous ne sommes pas quittes. Il faut encore ruminer la possibilité de la parole.

Cette nouvelle année

Pour ce nouveau cycle, nous « régresserons » , de Chemot à Berechit (de l’Exode à la Genèse) en étudiant la structure édénique : des herbes, un homme et une femme, un reptile, des arbres –deux– celui de la connaissance (du bien et du mal) ; celui de la vie protégé par un séraphin.
Le premier dit qu’il ne faut rien savoir du bien et du mal, que la pulsion « d’aller voir », souvent absolument parallèle à celle de désirer, est prohibée. La Torah y dit le tabou ou y suggère une économique des pulsions, comme le pensera le Maharal de Prague (Rabi Loeb.1512–1609).
Quant au second, celui de la vie, peut-être est-il l’archétype de tous les archétypes ?
Et l’interdit biblique autour de l’arbre de la connaissance du bien et du mal est-il, strictement, un point d’interdit par où l’homme commence ? A rebours des Lumières du savoir (Gen, 2,16-17. Et quel mystère recèle le verset d’après ?)

Conseils

Comme toujours, le midrach est pratique de la liberté :
Il est fait en sorte que chaque cours ait une certaine autonomie et qu’on puisse, un dimanche, ne pas venir sans s’en sentir « coupable ».
La connaissance de l’hébreu n’est pas indispensable, même si elle est appréciée.
On se munit du texte biblique qu’on veut. Les leçons s’appuient sur la profonde traduction d’Henri Meschonnic.
La littérature midrachique est l’immense magasin des textes qui nous permettent de colorer la Torah, mais la tradition laïque de ce cours donnera à lire les auteurs de l’universel, si nombreux, juifs ou pas, à avoir poétisé autour des deux arbres.