Eva Salina Primack réside à Brooklyn (NYC), se produit, enseigne aux États-Unis et dans le monde entier lors de stages, festivals et concerts.
Miléna Kartowski mène plusieurs projets : culture et identité juive, défense des Roms, liens entre Juifs et Tziganes, dialogue interreligieux, transmission de la mémoire.
Catégorie : Anciens Articles Archivés
Poésie, musique et récits yiddish anciensJean BAUMGARTEN, historienDiana MATUT, professeur d’études juives
Existe-t-il une chanson de geste yiddish, de récits épiques et chevaleresques yiddish? Que racontent les premiers Pourim Shpil? Comment les chansons anciennes yiddish étaient-elles chantées et interprétées?
Où va le Moyen-Orient? avec Alexandre ADLER
Trois mois après la trêve de la guerre de Gaza, un mois après les élections, Jacques Dugowson accueille Alexandre Adler, journaliste et auteur d’ouvrages de géopolitique, pour son analyse et ses réflexions sur le développement de la situation en Syrie, en Egypte, en Iran et dans l’ensemble de cette partie du monde.
Rapport d’étape sur l’enseignement de la morale laïque avec Alain BERGOUNIOUX
François ARDEVEN interrogera Alain BERGOUNIOUX, chargé par le ministre de l’Education nationale de réfléchir aux contours d’un enseignement de la morale laïque. Il dressera un rapport d’étape de la mission qu’il mène au côté de Laurence LOEFFEL, universitaire et Rémy SCHWARTZ, conseiller d’État.
Wladimir Rabinovitch (Rabi) avec sa fille, Anne RABINOVITCH, romancière et traductrice et Izio ROSENMAN, rédacteur en chef de la revue Plurielles
Wladimir RABINOVITCH – Rabi de son nom de plume – est né à Vilna (Lituanie) en 1906. Il fut avocat, magistrat, écrivain, auteur d’essais et de pièces de théâtre, critique littéraire et polémiste. A l’occasion de la parution de son Journal de l’Occupation (1940-1944), ce sont tous ces aspects de sa vie et de ses engagements qui seront évoqués.
Théâtre et sacré dans la tradition juiveEn présence de Guila Clara KESSOUS
Les rapports entre autorités rabbiniques et théâtre ont toujours été placés
sous le signe de l’ambiguïté. Au fil des siècles se dégagent de grandes figures de dramaturges juifs comme Ezechiel le Tragique, Yehuda Sommo, Moshé Haim Luzzatto, Abraham Goldfaden ou encore Théodore Herzl.
Les élections israéliennes avec Maurice SZAFRAN et David CHEMLA
En collaboration avec JCall, Jacques Dugowson décryptera les enjeux des élections israéliennes avec Maurice Szafran, Directeur de Marianne et David Schemla, responsable en France de La Paix Maintenant et secrétaire général de JCall.
Trois contes allemands par Luba JURGENSON, écrivain et traductrice
Judéité, langue maternelle, exil, histoire et traduction sont au coeur de stupéfiant roman qui met en scène trois récits situés dans trois espaces-temps très différents mais reliés par un même fil rouge : le retour à la langue allemande comme révélateur de l’identité juive.
Grammaire descriptive du Yidiche contemporain
en ligne : Anglais
en ligne: Yiddish
Quelques mots sur l’auteur
Bernard VAISBROT, né à Paris en 1946 de parents bundistes, a appris à chérir la culture
populaire dans une logique socialiste et le bilinguisme dans une perspective autonomiste. Il pratique
depuis son adolescence des activités culturelles en yidiche (chant, poésie, théâtre).
Entré à la faculté des Sciences en 1963, il y côtoie les étudiants juifs. Il se passionne pour
l’astrophysique et la recherche en observatoire. Dans le même temps, il veut découvrir le judaïsme
et finit par renouer en 1970 avec la tradition ashkénaze de ses grands-parents. Il lutte pour la
pérennisation de ce rite en marge d’une communauté à majorité séfarade. Dans la communauté de
Boulogne, il prépare des jeunes à la bar-mitsva depuis 1975 et pilote un office spécial pour les
grandes fêtes depuis une dizaine d’années.
Certifié de Mathématiques, il entame en 1973 un second cursus au Département d’Études
hébraïques de l’Université Paris 8. Dès l’obtention de son doctorat sur Itsik Manguèr, poète ayant
puisé à la fois dans le folkore et la tradition, il y enseigne la langue et la littérature yidiches jusqu’à
aujourd’hui. Il garde une prédilection pour le déchiffrage des manuscrits hébreux ou yidiches. Sa
connaissance des textes sacrés et de la liturgie lui ouvre les portes du monde juif traditionnel des
siècles précédents.
Il contribue à la diffusion du yidiche en créant plusieurs cours de langue et de littérature
dans les Centres communautaires de Paris et à l’Institut Martin Buber de Bruxelles. Il conseille
également de jeunes chanteurs dans leur découverte du folklore et de la musique hassidique
(Jacques Grober, Violette Szmajer, Annie Darmon, Milena Kartowski).
Une fois que la Bibliothèque Medem quitte les locaux du Cercle Amical pour s’agrandir, il y
recrée la troisième bibliothèque yidiche de France (Bibliothèque du Centre Medem) avec 2500
titres. Cette bibliothèque aide également de nouveaux cercles d’études du yidiche à s’équiper et
aussi les bibliothèques universitaires (BNF, Mulhouse, Trèves) à compléter leurs collections.
Il participe à des ouvrages collectifs de traductions littéraires avec les professeurs Rachel
Ertel et Delphine Bechtel, puis supervise au Centre Medem des traductions de manuscrits ou
d’imprimés sur la Shoa (Livres du Souvenir en particulier).
Il soutient l’effort de promotion de la langue en publiant des historiettes (1997-2007) dans le
journal étudiant new-yorkais Yougnt-Rouf, et également des recensions d’ouvrages parus récemment
en yidiche (2007-2011) dans les Yidishe Heftn de Paris.
Co-auteur du Dictionnaire Français-Yiddish de 24 000 entrées (1992) et du Dictionnaire
Yiddish-Français de 37 000 entrées (2002), il comble aujourd’hui une lacune importante dans les
outils de transmission du yidiche pour francophones à l’aide de cette Grammaire descriptive du
yidiche contemporain qui se veut aussi complète que possible.
Bref historique de la langue yidiche
Il s’agit d’une langue germanique par la majorité de son lexique et de sa morphologie, mais
fortement marquée par des importations de mots, expressions et tournures hébraïco-araméennes et
également influencée par les langues slaves, tant dans la prononciation que pour nombre de formes
grammaticales. Elle s’est toujours écrite en caractères hébreux, mais selon un système propre qui a
évolué au cours des siècles et qui est aujourd’hui normalisé.
Cette langue est née parce que l’hébreu n’était plus parlé par la population juive en exil, sauf
dans la prière et l’étude. Les plus anciennes traces écrites de yidiche ne ressemblent pas à l’allemand
actuel, mais à une variété d’allemand parlée au 12e s. dans le sud de l’Allemagne, dénommé
Mittelhochdeutsch, remplacé 3 siècles plus tard par une langue plus synthétique appelée
Hochdeutsch. Le yidiche, langue populaire, familiale, mais aussi rabbinique, va développer une
littérature suivant trois axes : explication des Textes sacrés, importation de contes et romans
européens, et production populaire : pièces de théâtre, chansons, complaintes et même prières pour
les femmes.
Au 14e s., les juifs chassés d’Allemagne trouvent refuge en Europe de l’Est, notamment en
Pologne, où leur langue se « créolise » : elle continue à se parler sur un autre terroir que celui où
elle est née. Sa prononciation change, de nouveaux mots sont utilisés. Ainsi naît le yidiche oriental.
Quant au yidiche occidental, qui perdure en Alsace-Lorraine, il ne suit pas cette évolution. Et le
yidiche des empires allemand et austro-hongrois finira par s’éclipser avec l’émancipation des juifs
dans ces pays.
En Pologne, le yidiche commence à s’imprimer au 16e s. et sert à une meilleure compré-
hension de l’hébreu. Jusqu’au 20e s., l’étude traditionnelle en Europe de l’Est se fait en yidiche et
cette métalangue s’imprègne progressivement des termes et tournures spécifiques de l’hébreu, en
harmonie avec les habitudes héritées de l’allemand. A partir du 18e s., le hassidisme fait du yidiche
le vecteur privilégié de l’enseignement de maître à disciple, même si les versions imprimées de cet
enseignement sont immortalisées en hébreu. L’apologue ou le conte édifiant fixent la langue.
En même temps, le yidiche connaît d’autres vocations, culturelles ou politiques, à la faveur
de l’attrait des Lumières, qui se font jour en Europe de l’Est. Le théâtre, la presse, le roman et la
poésie ne sont pas seulement ludiques : ils sont à la fois identitaires et revendicatifs. La
discrimination et les persécutions anti-juives dans l’empire tsariste font migrer des centaines de
milliers de yidichophones vers les Amériques, et le yidiche oriental se diffuse en France, Grande-
Bretagne, Belgique, Afrique du Sud, et dans les pays du Nouveau Monde, où il se créolise pour une
seconde fois, mais avec très peu de changements.
Le fait que le yidiche a été à la fois langue du peuple et langue des Maîtres est la cause du
miracle de sa transmission et de son unicité. En effet, les philologues et linguistes ont la grande
surprise au cours des années 1920 de constater que, malgré des différences dialectales de
prononciation, le yidiche est une seule et même langue, qu’il est facile de normaliser. Les juifs de
gauche organisent un enseignement primaire en yidiche, dont l’hébreu n’est pas exclus, en Pologne,
en Lituanie et en Volhynie. En U.R.S.S., on enseigne aussi le yidiche, mais l’orthographe des mots
d’origine sémitique, purement consonantique d’ordinaire, devient vocalisée, ce qui coupe l’osmose
avec l’hébreu.
Eradiquée de Pologne, de Lituanie et de Hongrie par le génocide nazi, décapitée en U.R.S.S.
par les stalinistes, la langue yidiche connaît un nouvel essor en Israël, à la barbe des sionistes,
qu’elle dérange et qui s’opposent à son développement. L’impression de livres yidiches en Israël
rivalise avec celle des U.S.A., non par le nombre d’exemplaires, mais par la quantité de titres.
Aujourd’hui, le yidiche reste pratiqué par des orthodoxes du monde entier, comme langue
maternelle, langue-écran et métalangue d’étude. Pour beaucoup de juifs émancipés ou assimilés, il
reste langue de culture et de nostalgie. La richesse et la diversité de son lexique, la multiplicité de
ses tournures et ses mutations successives en font un terrain de choix pour les linguistes
professionnels.
La grammaire descriptive de B. Vaisbrot
Elle est publiée par les Editions Suger/Suger Press – Université de Paris-8, 2 rue de la
Liberté 93200 SAINT-DENIS avec le concours du Centre Medem/Arbeter-Ring, 52 rue René
Boulanger 75010 PARIS. ISBN 2 – 912590 – 35 – 3. Prix : 36 €.
Cette nouvelle grammaire précise sa propre structure et traite séparément des questions de
flexion et d’accord d’une part, des questions de syntaxe d’autre part et enfin de la formation des
mots. Cela lui permet d’entrer dans les moindres détails suivant une classification rigoureuse, en
particulier pour les mots dérivés et composés. La contribution de l’hébreu au lexique yidiche est
particulièrement étudiée au point de vue prononciation et accentuation.
L’auteur a cherché à suivre la théorie fonctionnelle : les choix linguistiques se font en vue
d’améliorer la communication. La modification d’une voyelle change le sens d’un mot, le dépla-
cement d’un mot change le sens de la phrase, etc.
Chaque point est illustré par un ou plusieurs exemples traduits en français. La transcription
phonétique est indiquée partout où c’est nécessaire : place de l’accent tonique et vocalisation des
mots importés de l’hébreu.
L’ouvrage comporte une table des matières détaillée (163 paragraphes), 42 tableaux
grammaticaux, 8 schémas syntaxiques plans, de nombreuses listes et un index. Il compte XVII +
369 pages. Il est introduit par une préface du professeur Claude Hagège, un des spécialistes
mondiaux de linguistique générale.
Il s’adresse aux étudiants de seconde année, aux enseignants de yidiche et aux chercheurs.
L’ouvrage comprend 4 parties : Graphie-phonation / Morphosyntaxe / Syntagmatique /
Synthématique. Chaque partie est précédée d’une introduction pour les non-spécialistes, précisant
son plan et la terminologie employée.
La première partie comprend notamment les questions d’orthographe normalisée, les questions de
phonétique relatives aux différents dialectes, le changement de prononciation des
mots empruntés à l’hébreu, et toutes les élisions et abréviations (sigles, unités de mesure,
bénédictions, etc.).
La seconde partie est subdivisée en quatre :
le groupe nominal : étude des déterminants et des adjectifs, pluriels, complémentations
diverses du nom ou de l’infinitif substantivé ;
les pronoms : descriptifs, interrogatifs et relatifs ; à propos de ces derniers se trouvent
étudiées les différentes sortes de propositions subordonnées ;
le groupe verbal : étude de tous les compléments (directs / prépositionnels / verbaux /
circonstanciels) ; étude des adverbes (centraux/périphériques) ; étude des temps / modes
/ aspects ; participes passés irréguliers ; préverbes / coverbes / verbes complexes ; verbes
pronominaux / voix passive ; verbes avec prédicat d’attributs ;
les sections spéciales : sections autonomes/elliptiques et prédicatoïdes.
La troisième partie traite des différentes sortes de phrases : simples/complexes, et des éléments
modulables, à savoir :
les phrases simples : déclaratives, déclaratives avec focalisation, interrogatives,
exclamatives ;
les phrases complexes : avec subordination, avec coordination, discours indirect, etc. ;
les éléments modulables : les interversions, les ellipses, la ponctuation, la prosodie.
La quatrième partie envisage respectivement pour les noms, adjectifs, adverbes puis verbes :
les dérivés, les composés et les combinés (composés et dérivés à la fois)
L’ouvrage est en format A4 paysage pour une meilleure lisibilité des tableaux.
Otto Dov Kulka : Paysages de la Métropole de la Mort
Otto Dov Kulka : Paysages de la Métropole de la Mort, Albin Michel, 201 p.
Otto Dov Kulka est un historien israélien né en Tchécoslovaquie en 1933. C’est l’un des grands spécialistes de l’histoire contemporaine. Or, dans son nouveau livre, au demeurant inclassable, il nous fait découvrir une nouvelle facette de sa personnalité : son talent littéraire , qu’il convoque pour évoquer son propre passé. Pourtant, parvenu presque à la fin du livre, on peut lire qu’il n’aime pas la fiction. On verra plus loin pourquoi…
L’adulte qu’il est devenu « dialogue » en quelque sorte avec l’enfant qu’il fut : ce jeune Otto envoyé à Birkenau avec sa mère. Ces images du passé, ces fulgurances, ces impressions de » déjà vu » alors qu’il retourne visiter le camp à soixante ans passés, le ramènent sans cesse vers ce que fut sa vie d’enfant voué à la mort, et qui, cependant, garde la certitude de survivre. Il n’a rien oublié : la beauté de la neige, du ciel bleu, la noirceur des crématoires, les « myriades d’êtres humains engloutis ». Des fils invisibles le rendent prisonnier de ce passé, de cette enfance accrochée à la vie en dépit de tout. Seul, un enfant est capable de ressentir des bribes de plaisir, dans la Métropole de la Mort ; d’apprécier « l’acoustique merveilleuse » d’un lieu où les bourreaux font chanter l’Hymne à la Joie !
En nous parlant de sa propre « mythologie », il récuse à la fiction la capacité de faire comprendre ce qu’il a vécu… Même le film Shoah ne trouve pas grâce à ses yeux : « je ne trouve pas en eux ce qu’ils cherchent à faire passer », dit-il. A ses yeux, l’explication se trouve dans Kafka. Pourtant, ce texte, tout inclassable qu’il puisse être, nous ramène à la littérature, sans doute malgré lui…
Nous attendons vos réflexions sur ce livre magnifique.
L’équipe de la bibliothèque