La situation au Proche-Orient

Quoi de neuf
sur la paix ?

Animé par Élisabeth SCHEMLA

Qu’en est-il du processus inéluctable qui devait aboutir dans un avenir indéterminé au Proche-Orient, à deux États pour deux peuples ?

Cinq mois après l’accession de Barak OBAMA à la présidence des États-Unis et ses efforts de dialogue dans la Région ; quatre mois après la constitution du gouvernement de Benjamin NETHANYAHOU et les efforts du Président MOUBARAK de rapprocher le Fatah et le Hamas ; à la veille des élections iraniennes, la situation au Proche-Orient reste des plus confuses.

Journaliste à L’Express, puis rédactrice en chef pendant 20 ans au Nouvel Observateur, elle fonde en 2002, le journal en ligne Proche-orient.info. Membre du Cercle de l’Oratoire, Élisabeth SCHEMLA contribue à la revue Le Meilleur des Mondes. Auteur de plusieurs ouvrages : Édith Cresson, la femme piégée (1993), Une Algérienne debout (1995), Mon journal d’Algérie, novembre 1999 – janvier 2000( 2000), Ton rêve est mon cauchemar, les six mois qui ont tué la paix (2001).

Débat animé par Jacques DUGOWSON

No man is an island

Au Centre Medem

Le Jewish Labor Committee 1934-1960

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Il s’agit pour nous de rendre un hommage à ces ouvriers américains juifs et non juifs, anonymes ou célèbres pour qui les valeurs humanitaires de solidarité et de générosité ont guidé leur engagement de tous les jours, au delà de l’océan.

De nombreuses organisations américaines, juives (Joint, HICEM), chrétiennes (Quakers) ou laïques (Emergency Rescue Committee) se mobilisent pour secourir les populations en danger. Parmi elles, le Jewish Labor Committee* (Yiddishe ArbeterComitet) : son rôle est important et trop méconnu.

Situé à la charnière entre le monde juif américain et le monde syndical américain (AFL) il doit sa création en 1934 à New York par un groupe de militants majoritairement bundistes émigrés de Pologne et de Russie.

Pour les fondateurs du JLC, seul un vaste rassemblement international des forces de gauche pouvait idéologiquement s’opposer au nazisme et au fascisme. Les liens maintenus avec le mouvement ouvrier européen lui permettent tout d’abord d’organiser l’aide aux dirigeants socialistes et syndicaux persécutés, mais aussi de porter secours et aide matérielle aux populations juives européennes.
Baruch C. Vladeck, administrateur général du quotidien yiddish The Forward en est l’initiateur et le premier président, David Dubinsky, président de l’ILGWU(syndicat de la confection), en est le trésorier, et Joseph Baskin, président du Workmen’s Circle( Arbeter Ring), le secrétaire général. Arrivés aux Etats-Unis en tant qu’immigrants après la révolution russe de 1905, activistes de premier plan, ils sont très intégrés dans la vie syndicale et politique américaine.
Pendant les années 1930, le JLC œuvre sur plusieurs fronts.

  Organisation d’un boycott des produits allemands avec l’American Federation of Labor et L’American Jewish Congress,. L’organisation de ce boycott fut plusieurs fois l’occasion de manifestations de masse.

  Organisation de contre-Olympiades à New York en 1936. En opposition aux Jeux Olympiques de Berlin.

  Accueil et soutien de réfugiés politiques européens : Un fonds d’entraide international : le Labor Chest for the Liberation of European Workers du JLC et de l’American Federation of Labor (AFL) permet de soutenir les réfugiés socialistes et syndicaux victimes de la répression nazie ou fasciste, Les sommes collectées sont reversées aux exilés allemands, autrichiens italiens, tchèques dont la plupart se trouvaient en France.
Pour ces derniers, Isaiah Minkoff, directeur exécutif du JLC, obtient du Département d’Etat américain des visas temporaires d’admission aux Etats-Unis, ces précieux affidavits qui nécessitaient sur place des sponsors. Il établit les listes nominatives des personnes dont il avait suivi les déplacements et finance leur sauvetage, après avoir négocié les transports avec l’HICEM.
Collaboration avec Varian Fry
A Marseille, le JLC dépêche un envoyé, Frank Bohn, d’août à octobre 1940. Après le départ de celui-ci, c’est directement avec Varian Fry, le représentant de l’Emergency Rescue Committee, que le JLC traite pour les personnes pour qui il a obtenu des visas.
Pendant la guerre, il fera parvenir aux différents mouvements de résistance des fonds par sa représentation en Suisse.
Au lendemain de la guerre, environ 250 000 Juifs, rescapés de la Shoah, sont parqués dans les « camps de personnes déplacées » établis en Allemagne,Autriche et Italie. Ils sont nombreux à ne souhaiter qu’une chose, quitter l’Europe. En septembre 1945, Paul Goldman, secrétaire général du Poale Zion américain et William Wolpert, secrétaire général des United Hebrew Trades de New York, sont envoyés en Allemagne par le JLC. Ils y contactent les ouvriers et enquêtent sur l’organisation des camps afin de préparer une aide efficace sur place. Alarmés par les conditions de vie et d’hygiène déplorables dans ces camps et le manque de soutien offert aux rescapés, les dirigeants du JLC militent activement aux Etats-Unis pour une modification de leur organisation et pour un assouplissement des lois d’immigration américaine, très restrictives depuis les années 1920.

Le JLC parvient à sortir des camps entre 500 et 1 000 personnes accueillis par la France grâce ses contacts socialistes, dont Léon Blum et Cletta Mayer, femme de Daniel Mayer. Environ un autre millier émigre aux Etats-Unis entre 1946 et 1949. Leur arrivée étant conditionnée par l’assurance d’un emploi et d’un logement, les syndicats membres du JLC, dont l’ILGWU, œuvrent activement pour trouver des emplois d’ouvrier à chaque immigrant.
Un vaste programme d’assistance est lancé depuis l’Amérique vers Europe, après la Guerre.
Une place particulière est accordée au sauvetage des enfants en France et à la reconstruction de leur identité juive par la création de foyers d’enfants et de parrainage à travers
La Colonie Scolaire
Les maisons de l’Arbeter Ring (Le Mans-Maisons Laffitte..)
Le foyer du Skif (Corvol)
La maison des Andelys (FOJ)
Mais surtout Vladeck Preventorium (a la mémoire de Baruch Vladeck) à Brunoy sur le modèle de Medem Preventorium (Pologne-)
Les écoles de yiddish en France, Belgique Angleterre et Israel
Les oulpans d’hebreux
Les bibliothèqes (Medem,..)
Mais aussi des écoles professionnelles (ORT..),
Le CDJC
………Le Musée d’art juif
…….Mais aussi l’aide auxmouvements sociaux démocrates européens
Le JLC aujourd’hui
Toujours actif, dans les milieux ouvriers, il mène une action contre les discriminations .et participe au mouvement des droits civiques.
Il est la voix juive dans le mouvement syndical et la voix syndicale auprès de la communauté juive

Le titre est tiré d’une poésie de John Donne (1572-1631) a servi de thème au Jewish Labor Committee en 1934

Penser la crise


Conférence de André ORLEAN

Revenons sur le contexte global qui a permis la crise financière dite des “subprimes”, à la fois dans sa dimension idéologique, financière et économique.

Il s’agit d’analyser cette forme spécifique de capitalisme, qu’on nomme quelquefois “capitalisme financiarisé” ou “capitalisme patrimonial”, qui a dominé le monde développé depuis le début des années 1980 jusqu’à aujourd’hui.

Quelles en sont les caractéristiques ?

Pourquoi a-t-il débouché sur cette crise ?

Peut-il y survivre ?

Présentation Émile RAFOWICZ

« … la monnaie n’a jamais été matière. […] Je défends une autre conception : la monnaie est, et a toujours été, confiance. Telle est sa nature fondamentale. Il n’est de monnaies que fiduciaires.
Dans ma perspective, la confiance dans la monnaie est constitutive du lien social marchand en ce qu’elle construit la relation de l’individu au groupe. On est loin de l’idée traditionnelle selon laquelle la monnaie serait l’instrument qui facilite les échanges en évitant les difficultés du troc.
Si on adhère à mon point de vue, la question de la « dématérialisation » demeure, mais prend un sens plus précis : quelles mutations dans le lien de confiance nous donne-t-elle à voir ?
Conduit-elle à l’avènement d’un individu marchand d’un type nouveau ?
[…]
J’appelle « monnaie autoréférentielle », une monnaie qui se veut strictement restreinte à son seul rôle d’instrument efficace des échanges. Autrement dit, une monnaie qui refuse de se mettre au service d’objectifs sociaux généraux, comme le plein emploi ou la lutte contre les inégalités ; une monnaie sourde aux revendications des individus.
Je qualifie une telle monnaie d’autoréférentielle parce qu’elle limite ses ambitions à n’être qu’elle-même sans aller au-delà. Une telle revendication me semble exprimer l’émergence d’un nouvel âge cognitif, farouchement hostile aux symboles pour ne plus considérer les choses que dans leur pure fonctionnalité.
On peut y voir une étape supplémentaire du désenchantement du monde. »
André Orléan in Anthropolis, n°2, 2003, 94-111du 15 novembre 2002. Extraits/

Si j’étais né(e)… en…

Dimanche 17 mai 2009 à 16 heures

Le groupe Théâtre-étudiants animé par Yaël TAMA présente :

Si j’étais né(e)

en… à…

Un soir, autour de la table, une chanson des années 80 chamboule une famille recomposée… Les premiers mots sont de J.J. Goldman: « Si j’étais né en 17 à Leidenstadt… Aurais-je été meilleur ou pire que ces gens… Si j’avais été allemand », les mots qui suivront sont de Hanoch LEVIN, Jean-Paul SARTRE et Wajdi MOUAWAD.

L’adolescente : «Qu’aurais-tu fait Papa, à la place d’Abraham, hein ? Dis-nous ! Moi, je sais c’que j’aurais dit à la place de son fils préféré… ».

La mère : « Et toi, si tu avais eu 19 ans en pleine guerre du Liban? Aurais-tu pris les armes ? ».

La belle-mère : « M’engager pour l’amour d’une cause ou d’un homme? Qu’est-ce qui m’aurait poussé à choisir un camp en 1940 ? ».

L’ adolescent : « Si j’étais né en 1937 en Palestine… Aurais-je choisi un camp en 1967 ? ».

Venez prendre place à leur table pour une représentation unique.

Durée: 1h15.

Réservation indispensable au 01 42 02 17 08.

Juifs et Polonais

la Shoah vue de Pologne

avec

Jean-Charles SZUREK et Annette WIEVIORKA

Présentation Henri MINCZELES

Un important colloque international organisé par J.-Ch. SZUREK et A. WIEVIORKA s’est tenu en 2005 à Paris (Bibliothèque nationale).
De ce colloque est issu un volume rassemblant une trentaine de contributions de chercheurs français, polonais, américains, canadiens et israéliens qui examinent sous divers aspects, histoire, littérature, mémoriaux, sites des camps, etc., l’événement Shoah vu de Pologne, pays témoin par excellence.
Ce travail s’inscrit dans une actualité particulière, tant scientifique que politique, car il s’est accompli à la faveur du processus, tardif mais remarquable, de prise de conscience critique qui s’est fait jour en Pologne à propos de la Shoah et de ses effets au long cours.
La Pologne , comme on sait, est le pays où le génocide nazi s’est effectué pour une grande part, sur fond d’antisémitisme national singulier.
C’est aussi le seul pays de l’aire postcommuniste à avoir entamé un débat public relatif à cet antisémitisme et aux responsabilités des Polonais dans le génocide.
Débat renforcé par l’ouverture des archives communistes et la création d’un Institut de la mémoire nationale (1998), dont sont issus certains chercheurs polonais associés au livre.
Sans comparer ce qui ne peut l’être, la réflexion est scandée par des éclairages français, sur la délation ou sur les conseils juifs, pour ne prendre que deux exemples, car les débats qui ont lieu actuellement en Pologne ne sont pas sans évoquer ceux qui se sont déroulés en Allemagne ou en France.

Annette WIEVIORKA directrice de recherche au CNRS, est l’auteur de nombreux ouvrages sur l’histoire des Juifs au XXe siècle, sur le génocide et sa mémoire, (Auschwitz expliqué à ma fille, (Le Seuil, 1999) ou Auschwitz, soixante ans après (Robert Laffont, 2005)). Elle a été membre de la Mission d’étude sur la spoliation des biens juifs de France.

Jean-Charles SZUREK travaille essentiellement sur les sociétés postcommunistes et les relations judéo-polonaises. Il est notamment l’auteur de À l’Est, la mémoire retrouvée (La Découverte, 1990) et La Grande Conversion . Le destin des communistes en Europe de l’Est (avec G. Mink, Le Seuil, 1999).

L’heure de vérité

CINE CLUB

« Le scénario est d’Edgar Morin et l’adaptation de Morin,
Maurice Clavel et Calef qui signe aussi le montage.

Cela explique parfois le ton un peu emphatique, rhétorique, mais le sujet est tellement fort et original que ces défauts ajoutent à l’originalité d’un propos peu abordé dans le cinéma français de l’époque, plus tourné vers l’autobiographie que vers le monde. Calef et Morin nous racontent l’histoire d’un nazi qui, après s’être fait tatouer un numéro de déporté sur le bras, est devenu citoyen israélien et va être rattrapé par son passé qu’on lui demande d’évoquer en tant que victime, d’un autre point de vue… »
Bertrand TAVERNIER

Cine club: L’Élu

« Pendant les quinze premières années de notre vie, nous habitâmes, Danny et moi, à cinq blocs de distance, sans que ni lui ni moi soupçonnions l’existence de l’autre. ».

Cette première phrase de l’Élu, roman de Chaïm POTOK sorti en 1967, résume le propos du livre que le film de Jérémy KAGAN, va fidèlement mettre en images.

Il s’agira d’amitié entre deux adolescents après une dramatique partie de baseball, de l’amour des pères pour leurs enfants, mais aussi de la rencontre de deux univers : celui des rabbins intransigeants et celui des intellectuels juifs politisés dont le plus petit dénominateur commun est la Culture.

Israël, la guerre,

Les élections israéliennes se sont déroulées le 10 février 2009, faisant suite à un dur conflit avec le Hamas, au cours duquel l’image de l’État hébreu a subi une forte détérioration.

Quel est le devenir de l’État d’Israël ?

Quel est l’avenir de la paix dans cette région du monde qui focalise (trop ?) les regards du monde entier.

Yohav TOKER, journaliste à Radio Shalom et à la télévision israélienne et

Emmanuel FAUX, journaliste à Europe1 correspondant de cette radio en Israël pendant plusieurs années , nous feront part de leurs analyses et débattront avec le public.

Présentation Henri SZTANKE

Emmanuel FAUX a publié en 2008 Le Nouvel Israël – un pays en quête de repères (Seuil), montrant un kaléidoscope de portrait de femmes, médecins, artistes, rabbins, volontaires, citoyens ” différents ” d’une société en pleine mutation .

One man show de Gerard Grobman

Je ne parlerai qu’en la présence de ma vodka

Gérard GROBMAN a été formé au Cours Florent dans la classe de Francis Huster, puis au Conservatoire National Supérieur de Paris avec Michel Bouquet, Daniel Mesguish et Mario Gonzales.

Au théâtre, il a travaillé sous la direction de Gergio Strehler; Jérôme Savary, Jean-Luc Boutté et Gabriel Garran (…) jouant à la Comédie Française, au Théâtre Antoine, au Châtelet, à Chaillot, au Théâtre Paris-Villette, au Festival d’Avignon…

Au Cinéma et à la télévision, il a tourné une quinzaine de films sous la direction notamment
d’Etienne Chatillez, Nina Companeez, Denys de la Patellière.

Son goût pour le théâtre chanté l’a porté naturellement vers l’univers de la comédie musicale et l’opérette (Là-haut, Fantasio et tout récemment la Créole de Tulipatan d’Offenbach).
Tout en poursuivant ses activités de metteur en scène au sein de la compagnie Capharnaüm, il se produit en tournée.

Diplômé du Ministère de la Culture pour l’enseignement de l’Art dramatique, il assure la formation de comédiens depuis 10 ans, au Cours Florent, au Conservatoire de St Ouen, à l’Espace J. Prévert d’Aulnay-sous-Bois.

Le nombre de places étant limité, réservations
souhaitées auprès de Marie au 01 42 02 17 08

Vers toi Terre Promise

Tragédie dentaire

présentée par Jean-Claude GRUMBERG
Rencontre animée par Nadine VASSEUR

11 avril 2009, J. C. Grumberg s’interroge sur ce que cela signifie d’être dépossédé de tout ce qui constituait une vie. En 1942, Charles Spodek victime des lois anti-juives doit abandonner son cabinet de dentiste. Il le récupérera en 1945. Entre-temps, une de ses filles a disparu en déportation, l’autre, placée pendant la guerre dans un couvent, a choisi de rentrer dans les ordres…
Une histoire “vraie” d’après guerre par Jean-Claude Grumberg
La qualité médiocre de mon émail m’a conduit à fréquenter, enfant puis adolescent, un dentiste proche de mon domicile. Pourquoi ce dentiste, son épouse et leurs deux filles, se sont-ils imposés à moi, la soixantaine venue, comme l’incarnation de notre douleur d’après-guerre, de l’après Shoah, comme on dit aujourd’hui et qu’on ne disait pas hier ?
Comment, à travers leur malheur, ma mère a pu relativiser le sien. Ainsi donc il y avait une hiérarchie dans la perte. Celle du mari de ma mère, mon père donc, s’avérant moins douloureuse que celle si particulière des dentistes : une fille disparue à Auschwitz, l’autre chez les Carmélites. Bien entendu je ne prétends pas relater la vraie vie des dentistes, non, j’ai voulu en rester aux maigres informations que j’ai pu arracher enfant au silence des adultes.
Je me vois encore entrer, le ventre noué, dans la salle d’attente : quelques chaises dépareillées, les murs garnis de papier défraîchi, aucun effort de représentation, la désolation, le laisser-aller. Puis me hisser sur le siège et découvrir le visage dévasté du dentiste mordillant sa lèvre inférieure. Un cabinet exigu, un siège datant d’avant-guerre, du temps où le bonheur fréquentait encore la maison.
La tragédie donc, oui. Mais une tragédie dérisoire, étroite, sans grandeur, tragédie sur mesure que nous vivions tous et qui nous condamnait à de multiples et absurdes démarches administratives. Oui, tandis qu’on jugeait puis graciait les collabos, qu’on célébrait les résistants, le silence enveloppait les survivants et les familles des déportés.
Je ne sais pourquoi, tant d’années après, les dentistes m’ont choisi pour chantre, ni pourquoi Tordjman, par l’entremise amicale de Paul Tabet, les a choisis, lui, à son tour. Ce sera donc à Charles Tordjman et à son équipe artistique de récréer cette après-guerre, de faire vivre cette tragédie dentaire sans roi ni reine. Ce sera à lui de manœuvrer le trône des douleurs et de mesurer la rage destructrice du dentiste. Ce sera à lui de ramener l’enfant que je fus, et que sans doute je reste, dans ce cercle banal à pleurer comme chantait Édith Piaf que ma mère et sans doute Clara, la femme du dentiste, aimaient tant. Voilà ce qui serait bien Charles, c’est que ce soit comme une chanson d’Edith Piaf, le rire en prime, en yiddish peut-être., comme tous les vaincus des tragédies du monde, en exil.
Dans un débat récent à propos de L’Atelier un élève m’a demandé comment pouviez-vous vivre après la Shoah, je n’ai pas su quoi répondre sinon « on vivait », ce serait bien que Vers toi puisse donner une partie de la réponse.
Ah, j’oubliais, c’est aussi une pièce sur la foi. On croit qu’on ne croit pas. Voilà le credo de Charles le dentiste. Il croit qu’il ne croit pas. Il ne veut à son chevet ni rabbin, ni archevêque. En un temps où le religieux revient au galop, il est bon que chacun affiche sa propre foi. Voilà la mienne : je crois que je ne crois pas, comme le dentiste, et ce de plus en plus.
Ce que je sais, c’est qu’ils cédèrent leur nid à un oiseau migrateur venu du Maroc, et qu’ils fendirent les flots vers la Terre promise pour y refaire leur vie, ou la finir, ou, simplement comme tous les vaincus des tragédies, en exil. J-C. G. Mars 2008.

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