Les livres d’octobre – novembre 2019

A la première personne

Alain Finkielkraut

Gallimard, 128 pages

Dans ce petit livre confession, synthèse de son parcours intellectuel, Alain Finkielkraut fait le point sur les grandes étapes de sa pensée et les auteurs (M. Kundera, ou P. Roth,) qui l’ont construit ou influencé, de ses débuts soixante-huitards à nos jours.

 « Penser est une chose, exister dans ce qu’on pense est autre chose. » (Kierkegaard). C’est cet « autre chose » que l’auteur a voulu mettre au clair en écrivant, une fois n’est pas coutume, à la première personne. 

HEIMAT : loin de mon pays

Nora Krug

Gallimard

Nous avons classé cet ouvrage parmi les romans graphiques, et non en bande dessinée, car il s’apparente plus au récit. L’illustration y est pourtant très présente; une illustration mêlée de photographies familiales.

Nora Krug, jeune femme d’origine allemande, vit à New-York, mais sa famille habite toujours à  Karlsruhe. C’est peut-être la rencontre d’une ancienne déportée qui est le déclic… Toujours est-il qu’elle se lance dans une enquête sur ses origines familiales. Sous-jacente est la crainte d’y retrouver des adhérents au nazisme.

C’est cette crainte, cette angoisse même, qui est profondément émouvante. Nora mène cette enquête de façon méthodique, sans chercher à éluder la réalité, laquelle s’avère difficile à saisir : quel Allemand a participé ou pas à la folie nazie? Et pourquoi ?

Sa conclusion? Son grand-père était un « MITLAUFER »… Un « suiveur » si l’on préfère, et non pas un meneur.

Très intéressant.

DERRIERE LES LIGNES ENNEMIES

Une espionne juive dans l’Allemagne nazie

Marthe Cohn

Editions Tallandier, 342 pages

Marthe Cohn, une jeune juive de Metz, avec l’avancée des troupes allemandes, quitte sa ville avec sa famille en 1940.

Ils se voient contraints de changer plusieurs fois de ville et de domicile pour échapper à l’occupant, jusqu’en 1944.

En 1944, comme elle parle couramment l’allemand, elle est recrutée par l’armée française qui l’envoie derrière les lignes allemandes pour espionner et transmettre des renseignements sur les troupes ennemies.

LE VOYAGEUR

Ulrich Alexander Boschwitz

Grasset, 335 pages

Inspiré par sa propre expérience, ou celle de ses proches, ce roman saisissant a été écrit fébrilement, en moins d’un mois, en 1938, à la suite de la Nuit de Cristal. Il a été « re-découvert »  aux Archives de la Bibliothèque nationale de Francfort, dans la section « littérature d’exil ».

Otto Silbermann est un négociant juif qui affiche une belle réussite. Marié à une aryenne, il a un fils émigré à Paris. Ce dernier tente en vain d’obtenir des visas pour ses parents. Lorsque des policiers se présentent à son domicile pour l’arrêter, il parvient à prendre la fuite. Mais où aller? Les portes se ferment une à une. En dernier recours, il réussit à obtenir une forte somme d’argent de son fondé de pouvoir. Nanti de son pécule, il cherche à fuir, en prenant le train. Un fois parti, le voilà qui change d’avis et repart dans une autre direction. Au fur et à mesure que le temps passe, ses voyages successifs lui font faire des rencontres souvent angoissantes… Petit à petit, il perd son arrogance de nanti, sa peur le domine au point de lui faire prendre des risques… Sa lucidité aiguisée par le danger s’avère atteinte. Tous ces voyages le ramènent sans fin à Berlin, SA ville. Et c’est là qu’il finira par se faire prendre, volontairement.

Ce roman d’une rare puissance est bouleversant. Ce fugitif pas toujours sympathique nous amène sans fin à la question « et moi, qu’aurais-je fait? « . L’auteur nous donne à lire toutes les pensées, tous les délires d’un homme aux abois innocent, mais juif. Cela fait de lui une proie facile…

Terrifiant et magnifique roman.

LES RACINES INTELLECTUELLES DE « MEIN KAMPF »

revue d’histoire de la Shoah, 383 pages

Ce recueil d’articles répond en partie à une question récurrente : pourquoi l’Allemagne?

En effet, on entend souvent dire qu’un bastion si avancé de la culture n’aurait pas dû devenir barbare.

Les éminents historiens qui interviennent dans cet ouvrage montrent que l’Allemagne, bien que n’étant pas le seul pays où sévissait l’antisémitisme, a tout de même produit les plus féroces antisémites, tous ces « völkish » nationalistes, racistes, eugénistes,  adeptes de la pureté de la « race » aryenne,… Paul de Lagarde, Theodor Fritsch, Guido von List, RICHARD WAGNER, Karl Lueger, Alfred Rosenberg, Dietrich Eckart… Tous ces penseurs ont inspiré, éduqué, accompagné Hitler, ce « Mitlaufer » (mouton) au verbe captivant.

Parmi ces antisémites se trouvent également des socialistes! ce sujet est peu développé, hélas, mais nous nous proposons de faire des recherches sur Internet!

Etude très sérieuse, qui remet les idées en place.

memorial de la Shoah

Main Basse sur Israël – Netanyahou et la fin du rêve sioniste

Jean Pierre Filiu

Edition : La Découverte

Soixante-dix ans après la création d’Israël, les pères fondateurs se retrouveraient-ils dans le grand récit que porte aujourd’hui Benjamin Netanyahou ? Jean-Pierre Filiu offre ici une réflexion historique sur la longue durée du sionisme et sur l’expérience de Bibi aux commandes d’Israël. Une longévité remarquable qui emprunte force détours et travers.

Selon une de nos lectrice, dans son livre J.P. Filiu décrit la carrière de B. Netanyahou comme un processus de lente régression démocratique mais l’opinion publique reste malgré tout derrière lui. Selon elle, le livre n’apporte rien de nouveau.Le livre a été publié avant les élections de septembre dernier.

B. Netanyahou a été élu mais dans l’incapacité de former un gouvernement de coalition, il a démissionné en octobre.

LA GOÛTEUSE D’HITLER

Rosella Postorino

Albin Michel, 400 pages

Ce livre est inspiré de l’histoire vraie de Margot Wölk, la dernière « goûteuse » d’Hitler.

C’est contre sa volonté que Rosa Sauer, dont le mari est sur le front de l’Est, se trouve avec 9 autres femmes pour goûter les 3 repas d’Hitler, terrorisé à l’idée qu’on attente à sa vie…..

Revue de presse

Captivant. –Le Soir

Magnifique portrait de femme. Ce roman fort et très documenté se lit d’une traite. –Le Parisien

L’auteure mêle habilement la petite histoire à la grande et signe un livre fort, captivant, humain et sensible. Inoubliable. –Version Femina

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