Midrash laïque

Animé par

François Ardeven

Entre Babel et Babel

On a étudié, les années passées, le Rouleau de Ruth ; on a lu le Livre de Jonas, le « petit » prophète qui doit marcher vers l’Étranger et les bêtes et apprendre à diviser en trois sa parole de trop historique vérité : il faut une place pour le pardon.
La question qui achève Jonas, dirige notre loupe vers des textes plus anciens, où sonnent les soubresauts, les grognements de la terre des débuts. La création, premier désastre, la mort d’Abel, le Déluge, la Tour de Babel, Sodome et Gomorrhe balisent les premiers temps désastreux et violents de la terre, les temps d’avant le Sinaï. C’est le catalogue de toutes les erreurs.
Nous continuons en essayant de circonscrire le jaillissement de Babel, que Dieu condamne avec l’ironie d’un pun, d’un jeu de mots.
Il se passe quelque chose comme un symbole qui s’autonomise. C’est le nom qui doit vivre car le symbole ne vaut pas transmission. Si le symbole se coupe de la vie, c’est-à-dire du passage, il se fige. Dans la Torah, il s’agit de parler, non de communiquer. La communication, c’est souvent l’illusion paradoxalement aliénante de la transparence. Entre Babel et babil, nous sommes invités par la pensée moderne à séjourner autour de ce paradoxe que décrit Derrida avec Celan et Benjamin. C’est d’un même souffle (Dieu exprime souvent deux choses à la fois) que Dieu, en imposant son nom, signe la nécessité et l’échec de toute entreprise de traduction.

C’est avec ces quelques intuitions que nous ouvrirons les pirke de rabbi Eliezer.

Laïque et juif, le midrash est ouvert à toute discussion.

Aucune connaissance de l’hébreu ou de l’araméen (mais ils seront les bienvenus) n’est requise.

Les séances seront, autant que possible, indépendantes les unes des autres.

P.A.F