L’Iran, l’arme nucléaire

RENCONTRE DÉBAT

L’Iran, l’arme nucléaire:

Faut-il s’attendre au pire, en dépit d’un rapport inattendu
des Services secrets américains qui se veut rassurant?

Une table ronde réunira avec :

Jacques TARNERO
Auteur de Décryptage et de Autopsie d’un mensonge,

Les auteurs de trois ouvrages récents sur la crise iranienne

François HEISBOURG
Conseiller spécial à la Fondation pour la Recherche Stratégique
Iran, le choix des armes? (Ed. Stock. 2007)

Michel TAUBMANN
Rédacteur en chef de la revue Le meilleur des mondes, auteur de
La bombe et le Coran : une biographie du Président iranien Mahmoud Ahmadabad.
(Ed. du Moment. 2008)

Bruno TERTRAIS
Maître de Recherche à la Fondation pour la Recherche Stratégique
Iran : La prochaine guerre (Ed. Le Cherche midi. 2007)

« la crise iranienne est l’enjeu géopolitique central de notre temps. Elle conjugue tous les grands problèmes contemporains : l’islamisme radical, le terrorisme, les guerres d’Irak et d’Afghanistan, le conflit israélo-palestinien, la prolifération nucléaire, la dépendance des pays occidentaux en hydrocarbures… »

Débat animé par Jacques DUGOWSON
La cafétéria vous accueille de 19h à 20h.

La Bibliothèque du Centre MEDEM est ouverte à partir de 19h.

P.a.f.

L’appel de Yehoshua




LM 2 21 03 08 L’appel de Yehoshua, par Franck Nouchi

En l'espace d'une semaine, un vent de liberté a soufflé sur Paris. D'interviews en débats, une quarantaine d'écrivains israéliens ont dessiné les voies de la paix au Proche-Orient, faisant apparaître les tenants du boycott du Salon du livre pour ce qu'ils sont : des partisans de la politique du pire.

Qu'a-t-on en effet entendu durant ces quelques jours sinon des critiques, parfois très dures, de la politique israélienne et d'incessants appels pour une paix juste et durable au Proche-Orient? David Grossman, Amos Oz, Aharon Appelfeld et tant d'autres, la plupart étaient venus, d'abord et avant tout, dire leur souhait de voir le gouvernement d'Ehoud Olmert cesser ses atermoiements et s'engager au plus vite dans un véritable processus de paix avec les Palestiniens.

Invité de Nicolas Demorand, sur France-Inter, Avraham B. Yehoshua profita de la tribune qui lui était offerte pour lancer un appel solennel aux Européens afin qu'ils prennent leurs responsabilités en supervisant les négociations de paix. Vous êtes notre seul espoir, insista l'auteur d'Un feu amical (Calmann-Lévy). L'action des Etats-Unis vise essentiellement à venir en aide à Israël, vous seuls pouvez aujourd'hui mettre Israéliens et Palestiniens autour d'une table et garantir la coexistence des deux Etats sur la base des frontières de 1967. Yehoshua alla même encore plus loin, expliquant que les Européens devraient sûrement, pour y parvenir, déployer des forces armées de part et d'autre des frontières israélo-palestiniennes. Le temps qu'il faudra pour que la paix s'installe enfin.

Il y avait un sentiment d'urgence dans la voix de Yehoshua. D'urgence et de lassitude. Comme s'il n'était pas certain que ce tragique face-à-face puisse durer encore très longtemps. Parmi les textes de David Grossman, publiés dans un recueil intitulé Dans la peau de Gisela (Seuil), figure le discours qu'il avait prononcé le 4 novembre 2006 à Tel-Aviv à la mémoire d'Yitzhak Rabin. "Rabin a décidé d'intervenir, avait déclaré Grossman, car il avait eu l'intelligence de comprendre avant tout le monde que cet état de conflit permanent ne pouvait se prolonger ad vitam aeternam. Que vivre dans ce climat de violence perpétuelle, d'occupation, de terreur, d'angoisse et de désespérance, était au-dessus des forces de la société israélienne."  Et il ajoutait : "Cessez d'inventer des prétextes pour ne pas parler aux Palestiniens, monsieur Olmert, (…) dépêchez-vous de combler le vide, si vous ne voulez pas vous retrouver confronté à la violence et à la destruction."  Urgence donc, avant qu'il ne soit trop tard. Urgence de trouver un médiateur qui soit un catalyseur de paix. Belle mission pour l'Europe et la France lorsqu'elle prendra, à partir de juillet, la présidence de l'Union. Avec, comme feuille de route, cette phrase de Pierre Mendès France, citée par Jean Daniel dans la préface de son recueil de chroniques Israël, les Arabes, la Palestine (Galaade éditions) : "Ce que je demande est très simple, je souhaite de toutes mes forces convaincre les Israéliens que les Palestiniens ont le droit de réclamer pour eux ce qu'Israël a obtenu pour lui."  A Paris, la semaine dernière, les écrivains israéliens invités par le Salon du livre en étaient à l'évidence convaincus.

 

Michèle TAUBER

SPECTACLE

Fête de Pourim au Centre MEDEM

animée par
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Michèle TAUBER

Accompagnée au piano par

Laurent GRYNSZPAN

Pourim est une fête joyeuse.

Fêtons-la ensemble joyeusement.

Ambiance garantie avec Michèle Tauber et Laurent Grynszpan.
Dégustation de Houmen-tachn (oreilles d’Aman),
les délicieuses pâtisseries de Pourim .

Il est prudent de réserver auprès de Marie au 01 42 02 17 08
P.a.f.

150308. CONVOI N° 6-PITHIVIERS –AUSCHWITZ

TEMOIGNAGES

PITHIVIERS –AUSCHWITZ

17 juillet 1942. 6h15
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Le titre et la date font référence réfèrent au convoi 6 qui emporta 928 juifs internés dans le camp de Pithiviers vers les camps d’extermination d’Auschwitz.
Seules 80 personnes en reviendront.

Monique NOVODORSQUI-DENIAU, psychanalyste, dont la famille d’origine polonaise résidait à Montargis, a une histoire personnelle profondément liée à celle de ces camps. Elle retrace dans cet ouvrage une partie de l’histoire de 101 de ces déportés à travers le témoignage de proches, le récit de quelques rescapés ou des pièces d’archives. (Préface de Simone WEIL)

Rencontre avec Monique NOVODORSQUI-DENIAU, animée par Katy HAZAN.

P.a.f.

Boycotter Israël ou l’écouter ?




LM 14 03 08 Boycotter Israël ou l’écouter

Je ne pense pas qu'un Etat qui maintient une occupation, commettant quotidiennement des crimes contre des civils, mérite d'être invité à quelque semaine culturelle que ce soit." Celui qui écrit ces lignes n'est ni l'Algérien Sansal ni le Libanais Maalouf, encore moins l'auteur de cette tribune, mais un Israélien, un juif israélien, grand poète devant l'Eternel : Aharon Shabtaï.

Ce boycottage, plus éloquent et plus intrépide que celui décrété du fond de leurs palais ou du haut de leurs chaires par nos prescripteurs arabes, est soutenu par des citoyens d'Israël, et non des moindres, à l'exemple de Benny Ziffer, le rédacteur en chef du supplément littéraire de Haaretz... Lesdits prescripteurs, quant à eux, nous assurent que leur appel au boycottage est dicté par la seule volonté de signifier à la France que la présence d'Israël au Salon du livre de Paris, comme à la Fiera del libro de Turin, est l'expression d'un déni, pire : de la commémoration d'un déni, celui de l'injustice faite depuis soixante ans au peuple palestinien.

Pour ne remonter qu'aux dernières décennies, qui a osé traiter les responsables israéliens de "clique sans morale de hors-la-loi corrompus, sourds à la fois à leurs concitoyens et à leurs ennemis" ? Et qui a dit : "Il ne s'agit plus de libérer les territoires occupés, mais de libérer Israël des territoires occupés" ? Ce ne sont ni des historiens arabes ni des antisionistes notoires, mais bel et bien des intellectuels israéliens : feu Yechayahou Leibovitz et Avraham Burg, ancien président de la Knesset ! Ce sont, entre autres, des hommes de cette trempe que certains ont l'outrecuidance de nous interdire de rencontrer, de découvrir ou simplement d'approcher !

Qui a osé déclarer à la face d'Israël : "Le prix de l'occupation est la corruption de la société israélienne tout entière" (...) ? Pas une quelconque organisation antisioniste, mais le mouvement des réservistes israéliens, dans son manifeste du 25 janvier 2002... Et c'est avec les camarades de ces hommes et de ces femmes que le 28e Salon du livre nous donne l'occasion inespérée d'entamer dialogues et débats, débats qu'un boycottage irresponsable vise à diaboliser. Au nom ou au service de quelle cause ? Celle des Palestiniens ? Fourberie et mascarade que tout cela !

Oui, la mise à l'honneur d'Israël, dont on connaît le refus d'appliquer les résolutions de l'ONU (une soixantaine, soit une résolution en moyenne par année d'occupation !), oui, l'inauguration du Salon du livre de Paris par le président français et son homologue israélien, tout cela s'apparente, pour reprendre les mots de Aharon Shabtaï, à "une célébration d'Israël, sans la moindre considération pour le calvaire de près de quatre millions de Palestiniens, qui vivent dans une situation similaire à celle des Noirs (du temps) de l'apartheid..."

Mais que faire ? Que faire d'autre, pour ne pas souscrire bêtement à un boycottage qui, lui, s'apparente plutôt à une démission ? Que faire, pour dépasser cette impuissance et cet agacement, qui, chez nombre d'intellectuels arabes de France, frisent le désespoir : impuissance devant le mystère Israël, sa mise "à part des nations" ; agacement face à ce chantage à l'antisémitisme pratiqué sciemment par nombre d'intellectuels juifs de France, écrivains, philosophes, cinéastes, universitaires... dont le soutien inconditionnel à Israël constitue un autre mystère, quand on sait qu'en Israël même, leurs pairs font preuve de plus d'indépendance, de courage et d'esprit critique... Il est vrai que les Israéliens de l'intérieur, eux, n'ayant pas de culpabilité à entretenir, celle du choix de la diaspora, se sont affranchis depuis longtemps de l'obligation de réserve dictée par cette édifiante sentence talmudique selon laquelle "Israël, même s'il a péché, reste Israël" !...

Que faire, donc ? Pour ma part, j'appelle vivement mes "frères" arabes à écouter Israël, car il y a un Israël audible. Comme il y a un sionisme "recevable", un sionisme nouveau, né en catimini, celui qui fit qu'en 2003 des jeunes juifs de France osèrent se définir comme "sionistes et propalestiniens", celui qui promet de rétablir ou de confirmer les deux peuples dans leurs droits respectifs, et serait le corollaire d'un nouveau messianisme, "laïcisé".

Ce sionisme-là se trouve incarné aujourd'hui par des héritiers du professeur Leibovitz, tels l'historien refuznik Benny Morris, les écrivains Avraham Burg et David Grossman. Or, ce sont les mêmes David Grossman et Avraham Burg qui, avec tant d'autres encore, seront du 14 au 19 mars à la porte de Versailles.

Faisons donc fi de ce machiavélisme flagrant qui, sous couvert d'une manifestation culturelle, veut commémorer six décennies d'une occupation inique, et allons à la rencontre de ces écrivains qui, en Israël même, constituent de vrais remparts à la politique coloniale d'Israël, et à son effarante impunité ; les seuls à reconnaître le poids des mots d'Elias Sanbar : "Vous occupez nos territoires le jour ; nous occupons vos têtes la nuit."

 

Le Salon en otage

Avant même d’ouvrir ses portes, jeudi 13 mars, le Salon du livre de Paris a été pris en otage. C’était prévisible : Israël en est, cette année, l’invité d’honneur, et cela suffit, plus que jamais, à déclencher les soupçons, les passions et les interdits, pour ne pas dire les fatwas.

Plusieurs pays arabes, qui sont pourtant tout sauf des champions de la liberté de penser et d’écrire, l’Organisation de la conférence islamique, pour qui l’existence même d’Israël est un sacrilège, mais aussi des éditeurs et écrivains de langue arabe, mais encore quelques écrivains israéliens et jusqu’à l’une des plumes les plus prestigieuses du supplément littéraire du quotidien israélien Haaretz, Benny Ziffer : de tous côtés, des voix se sont élevées pour appeler au boycottage de cette manifestation.

C’était inévitable, donc. On aura beau dire que c’est la littérature et les écrivains d’un pays et non ce pays lui-même qui sont traditionnellement les hôtes privilégiés du Salon, la distinction est trop ténue pour éviter les amalgames : en 2002, par exemple, alors que l’Italie était invitée, des incidents avaient éclaté lors de la visite de deux ministres du gouvernement Berlusconi.

En outre, la concordance de cette invitation avec le soixantième anniversaire de la création de l’Etat d’Israël – soulignée par la visite d’État en France du président israélien Shimon Pérès, qui devait inaugurer le Salon jeudi soir – ne pouvait que cristalliser un peu plus la colère des protestataires. Mais ceux-ci ne se seraient certainement pas montrés plus conciliants si ce Salon avait eu lieu une autre année. Enfin, le fait que tous les auteurs officiellement invités écrivent en hébreu aiguise un peu plus les tensions, puisqu’elle exclut les communautés israéliennes d’expression russe ou arabe.

Pour autant, cette prise en otage de la littérature par la politique est absurde et choquante. Quoi qu’il exprime du réel, le livre est d’abord l’expression d’une singularité individuelle. Aussi enraciné soit-il dans l’Histoire, l’écrivain est d’abord héraut de liberté, de rencontre et de partage. Boycotter les livres, voire récuser une langue, a toujours été l’arme des dictatures.

Et il est d’autant plus paradoxal – mais absolument logique pour les adversaires irréductibles d’Israël – de récuser ce Salon que la plupart des écrivains israéliens qui y participent sont parmi les avocats les plus forts de la cause d’un Etat palestinien viable et indépendant, à côté de l’État d’Israël. Cela ne les empêche pas d’être viscéralement attachés à leur pays et à leur langue. Mais tout autant à la paix. C’est cette paix, dans les livres comme sur le terrain, qui paraît malheureusement, plus que jamais, menacée par les partisans de la politique du pire.

Les écrivains israéliens à Paris, une chance

L’invitation d’Israël au Salon du livre de Paris suscite une vague de commentaires habituels dès lors qu’il s’agit de ce pays. L’appel au boycottage de cette manifestation culturelle par la plupart des pays arabes est certes regrettable mais tout à fait attendu, Israël y est rompu depuis belle lurette, quel que soit le contexte politique du moment. Le boycottage, au-delà des faux-semblants, est un appel à la négation pure et simple d’une identité, d’un Etat dont l’existence ne cesse d’être remise en question.

Silence

Ce qui surprend en revanche, c’est le silence assourdissant de l’ensemble de la communauté des écrivains et éditeurs français qui participe de fait au Salon du livre. Pas un mot, pas une ligne pour souligner que cette manifestation offre justement la possibilité de se parler par-delà les pesanteurs diplomatiques habituelles. Pas un mot, pas une ligne pour dire la formidable opportunité que nous donne cette manifestation pour découvrir, échanger, polémiquer, voire comprendre ! Pas un mot, pas une ligne pour rappeler que ce ne sont pas des représentants officiels d’un Etat qui sont invités, mais des écrivains !
Nous regrettons profondément aussi l’attitude (devrions-nous dire la posture ?) de la plupart des écrivains arabes appelant au boycottage d’un pays coupable, selon eux, de “crimes contre l’humanité”.

La belle affaire !

Outre que ces écrivains ont l’indignation sélective, nous aurions aimé entendre, par exemple, l’écrivain égyptien Alaa El Aswany nous donner son sentiment sur les centaines de milliers de Darfouris assassinés sur le territoire d’un pays voisin du sien, le Soudan, dont nombre de survivants, comble de l’ironie, se réfugient en Israël après avoir été traités comme du bétail humain par l’Egypte !
Le monde arabe est malheureusement criblé d’exemples de ce genre. Les intellectuels arabes qui ont le courage de les dénoncer sont menacés physiquement dans leurs propres pays. Qui en parle ?

LE SALON N’EST PAS L’ONU

On a tout à fait le droit de critiquer la politique du gouvernement israélien, nombre d’auteurs de ce pays n’ont pas attendu les contempteurs habituels, c’est même un sport national et c’est plutôt la preuve d’une vigueur démocratique assez rare dans la région. Regardez, lisez les romans, les témoignages, les livres d’historiens publiés sur les différentes guerres qu’a connues Israël aussi bien que sur la société civile et ses injustices, vous y trouverez les critiques, les interrogations, les oeuvres les plus aiguës, les plus talentueuses. On aimerait en lire d’équivalentes provenant de l’autre camp. Faut-il ici rappeler que les vingt-deux pays arabes réunis traduisent moins de titres étrangers que la Grèce ?

Instrumentalisation

Ce Salon du livre n’est pas l’ONU ou un TPI, c’est, ce devrait être, le lieu de tous les possibles. Mais l’écrivain qui se fait porte-voix de son gouvernement, quel qu’il soit, est un idéologue, non un créateur ; l’écrivain égyptien, par exemple, qui entend profiter de cette manifestation pour “distribuer des photos d’enfants palestiniens victimes de la politique israélienne” instrumentalise grossièrement le malheur au lieu d’essayer de le penser, ce qu’on serait en droit d’attendre de lui.

Aussi nous saluons nos confrères arabes qui bravent courageusement les menaces et interdiction qui leur sont faites de participer au Salon du livre par leurs gouvernements respectifs, qu’ils soient ici les bienvenus.

Et nous serons ravis, demain, nous l’espérons, de participer à un Salon du livre où l’Etat palestinien, libre et démocratique, sera l’invité d’honneur de la France, où toutes les sensibilités littéraires et intellectuelles de ce pays en devenir seront représentées et pourront s’exprimer en toute liberté.

Le non-sens d’un boycottage

Dans ces colonnes (Le Monde du 28 février), Tariq Ramadan prétend ne pas nier l’existence de l’Etat d’Israël et ne pas appeler à sa destruction. Certes, ce n’est pas la présence d’un stand israélien au Salon du Bourget, où chaque année se pressent acheteurs d’armes de tous pays, y compris arabes, qu’il condamne, mais la présence de l’Etat hébreu, en tant qu’invité d’honneur cette année, celle de ses soixante ans d’existence, au Salon du livre de Paris. Il est vrai que le livre est une arme bien plus redoutable pour garantir la sécurité d’un pays que ses avions et ses tanks.
Effectivement, M. Ramadan n’écrit nulle part qu’il condamne l’existence d’Israël. Il se contente de “rappeler les soixante années de colonisation” qui accompagnent son histoire. Si c’est, selon lui, depuis soixante ans et non pas quarante qu’Israël occupe un territoire et colonise un peuple, n’est-ce pas là une remise en question fondamentale de son droit à l’existence ? Sur quel territoire lui reconnaît-il aujourd’hui le droit à exister ?

LES MEILLEURS AVOCATS

En joignant sa voix à la voix de ceux qui, à Turin, appellent au boycottage d’Israël, ou qui, à Paris, en critiquent la présence au Salon, c’est bien à la culture de ce pays que s’attaque M. Ramadan, contrairement à ce qu’il prétend. Que véhicule en effet un livre, sinon une langue et une identité ?
Une langue, d’abord, celle dans laquelle doivent écrire, conformément aux critères de sélection retenus par le Centre national du livre, les écrivains invités à représenter Israël. Contrairement d’ailleurs à ce que prétendent M. Ramadan et ceux qu’il soutient, n’en sont pas exclus des écrivains arabes israéliens, comme l’atteste la présence de Sayed Kashua et de Naim Araidi au sein de cette délégation. Une identité multiple, enfin, à l’image de ce pays, et qui ne se définit en aucun cas comme la négation de l’autre, celle du Palestinien, ce dont témoignent la majorité des écrits des auteurs invités.
Et là se situe sans doute le paradoxe étonnant de la position défendue par M. Ramadan : la plupart de ces écrivains se trouvent être les meilleurs avocats de la cause palestinienne au sein de la société israélienne. Beaucoup d’entre eux sont les porte-parole de ceux qui, depuis des années, se battent pour la fin de l’occupation et la création d’un Etat palestinien à côté d’Israël, certains appelant à négocier avec le Hamas pour mettre fin à la tragédie qui ensanglante actuellement les rues de Gaza et de Sdérot.
Mais, comme me l’ont souvent dit mes amis palestiniens, il arrive fréquemment que certains défenseurs de la cause palestinienne à l’étranger soient plus maximalistes que ne le sont les Palestiniens eux-mêmes. M. Ramadan ne nie donc pas à Israël le droit à l’existence, il se limite à lui contester le droit à un territoire, le droit à une langue et à une identité !


David Chemla est président de l’association La paix maintenant.

Durban 2 / L’ONU contre les droits de l’Homme

L’année 2008 verra-t-elle simultanément le soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme par l’ONU et la destruction de ses principes par la même ONU ?

Tout porte à le redouter, tant depuis un certain nombre d’années, par ses dérives, l’ONU s’est caricaturée.

Durban

A Durban, en Afrique du Sud, s’est tenue en 2001 la Conférence mondiale contre le racisme, à l’initiative des Nations unies, dans la ville même où Gandhi avait commencé à exercer son métier d’avocat. C’est au nom des droits des peuples que furent scandés des “mort à l’Amérique !” et “mort à Israël !” ; et c’est au nom du relativisme culturel qu’on fit silence sur les discriminations et violences commises contre les femmes.
Alarmée par les graves dysfonctionnements ainsi mis en lumière au sein de sa Commission des droits de l’homme, l’ONU inaugurait en juin 2006 un tout nouveau Conseil des droits de l’homme (CDH), censé remédier à de si préoccupantes dérives. Aujourd’hui, le constat est plus qu’amer : c’est à la consécration même de ces dérives que nous assistons dans la perspective du forum dit de Durban 2, qui se tiendra en 2009. Plus gravement encore, l’élaboration officielle de nouvelles normes marquera, si celles-ci sont gravées dans le marbre d’une nouvelle et très particulière “déclaration des droits de l’homme”, la mise à mort de l’universalité des droits.
Par sa mécanique interne, les coalitions et les alliances qui s’y constituent, les discours qui s’y tiennent, les textes qui s’y négocient et la terminologie utilisée anéantissent la liberté d’expression, légitiment l’oppression des femmes et stigmatisent les démocraties occidentales.

le CDH

Le CDH est devenu une machine de guerre idéologique à l’encontre de ses principes fondateurs. Ignorée des grands médias, jour après jour, session après session, résolution après résolution, une rhétorique politique est forgée pour légitimer les passages à l’acte et les violences de demain.
Une triple alliance composée de la Conférence des organisations islamiques (OCI), représentée jusqu’à ce jour par le Pakistan, du Mouvement des non-alignés, où Cuba, le Venezuela et l’Iran ont un rôle central, et de la Chine – avec la complaisance cynique de la Russie – oeuvre ainsi à la mise en place d’une véritable révolution prétendument “multiculturelle”. Ainsi, le rapporteur spécial de l’ONU sur les formes contemporaines de racisme, Doudou Diène, déclare d’ores et déjà qu’énoncer une critique contre le port de la burqa constitue une agression raciste, que la laïcité est ancrée dans une culture esclavagiste et colonialiste et que la loi française contre le port des signes religieux à l’école participe du racisme antimusulman, renommé “islamophobie occidentale”.

Louise Harbour

La confusion des esprits est à son comble quand est dénoncée comme une attitude raciste toute critique de la religion. C’est une menace radicale contre la liberté de penser qui est en train d’être cautionnée par l’ONU. En assimilant au racisme toute critique des dérives de ceux qui parlent au nom de l’islam, parce que supposée relever d’attitudes néocolonialistes, les porte-parole de cette nouvelle alliance serrent un peu plus le garrot qu’ils ont passé au cou de leurs propres peuples et sapent les fondements d’une civilité très chèrement acquise en Europe depuis les guerres de religion. En septembre 2007, la haut-commissaire aux droits de l’homme, Louise Arbour, participait à une conférence à Téhéran consacrée aux “droits de l’homme et (à) la diversité culturelle”. Portant le voile, comme la loi de la République islamique l’exige, la haut-commissaire a été le témoin passif de l’énoncé des principes à venir, ainsi résumés : “offense aux valeurs religieuses considérée comme raciste”.

Bien pire, dès le lendemain de cette visite, vingt et un Iraniens, dont plusieurs mineurs, furent pendus en public. C’est en sa présence que le président Ahmadinejad a renouvelé son appel à la destruction d’Israël, pays membre de l’ONU, créé par cette dernière. Interrogée sur son silence, la haut-commissaire a justifié sa passivité par le respect de la loi iranienne, auquel, en tant que juriste, elle s’estimait tenue, et par souci de “ne pas offenser ses hôtes”. Charbonnier est maître chez soi… C’est le docteur Goebbels qui utilisait cet argument d’opportunité, à la tribune de la Société des nations en 1933, pour se soustraire à toute critique d’une institution internationale impuissante, mais dont les principes n’étaient au moins pas dévoyés comme ceux de l’ONU aujourd’hui.

Les grands crimes politiques ont toujours eu besoin de mots pour se légitimer. La parole annonce le passage à l’acte. De Mein Kampf à Radio Mille Collines, de Staline à Pol Pot, les exemples abondent pour confirmer la nécessaire extermination de l’ennemi du peuple au nom de la race, au nom de l’émancipation des masses laborieuses ou au nom d’un ordre supposé divin. Les idéologies totalitaires avaient remplacé les religions. Leurs crimes, les promesses non tenues “d’avenir radieux” ont ouvert grande la porte au retour de Dieu en politique.
Le 11 septembre 2001, quelques jours après la fin de la conférence de Durban, c’est bien au nom de Dieu que le plus grand crime terroriste de l’histoire fut commis.

Passivite

Face à cette stratégie, les démocraties, d’abord soucieuses de leur balance commerciale, font preuve d’une extraordinaire passivité. Que pèse le sort du peuple tibétain face aux enjeux des exportations vers la Chine ? Quel est le prix de la liberté pour Ayaan Hirsi Ali, ex-députée néerlandaise, menacée de mort, après l’assassinat en 2004 de son ami le réalisateur Théo Van Gogh, accusé d’avoir blasphémé l’islam dans le film Soumission ? Les exemples s’additionnent qui, de Taslima Nasreen à Salman Rushdie, de Robert Redeker à Mohamed Sifaoui, apportent la preuve que l’intégrisme islamiste impose sa loi par la terreur. Combien d’Algériens, de femmes au Maghreb, au Proche-Orient, en Turquie, au Pakistan ont déjà payé du prix de leur vie le refus de se soumettre à l’obscurantisme religieux ?
Si, par malheur, l’ONU devait consacrer l’imposition de tels critères, si le blasphème devait être assimilé à du racisme, si le droit à la critique de la religion devait être mis hors la loi, si la loi religieuse devait s’inscrire dans les normes internationales, ce serait une régression aux conséquences désastreuses, et une perversion radicale de toute notre tradition de lutte contre le racisme, qui n’a pu et ne peut se développer que dans la liberté de conscience la plus absolue.
L’Assemblée générale de décembre 2007 a déjà entériné des textes condamnant des formes d’expression considérées comme diffamatoires de l’islam. L’enjeu est clair, il est mondial : c’est de la défense des libertés de l’individu qu’il est question.

Le Canada

Soit les démocraties se ressaisissent, à l’exemple du Canada, qui vient d’annoncer son refus de participer à la conférence de Durban 2, estimant qu’elle risquait d’être “marquée par des expressions d’intolérance et d’antisémitisme”, et cessent de s’abstenir ou de voter des résolutions contraires à l’idéal universel de 1948, soit l’obscurantisme religieux et son cortège de crimes politiques triompheront, sous les bons auspices des Nations unies. Et lorsque les paroles de haine seront transformées en actes, nul ne pourra dire : “Nous ne savions pas.”


Premiers signataires : Elisabeth Badinter, Adrien Barrot, Patrice Billaud, Pascal Bruckner, Jean-Claude Buhrer, Chala Chafiq, Georges Charpak, Christian Charrière-Bournazel, Bernard Debré, Chahdortt Djavann, Jacques Dugowson, Frédéric Encel, Alain Finkielkraut, Elisabeth de Fontenay, Patrick Gaubert, Claude Goasguen, Thierry Jonquet, Liliane Kandel, Patrick Kessel, Catherine Kintzler, Claude Lanzmann, Michel Laval, Barbara Lefevbre, Corinne Lepage, Malka Marcovich, Albert Memmi, Jean-Philippe Moinet, Jean-Claude Pecker, Philippe Schmidt, Alain Seksig, Mohamed Sifaoui, Antoine Spire, Pierre-André Taguieff, Jacques Tarnero, Michèle Tribalat, Michèle Vianes,Elie Wiesel, Michel Zaoui.

Signatures de soutien à ce texte par e-mail à licra@licra.org. Liste complète des signataires sur www.licra.org.

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