Les livres d’octobre et novembre 2016

Voici les livres que vous trouverez sur la table des nouveautés du mois d’octobre 

UNE DEMI-COURONNE jpg_demi_couronne.jpg
Auteur : Jo Walton
Editeur : Denoël, 342 pages

Avec ce roman, la science-fiction arrive dans notre bibliothèque :
Nous sommes dans les années 1960, l’Allemagne a gagné la guerre. Les Etats-Unis sont vaincus, l’Union Soviétique a disparu et l’Angleterre s’est ralliée à Hitler. Un régime fasciste prétendument modéré a été mis en place. Il doit faire face à des opposants plus radicaux . Ceci pour la trame.
L’histoire commence comme un roman pour midinettes : deux jeunes bourgeoises se préparent à être présentées à la Reine. Pour s’amuser un peu, elles vont assister à une manifestation organisée par des fascistes de l’opposition. Chaperonnées par un prétendant, elles se retrouvent au milieu d’une violente émeute. L’une d’entre elles se fait arrêter, et est envoyée en prison.
Dans cette uchronie, l’auteur imagine un pays raciste, antisémite, brutal et sans scrupule… Une piqûre de rappel pour les Européens des années 2016 ?

JUDASjpg_oz_judas.jpg
Auteur : Amos OZ
Editeur : Gallimard, 348 pages

Shmuel Ash, jeune étudiant d’histoire à Jérusalem, recherche un petit travail qui lui permettrait de vivre. Il trouve un emploi et un petit logement, en échange de quelques heures passées auprès d’un vieux monsieur, Gershom Wald. Celui-ci vit avec sa belle-fille, Atalia Abravanel, veuve de son fils Micha, et fille d’un opposant à la politique israélienne de Ben Gourion. Nous sommes dans les années 1960…
Shmuel prépare une thèse de fin d’études sur Judas Iscariote, mais lorsqu’il s’installe chez Wald, il est en panne d’idées. Son intérêt se tourne rapidement vers Atalia, la belle et énigmatique veuve qui l’a embauché.

Amos Oz questionne l’histoire d’Israël, et nous fait réfléchir à ce qu’est un traître : il est facile de voir en Judas le traître représentatif des juifs, selon la tradition dominante depuis 2000 ans… et n’est-il pas aussi facile de voir en Abravanel le traître idéaliste qui rejette la politique expansionniste des sionistes…
Amos Oz lui-même étant considéré comme traître par ses concitoyens, on ne peut qu’être sensible à son plaidoyer.
Très beau roman, bien traduit.
A voir et écouter sur AKADEM la conférence donnée par Amos OZ au MAJH
http://www.akadem.org/sommaire/themes/culture/litterature/litterature-israelienne/judas-avec-amos-oz-09-09-2016-83498_401.php

LE JOUR DE VOTRE NOMjpg_sebban.jpg
Auteur : Olivier SEBBAN
Editeur : Seuil, 405 pages

Ce roman fait partie d’une sorte de trilogie dont le thème serait le voyage, l’échappée vers des cieux plus cléments : nous faisons référence à deux autres romans ; Amapola, sur la guerre d’Espagne ; Sécessions, le dernier paru, sur la guerre de Sécession vécue par une famille immigrée juive.
Nous sommes en 1939. Alvarro Diaz doit quitter l’Espagne fasciste sans sa famille. Il emporte avec lui un carnet, écrit par sa sœur Esther. C’est à pied, seul, sans un sous, qu’il traverse les Pyrénées, pour finir arrêté et mené au camp de Gurs. Dans des conditions effroyables, durant dix mois, il ne songe qu’à sa famille, et aux révélations du carnet qui est son bien le plus précieux. Parvenu à s’échapper, il s’implique dans le sauvetage des enfants juifs.
Tout comme les deux autres romans de cette superbe trilogie, c’est sur de solides bases historiques que repose cette histoire. C’est aussi grâce à la grande maîtrise de la langue française, à sa richesse, que nous, lecteurs, adhérons totalement à l’histoire, au point de nous y sentir impliqués , jour après jour.
A lire absolument

LA NUIT DES JUIFS-VIVANTSjpg_la_nuit_des_juifs.jpg
Auteur : Igor OSTACHOWICZ
Editeur : Antilope, 334 pages

L’histoire de ce couple déjanté de Varsovie est raconté par le jeune type lui-même, carreleur de son état. Sa copine chômeuse, La Gigue, et lui vivent dans un tout petit logement minable qui leur ressemble.
Problème numéro Un : ne se mêler de rien et tenter de survivre à coup de clopes et d’amphèt.
Problème numéro Deux : la cave. Une trappe y permet d’accéder dans des souterrains. Mais elle permet aussi à des squelettes de juifs en guenilles, ayant vécu dans le ghetto d’en sortir.
Problème numéro Trois : que faire de ces juifs qui veulent voir ce nouveau monde des années 2010 ?
Ce monde ancien qui se rappelle aux Polonais est-il encore perceptible ? La violence des temps présents permet-elle de vivre ? A-t-elle effacé les temps anciens ?
C’est avec une grande férocité que l’auteur décrit sa Pologne actuelle. A la cruauté des temps présents, oublieux du passé, répond l’ironie mordante de l’auteur.

POST-SCRIPTUMjpg_post.jpg
Auteur : Alain Claude SULZER
Editeur : J. Chambon

Cet auteur suisse s’intéresse beaucoup à la condition des homosexuels. Son roman le plus récent, Post-Scriptum, raconte la fulgurante carrière d’un acteur allemand juif du cinéma muet des années 30. Sa chute ne le surprend qu’à moitié, lors de l’arrivée d’Hitler au pouvoir.
Dandy peu expansif en raison de ses préférences sexuelles, il fait la connaissance d’un postier au cours d’un bref séjour dans un palace suisse.
Roman empreint d’une certaine mélancolie, dans lequel les souffrances dues aux amours interdites suscitent une grande compassion. L’atmosphère lourde est celle de la fin d’un monde.
Très intéressant

LES DOUTES D’ABRAHAMjpg_CVT_Les-doutes-dAvraham_2090.jpg
Auteur : Dror MISHANI
Editeur : Seuil, 274p.

Spécialiste du polar, l’auteur a déjà deux romans policiers a son actif. Il signe là son troisième opus, avec son inspecteur Abraham, qui vient de monter en grade.
Une femme d’une soixantaine d’années vient d’être découverte chez elle, assassinée. En dépit des traces laissées par l’assassin présumé, celui-ci reste introuvable : il est inconnu des services de police. Abraham est angoissé car ses nouvelles responsabilités le font douter de lui-même. Sa hiérarchie ne fait rien pour l’aider. Bien au contraire : la simple éventualité que l’assassin puisse être un flic rend le chef de la police très hargneux.
Abraham, quant à lui, a aussi quelques soucis relationnels avec la jeune femme qui vient de le rejoindre en Israël. Vivre à deux est bien difficile après tant d’années de célibat.
Bon polar ; peut-être moins abouti que les précédents. A débattre !

et les livres de la rentrée de septembre restent toujours à votre disposition
cliquez sur le lien pour y accéder:

https://www.centre-medem.org/spip.php?article962