Un bide ! Tout ça pour ça ?

Un bide ! Tout ça pour ça ?

Ce n’est pas par hasard si l’actualité du Centre MEDEM tourne autour d’Israël et du Moyen-Orient. En effet, de nombreuses manifestations sont prévues pour l’anniversaire de la création de cet État qui, soixante ans après, passe beaucoup moins inaperçu que l’indépendance autoproclamée du Kosovo !
Pour commencer, on a vu en mars un certain nombre de personnalités se déchaîner pour ostraciser les 39 écrivains israéliens invités d’honneur du Salon du Livre, à Paris. Cela aura permis de lire quelques billets desquels il n’y a rien à jeter.
Le Monde, par exemple, dans son éditorial du 14 mars, remarquait que : « Des pays arabes, qui sont pourtant tout sauf des champions de la liberté de penser et d’écrire, l’Organisation de la conférence islamique, pour qui l’existence même d’Israël est un sacrilège, mais aussi des éditeurs et écrivains de langue arabe, mais encore quelques écrivains israéliens et jusqu’à l’une des plumes les plus prestigieuses du supplément littéraire du quotidien israélien Haaretz, Benny Ziffer : de tous côtés, des voix se sont élevées pour appeler au boycottage de cette manifestation. ».
Pierre Assouline, quant à lui, dans son blog, remarquait que : « … les intellectuels français, si prompts à se mobiliser pour les causes lointaines et exotiques, se sont faits remarquablement discrets alors que la liberté d’expression d’écrivains en France était menacée par un chantage (eux ou nous) doublé d’une prise d’otages (si c’est eux, vous êtes complices). ».
En fait, ajoutait-il quelques jours plus tard : « l’initiative de la Ligue arabe a fait un bide. Elle ne s’est traduite que par quelques annulations de stands. Tout ça pour ça. Qui a répondu favorablement à l’appel ? Des ministères et des institutions gouvernementales du monde arabe, ce qui ridiculise l’initiative lorsqu’on songe au mépris d’Alger, de Sanaa, de Tunis ou de Ryad pour la littérature comme en témoigne la situation de leurs propres écrivains généralement censurés (c’est encore le cas ces jours-ci de l’algérien Boualem Sansal), bâillonnés ou emprisonnés ; ajoutons-y hors du monde arabe Téhéran, mais cela allait sans dire puisque son président ne cesse de répéter qu’il veut rayer Israël de la carte, alors ses écrivains… » .
On pourra suivre la polémique grâce aux interventions que nous reproduisons dans la partie Documents/Revue de presse du site www. centre-medem.org.
On pourra également, en avril, découvrir la littérature israélienne dans nos locaux et notre bibliothèque, voir, entendre et débattre avec Georges BENSOUSSAN, Théo KLEIN et quelques autres au sujet de la création de cet État et de l’idéal sioniste face aux réalités actuelles, en avril et mai ; écouter les propos de l’écrivaine syrienne Bassma Kodmani sur le monde arabe, sans oublier le Festival des cultures juives de la deuxième quinzaine de juin.
Le boycottage a fait long feu et c’est tant mieux.
Certes, il a permis à quelques uns d’étaler leur antisémitisme, tandis que d’autres restaient passifs ou silencieux. En revanche, il a eu le mérite de montrer l’absurdité de la posture politique prétendant rendre les écrivains responsables des agissements de leur État.
C’est peut-être le début d’une prise de conscience en France de la complexité du problème moyen-oriental, indispensable préalable pour, au moins, écouter ce que dit l’Autre.

P.S. Ne manquez pas ni le CINE-CLUB qui démarre le 17 mai en liaison avec le CLEJ et l’AJHL, ni le grand débat sur l’Avenir de la gauche avec les élus socialistes de Paris qui se tiendra le 13 mai.