Les livres de mai et juin

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MORTEL POURIM : Enquête Rhénane N°61 

Annette Fern

Verger, 192 pages

Strasbourg, août 2020. Les salles de spectacle rouvrent leurs portes à un public avide de rassemblement.

À la Choucrouterie, une troupe d’amateurs prépare La Meguile d’Itzik, cycle poétique parodique inspiré du Livre d’Esther lu chaque année dans les synagogues lors de la fête de Pourim.

En pleine répétition, et alors que la tension est à son comble, un fauteuil suspendu au-dessus de la scène tombe et tue Amos Gergowicz, le metteur en scène. Simple accident dû à une défaillance technique, ou crime prémédité ? Ce ne sont pas les raisons qui manquent à chacun d’en vouloir à Amos… Mais au point de l’assassiner ?

Le commissaire Schweitzer va s’attacher à démêler le vrai du faux pour mettre la lumière sur ce crime affreux. Ce troisième polar d’Annette Fern est une enquête passionnante pétrie d’humour qui nous entraîne une fois de plus à la découverte de la culture juive en Alsace.

Les lecteurs y trouveront aussi un hommage amical à la figure de Bartek Niedzelski, parti trop tôt un soir de décembre 2018.

Passionnée de yiddish, Annette Fern est la présidente de l’association Le théâtre en l’Air. Elle a écrit des pièces de théâtre (Nous sommes tous des juifs alsaciens), des sketches pour les revues de la Choucrouterie, ainsi que deux romans dans la collection des Enquêtes rhénanes : Fais ta prière, Shimon Lévy et Les matsot sont cuites.

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L’ANNONCE

Pierre Assouline

Gallimard, 336 pages

Jeune étudiant juif français, Raphaël  a 20 ans en 1973 quand éclate en octobre la Guerre de Kippour. Solidaire de ce jeune pays de 25 ans envahi par les armées égyptiennes et syriennes et qui vit déjà sa 4eme guerre, Raphaël décide se rendre utile en partant faire du volontariat dans un moshav. Il va  bientôt rencontrer une jeune soldate israélienne qui travaille dans les services psychologiques de l’armée.  Une histoire d’amour qui prend fin avec le retour de Raphaël en France. 50 ans ont passé. Voilà de nouveau Raphaël  en Israël après d’autres événements tragiques   : ceux d’octobre 2023…

Dans ce roman émouvant qui tient autant du récit autobiographique que de l’autofiction, le journaliste et écrivain Pierre Assouline  décrit avec précision ces années 1970 en Israël comme en France. C’est en 1973 que paraît par exemple « La France de Vichy » ou le film « Le chagrin et la pitié » qui  pointent la participation de l’Etat français à l’extermination des Juifs.

Se plaçant aux côtés de l’Etat d’Israël,  se référant au magnifique livre de Grossmann  « Une femme fuyant l’annonce » (2011), Pierre Assouline nous parle tour au long de ce livre de ce moment déchirant de « l’annonce »  que tous en Israël  redoutent plus que tout…

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GENS DE VARSOVIE

Ber Kuczer

Traduit du yiddish par Bernard Suchecky et Katia Fater- Simbsler

Genèse Edition, 208 pages

En dix-neuf tableaux, Ber Kuczer rend compte de la vitalité inouïe qui anima la Varsovie juive de l’entre-deux-guerres : dans les quartiers se croisent cochers, crieurs de journaux, vitriers, marchands ambulants, musiciens, rabbins, poètes et activistes politiques.

Entre les coulisses des théâtres, les cafés, les parcs ou le siège de l’Union des écrivains, Ber Kuczer met en scène, non sans humour et truculence, des dizaines de figures juives célèbres ou anonymes. Il nous les présente avec tant de finesse et d’empathie qu’il nous semble les avoir bien connues… autrefois… à Varsovie.

Gens de Varsovie ne fait pas l’impasse sur la dureté de l’époque pour les juifs de Pologne. Il montre combien ce monde pluriel, paradoxal et plein de vie s’est heurté à l’hostilité accrue d’une fraction grandissante de la société polonaise. Avant de basculer, avec la Seconde Guerre mondiale et l’invasion allemande, dans le khurbn, la destruction totale.

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TARENTULE

Eduardo Halfon

Table Ronde, 208 pages

C’est une histoire de Juif singulière. Le narrateur est l’écrivain lui-même. Il raconte un souvenir d’enfance.

Ses parents ont émigré aux États-Unis après avoir quitté le Guatemala.

Pendant les vacances, ils envoient leurs enfants Eduardo et Paulo dans un camp de vacances juif au Guatemala pour qu’ils n’oublient pas leur pays et leurs racines juives. Rapidement, il s’avère que le camp ressemble à un camp militaire genre nazi : lever au drapeau, garde de nuit, hymne du camp, marche, journée de survie… L’instructeur, aux yeux bleus, Samuel Blum se promène avec dans son sac un serpent et une tarentule sur le bras.

Des années plus tard, devenu un écrivain célèbre, il retrouve Régina avec qui il montait la garde dans le camp, et à Berlin, Samuel, l’instructeur aux yeux bleus. Il éclaircit enfin “le pourquoi” de ce camp militarisé.

Cousue des mille éclats d’une mémoire douloureuse, cette autofiction haletante et tourmentée, presque une histoire d’horreur, se lit en un seul souffle de sidération pour finalement ouvrir, avec justesse et sincérité, quantité de questions sur la religion et sur l’identité. Un très grand coup de coeur.

Prix Médicis étranger 2024.

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JUDÉOBSESSIONS

Guillaume Erner

Flammarion, 304 pages

Les dérives antisémites des manifestations des Gilets jaunes ainsi que, bien évidemment, le Massacre du 7 octobre, ont inspiré au journaliste Guillaume Erner cet essai extrêmement intelligent qui parvient à dresser un tableau fort complet des relations entre les Juifs et le monde environnant.

C’est en commençant à compter, dans l’actualité, le nombre de fois où l’on parlait des Juifs (0,2% de la population mondiale) qu’il a pris conscience de l’omniprésence du thème juif tant chez les non-Juifs que chez les Juifs confrontés à des dangers qui endeuillent cycliquement leurs familles (les lecteurs se retrouveront dans les évocations familiales de l’auteur) : d’où le néologisme de « Judéobsessions » employable dans les nombreux et divers cas où le terme d’« antisémitisme » n’est pas pertinent.

A travers différentes approches – des propos influents de certains humoristes à la judéobsession dans le monde arabo-musulman – il analyse le sinistre et ambivalent raisonnement qui, en galvaudant le terme de « génocide », transforme les victimes du nazisme en Nazis, et donc en dominants : une banalisation de la Shoah assimilable à une forme de négationnisme.

Mais, à travers un édifiant rappel historique, il rappelle combien ce phénomène n’est pas complètement nouveau.

Le 7 octobre 2023 marque-t-il toutefois la fin d’un monde ?

Guillaume Erner est venu présenter son livre au Centre Medem le mardi 27 mai.

Livres recommandés en mars – avril 2025

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La patiente du jeudi

Nathalie Zajde

l’Antilope,  286 pages

La patiente du jeudi, c’est Mona, 33 ans, qui n’en peut plus. Pigiste pour un magazine féminin, sa vie privée est encore plus précaire. De plus en plus dépressive, elle subit l’ assaut de visions invalidantes qui la transportent dans un autre espace/temps. Pourchassée par les nazis, plusieurs voix inconnues hurlent en elles parlant en yiddish, une langue qu elle ne connaît pourtant pas…

Proche de l’ethnopsychiatre Tobie Nathan, l’autrice pense  qu’ il faut prendre en compte l’univers culturel des patients pour soigner certains troubles.

Sur la réparation des morts et des vivants, ce premier roman est tout à fait réussi.

Il est parsemé de proverbes et de termes en yiddish qui feront la joie des lecteurs, qu’ils soient yiddishophones ou pas.

Ouvrage publié en partenariat avec Akadem.

Lire les premières pages

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Mendelssohn est sur le toit   

Jiri Weil

 10/18, 360 pages

Roman témoignage situé dans Prague occupée par les allemands pendant la seconde guerre mondiale où le sarcasme côtoie la tragédie.

En 1941, Reynhard Heydrich, protecteur de Bohême ordonne de déboulonner de l’Opéra la statue de Mendelssohn (compositeur juif). Mais comme il n’y a pas de plaque sous les statues, personne ne peut l’identifier. Ils décident de déboulonner celle qui a le plus gros nez. Or, ironie de l’histoire, ils déboulonnent la statue de Wagner !…

Jiri Weil (1900-1959) est un des auteurs préférés de Philip Roth, qui aimait son tond détaché et sa simplicité. Journaliste communiste, traducteur de Pasternak, Maïakovski, Marina Tsvetaeva, victime des purges staliniennes, il est l’un des premiers auteurs à avoir évoqué le goulag. Pourchassé à la fois en tant que juif et en tant que communiste par les nazis, il échappe à la déportation en faisant croire à son suicide et travaille dans la clandestinité, Les documents sur le génocide juif passés entre ses mains au musée juif de Prague lui ont inspiré cette “Complainte pour 77 297 victimes”, traduite ici pour la première fois.

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Le pape et la matriarche – Histoire secrète des relations entre Israël et le Vatican

Michaël Darmon

Éditions Passés composés, 216 pages

A partir de la première rencontre entre un Pape – Paul VI – et un chef d’Etat israélien – Golda Meir, le 16 janvier 1973,  Michaël Darmon présente de manière synthétique et captivante l’évolution des relations du Vatican avec les Juifs et Israël, de Pie X au Pape François. Comment le Vatican qui n’a jamais reconnu le mouvement sioniste, et qui qualifiait les Juifs de peuple déicide, parvint-il au Concile Vatican II et finit par reconnaître l’Etat d’Israël en 1993 ? On saisit l’importance des rôles de Jean XXIII et de Paul VI, et que c’est bien pour poursuivre leur œuvre de dialogue interreligieux, que le cardinal polonais Karol Wojtyla choisit d’adopter, lors de son élection papale, chacun de leurs noms de pape – Jean-Paul II.

De plus, en révélant des détails sur l’attentat – heureusement déjoué – contre Golda Meir lors de sa venue au Vatican, le journaliste montre combien les collaborations entre le Mossad, les services secrets du Vatican et de l’Etat italien, ainsi que de la CIA contribuèrent aussi à modifier les rapports du Vatican avec le monde juif : le Mossad joua un rôle clé dans l’enquête sur la tentative d’assassinat de Jean-Paul II, en 1981.

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Ce que j’ai vu à Auschwitz – Les cahiers d’Alter

Alter Fajnzylberg

Seuil, 384 pages

C’est le témoignage d’un juif polonais militant communiste.

En 1937, il s’engage dans les Brigades internationales en Espagne. Interné par la suite dans plusieurs camps du sud de la France puis arrêté en 1941 à Paris, il fait partie du premier convoi parti de Drancy pour Auschwitz, le 27 mars 1941.

En 1946 il a consigné en polonais, dans des cahiers ce qu’il avait vu et vécu à Auschwitz de 1942 à 1945 lorsqu’il faisait partie du Sonderkommando.

Après son décès, son fils a retrouvé ces cahiers dans une boîte à chaussures, les a fait traduire et les contextualiser avec l’aide de l’historien Alban Perrin.

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La Marche de Radetzky

Joseph Roth traduction d’Olivier Mannoni (2024),

Flammarion, édition originale 1932

Livre témoin d’une époque, la fin de la double monarchie austro-hongroise, la Marche de Radetzky fut publié en 1932. Stephan Zweig appelait d’ailleurs à le traduire et à le publier en anglais dès 1939, du fait de son importance historique.

C’est l’histoire d’une lignée de militaires et fonctionnaires de l’Etat dont le grand-père fut anobli, car il sauva l’empereur austro-hongrois François-Joseph lors de la bataille de Solférino. On suit la vie, et les vicissitudes de fonctions, du grand-père Joseph Trotta, anobli par son geste, de son fils Franz, puis de son petit-fils Carl. On s’attarde plus particulièrement sur le dernier de la lignée, de ses classes à ses dimanches en compagnie de son père, notamment les déjeuners au cours desquels ils entendaient la marche de Radetzky jouée à leur fenêtres, ce qui donne le titre au roman. Carl va voyager dans l’empire et changer plusieurs fois de garnison, sous la protection bienveillante et rigide de son père. Carl Von Trotta vit avec le sens du devoir militaire, et avec l’injonction morale d’être à la hauteur de l’honneur de ses ancêtres, et notamment de son grand-père, le héros de Solférino.

Carl observe également, avec le lecteur, les signes avant-coureurs du déclin de l’empire austro-hongrois, et de son mode de vie militaire, sous le poids des bouleversements du début du XXème siècle.

Bibliothèque Centre Medem

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