La petite Jerusalem

Le Centre Medem Arbeter- Ringet AJHL (Association pour un judaïsme humaniste et laïque)
vous convient à la projection de

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“La petite Jérusalem”

film de Karin Albou, ( 2005 )

avec
Elsa Zylberstein,
Fanny Valette,
Bruno Todeschini.

Une famille juive pratiquante exilée dans un quartier de Sarcelles habité par une population juive et musulmane importante, originaire du Maghreb…Deux sœurs dont l’une choisit l’orthodoxie, l’autre des études de philosophie qui lui offrent une autre vision du monde…
Ce premier film de Karin Albou est une œuvre intime et tendre qui met en scène une famille dont les membres sont à la recherche, après l’exil, d’une reconstruction identitaire.
Cette quête entre culture laïque et religion fait naturellement écho aux préoccupations à la fois du Centre Medem et de l’AJHL.

Débat avec la réalisatrice Karin Albou, Anny Dayan-Rosenman (Maître de conférence à Paris VII)

et Jacques Dugowson
P.a.f.

Tous les Arabes sont des… ?

Elles opèrent en tandem dans les établissements scolaires de Seine-Saint-Denis. Depuis deux ans, Souad Belhaddad, journaliste et écrivain, et Isabelle Wekstein-Steg, avocate, aident les professeurs à gérer les conflits religieux et communautaires.
Ce 18 janvier, les deux femmes font face à une quinzaine d’élèves du lycée professionnel Moulin-Fondu à Noisy-le-Sec. Des filles âgées de 14 ans à 17 ans, la plupart “issues de la diversité”, c’est-à-dire originaires d’Afrique noire ou d’Afrique du Nord, qui suivent un cursus de secrétariat.

Qui est qui ?

Vous savez pourquoi nous sommes là ?“, demande Souad. Beaucoup répondent par la négative. “C’est pour travailler sur les discriminations“, risque une élève. “C’est quoi la discrimination ?“, interroge Souad. “Quand on juge“, propose une autre élève. Souad ne complète pas ni ne corrige. “Nous sommes deux devant vous, l’une est musulmane, l’autre juive ; l’une est avocate, l’autre journaliste. Qui est qui ?” La devinette aiguise la curiosité. Brouhaha. Une protestation isolée perce : “Mais on ne peut pas juger sur l’apparence physique.” Objection vite couverte par le partage de la classe en deux camps. Pour une courte majorité, la juive c’est Souad. Son joli nez busqué, c’est un “nez crochu“. Tout est dit sur le ton de l’évidence.
Souad corrige. “L’Arabe c’est moi, la juive c’est Isabelle.” Celles qui avaient deviné juste sont satisfaites. L’élève qui a parlé la première de nez crochu s’excuse. “Désolée, m’dame.” Isabelle intervient. “Tu t’excuses d’avoir dit que Souad avait le nez crochu ou que les juives avaient toutes le nez crochu ?” Il n’y a pas de réponse.
Souad et Isabelle ramènent le calme. Leur autorité est manifeste.

Tous les arabes sont des…

Elles lancent un autre jeu. “Tous les Arabes sont des… ?” Les stéréotypes fusent : “Des voleurs“, “des menteurs“, “des chômeurs“.
Dans les trois classes traitées par Souad et Isabelle ce matin à Noisy-le-Sec, les poncifs jaillissent à l’identique. Les Noirs apparaissent massivement comme des “violeurs“, et les juifs comme des “racistes“, “des qui ont des sous“, “des avares“. Dans presque chaque classe, aussi, une voix singulière tente de faire accepter une nuance. “Arabes, Noirs, Français… on est pareils“, dit une élève. Tentative louable, mais maladroite. Souad et Isabelle ne laissent rien passer : “Les Arabes qui sont là, ils sont pas français ? Et vous les Noirs, vous n’êtes pas nés en France ?
Souad est debout, elle avance dans l’allée, s’approche des élèves, leur parle dans les yeux. “Tous les Arabes sont des voleurs, et moi, je suis une voleuse ?” La tension est palpable. “Ah, non m’dame, j’ai pas dit ça !” Impitoyable, Souad exploite l’ouverture. “Alors je suis une exception ?

Fantasmes

Les critères physiques du juif sont si loufoques selon les uns ou les autres que Souad ne peut s’empêcher de dénombrer toutes les juives de la classe. “J’en vois beaucoup qui ont des cheveux de juive ici“, dit-elle en soulevant la mèche d’une élève.
Dans toutes les classes, Souad et Isabelle demandent combien la France compte de juifs et combien elle compte de musulmans. A une exception près, les élèves développent le fantasme de l’omnipotence juive : “trois millions de juifs“, “cinq millions” ; “dix millions” ; “vingt millions.”
Même fantasme sur l’omniprésence musulmane. Pour certains, la France compte “40 millions” de musulmans. Quand Souad et Isabelle rétablissent la vérité des chiffres – 63 millions d’habitants en France, 600 000 juifs, cinq millions de musulmans environ -, on sent comme un flottement.

La loi

Trois heures durant, Isabelle et Souad vont mener un combat. Par des jeux, elles vont permettre à la violence du préjugé de se déployer. Mais pour mieux la stigmatiser. Le but est de faire comprendre que la parole n’est pas libre, que le verbe peut s’avérer meurtrier s’il n’est pas cadré par la loi. “La loi est la même pour tous, explique Isabelle. Elle protège la victime et punit l’auteur.” Un Noir, un Arabe ou un juif peut souffrir du racisme, mais il peut lui-même être l’auteur d’actes ou d’insultes racistes.
Dans chaque classe, Isabelle, l’avocate, sort le code pénal de son sac et lit l’article qui réprime toutes les formes de discrimination. Le texte est long, précis. Les élèves écoutent sans broncher. “Moi, on m’a traitée de sale Blanche“, dit une élève qui comprend soudain qu’on a commis à son encontre un délit.
A Noisy-le-Sec comme partout ailleurs, les élèves se “traitent“. “Sale beur“, “bamboula“, “fais pas ton feuj“… “Non seulement ces blagues peuvent blesser, mais elles représentent un délit“, insiste Souad, qui cite le cas du Rwanda. «Une amie rwandaise m’a raconté. Dans son enfance, tous les jours, les Hutu “traitaient” les Tutsi sur le mode de la blague. En chantant, en rigolant, ils disaient : “Un jour, on vous tuera tous.” Et puis progressivement, c’est arrivé : ils les ont sortis de l’école, ils ont tué leurs vaches et puis, stade final de l’exclusion, ils les ont exterminés.»
Le Rwanda a plombé le climat. Souad tempère. “Toutes les blagues ne mènent pas au génocide, mais à l’origine d’un génocide, on trouve toujours des plaisanteries racistes.

Le problème à qui ?

Et le racisme a pour fonction d’isoler la victime. Pour le prouver, Souad demande à Géraldine, une jolie Black, de jouer le videur à l’entrée d’une boîte de nuit. Avec aisance, Géraldine accepte les plus blancs, les plus blonds et retoque les basanés. Quand une jeune Maghrébine demande des comptes, Géraldine ne dit pas : “Mon patron ne veut pas d’Arabes ou de Noirs“, elle dit : “C’est plein ce soir, reviens demain.” Les autres élèves ne la condamnent pas. “Elle fait ce que son patron lui demande.” Mais pour Isabelle et Souad ce qui importe, c’est la solidarité. “Pourquoi tu es rentrée en laissant ta copine dehors ?

 Je pensais qu’elle allait se défendre !

 C’est son problème à elle seulement ?
“, demande Souad.

Quand elles quittent l’école, Isabelle et Souad sont épuisées.

Dans la dernière classe, les garçons étaient avachis sur leur chaise à leur entrée. Une heure après, l’échine redressée, ils réclamaient une prochaine fois.

Obscénité franco-tchadienne

Idriss Déby a pris le pouvoir par les armes en décembre 1990. Il venait de Libye et du Darfour et avait bénéficié de l’aide militaire française pour chasser Hissène Habré, devenu embarrassant. Il a persisté dans son être présidentiel jusqu’à aujourd’hui à grand renfort de combats, de répression, de fraudes électorales, de manipulations constitutionnelles.

Pillant sans ambages les ressources de l’économie nationale, bafouant les accords signés avec la Banque mondiale quant à l’utilisation de la rente pétrolière, impliqué dans la contrebande avec l’Arabie saoudite, spéculant contre sa propre monnaie à l’approche de la dévaluation du franc CFA, en janvier 1994, grâce aux informations dont il bénéficiait en sa qualité de chef d’Etat, éclaboussé par un trafic de faux dinars de Bahreïn, il a néanmoins joui du “soutien sans faille” de la part de la France. Les rebelles qui veulent maintenant le renverser sont eux-mêmes issus de son entourage et ont donc longtemps bénéficié des sollicitudes de Paris avant de trahir un maître désormais moins partageux.

Nicolas Sarkozy a doublé la mise. Au risque de finir de s’aliéner ses partenaires européens qui déjà redoutaient le dévoiement de la force européenne (Eufor), il a engagé dans les combats des officiers d’état-major, le 1er février, et des éléments du commandement des opérations spéciales (COS), le 2. Il a ensuite livré des armes le 4 février via la Libye, dont le dirigeant avait été reçu en décembre 2007 à Paris avec les égards que l’on sait. Le 6 février, le ministre de la défense, Hervé Morin, s’est rendu à N’Djamena pour réitérer le “soutien sans faille” de la France au président Déby, et, pour que chacun comprenne le message, il s’est fait photographier l’oeil dans le viseur d’une arme automatique.

A quelques mois de la présidence française de l’UE, le coût diplomatique de ce choix sera élevé. Politiquement, et sans doute militairement, il sera payé en pure perte puisque le régime tchadien est exsangue et n’est plus qu’un miraculé du COS. Tôt ou tard, il sera remplacé par l’un de ses clones, avec ou sans l’aide du Soudan. Les livraisons d’armes nourriront la reprise de la guerre dans l’est du Tchad et au Darfour, voire en Centrafrique. Jusque-là, cette politique absurde reste dans la continuité des années 1990-2000. L’habillage onusien ex-poste de l’intervention française ne constitue pas non plus une rupture, quoi qu’en dise l’Elysée. Jacques Chirac et Dominique de Villepin étaient déjà parvenus à vêtir de la sorte l’opération “Licorne” en Côte d’Ivoire, quelques semaines après son déclenchement.

Non, la vraie rupture est ailleurs : dans la pornographie de la mise en scène, inédite dans une “Françafrique” qui pourtant n’a jamais été bégueule en la matière. Pour tenir sa promesse vantarde d’arracher aux griffes de la justice nègre L’Arche de Zoé, Nicolas Sarkozy a, dans les faits, troqué la grâce de six criminels humanitaires français contre l’arrestation musclée des quatre principaux leaders de l’opposition légale tchadienne, signataires de l'”accord politique global visant à renforcer le processus démocratique”, paraphé le 14 août sous les auspices de l’Union européenne.

Certes, Hervé Morin a dit vouloir se préoccuper de ceux-ci dès que la situation le permettrait. Mais deux, quatre, huit jours à 220 volts, sous le fouet ou en balançoire, c’est long, monsieur le ministre. Si tant est que ces hommes soient toujours vivants. Et sans parler de leurs militants, raflés dans les quartiers de N’Djamena, emprisonnés, torturés, voire exécutés, dans les heures et les jours qui ont suivi le miracle du COS. Paris n’a pas su, ou pas voulu, monnayer son intervention contre le respect du pluralisme et des droits de l’homme. Le ton martial du président Déby indique que la chasse aux démocrates (et non seulement aux rebelles) est ouverte. Son cynisme laisse présager le pire : “Je ne m’occupe pas du tout de ces détails que nous verrons plus tard”, a-t-il déclaré à propos des quatre disparus.

Tout comme Juvénal Habyarimana après l’offensive du Front patriotique rwandais en octobre 1990, il a utilisé et continuera d’instrumentaliser l’attaque militaire dont il a été l’objet pour se retourner contre l’opposition légale avec la caution de la France et pour mettre hors d’état de nuire les mouvements qui auraient pu contribuer à une sortie politique du conflit armé. Sur le terrain, les troupes françaises collaboreront avec des homologues tchadiens coupables d’assassinats politiques, comme au Rwanda quinze ans auparavant, même si les deux situations ne sont en rien comparables. A l’Europe, il est signifié ce que valent ses auspices, et celle-ci, au demeurant, se couche.

Le plus sordide reste à venir sur nos écrans de télévision. La grande joie de la nation saluant la libération de ses humanitaires égarés, mais trop injustement punis par la justice nègre, occultera définitivement le sauvetage militaire d’un pouvoir prédateur et meurtrier au prix de l’annihilation de son opposition légale. Le discours de Nicolas Sarkozy sur l’Afrique, depuis son élection, nous a préparés à cette arithmétique : six coupables blancs valent quatre innocents noirs, et le sort de centaines de victimes anonymes envoyées ad patres par des munitions françaises est un non-événement puisque les médias l’ont tu et que ces morts n’appartiennent pas à l’histoire. Obscène.

Néanmoins, cette obscénité n’est pas qu’une faute de goût de la part d’un président qui décidément n’en a guère. Annoncée par le discours de Dakar et par le mépris affiché à l’endroit de la justice tchadienne, elle entachera définitivement son action au sud du Sahara pour le restant de sa carrière politique. Elle souille la compétence et le dévouement des serviteurs de l’Etat qui vaille que vaille oeuvrent aux relations franco-africaines dans un contexte difficile. Elle compromet le travail et la sécurité des entreprises et des ONG de notre pays, qui sont actives sur le continent. Elle plonge dans la honte et la colère les Français et les Africains qui se font une autre idée de la République et hésitent désormais à se regarder dans les yeux.


Jean-François Bayart est directeur de recherche au CNRS.

Editorial

Traditionnellement, cette période est l’occasion d’échanger des vœux et des souhaits de bonheur et de réussite pour l’année civile qui commence.

Le Centre MEDEM sacrifie volontiers à cette tradition et espère que cette année soit douce pour chacun d’entre vous et que nous puissions partager de nombreux moments joyeux et intéressants ensemble, au cours de nos activités.

Même si l’année qui s’avance ne semble pas particulièrement clémente.

Sur le plan national, nous assistons en effet à ce qui semble une dégradation du politique dans son sens le plus élevé, pour devenir un spectacle où le plus clinquant, le plus « bling-bling », le plus cinglant remplace la réflexion de fond et l’écoute de l’autre.
Des remises en cause du Président de la République sur des sujets comme la laïcité, le service minimum, l’immigration, les affaires étrangères apparaissent et disparaissent au gré de ce qui semble être une improvisation constante sans cacher quelque cacophonies gouvernementales comme le 14ème plan banlieue, récusé par un ministre avant même d’avoir été présenté.

Sur le plan international, la situation semble encore plus dramatique : les guerres ethniques ou claniques font flores, la prise d’otages est devenue le sport national de certains pays tout comme l’antisémitisme reste une valeur sûre pour d’autres, mille inquiétudes s’élèvent quand à la course de l’Iran vers un nucléaire militaire, le conflit du Proche-Orient est enlisé, l’Europe n’enthousiasme personne, les organismes internationaux sont impuissants ou complètement dévoyés comme le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU qui prépare un Durban 2.

Sur tous ces sujets, Le Centre MEDEM, propose une réflexion qui se tient de deux façons différentes :

La première avec les conférences-débats du mardi : nous avons, par exemple, évoqué la mascarade de Durban avec l’historienne Malka MARCOVICH et Pierre FOURNIEL, délégué Général de la LICRA. Nous organisons le 25 mars une table ronde sur l’Iran auquel nous vous convions nombreux.

La seconde en contribuant à alimenter notre site : en effet, dans la rubrique Documents > Revue de presse du site centre-medem.org, nous publions chaque mois des extraits de différents journaux, magazines revues en ligne qui semblent pertinents sur les sujets qui nous touchent. Vous pouvez participer à cette rubrique, soit en l’alimentant par des extraits de presse que vous trouvez intéressants, soit par vos commentaires.

Pour trouver des moyens d’agir dans ce monde complexe et violent, le premier levier est le partage de nos connaissances et de nos réflexions.

C’est notre fortune, il convient de la dépenser sans compter.

Meilleurs vœux et bonne année.
Le comité.

Lea Mimoun

Léa Mimoun

chantera pour vous

BARBARA

accompagnée au piano par le
talentueux
Patrick Langlade

Dix ans après la mort de la chanteuse

[…] “Léa Mimoun donne le frisson avec sa voix si proche de celle de Barbara : “J’ai grandi avec le répertoire de Barbara, je dormais avec ses vinyles. Ses mélodies classiques, proches de Chopin, me touchaient autant que sa sensibilité de femme. Je ne cherche pas à l’imiter. Ses chansons je les ai faites miennes “.
[…] Léa Mimoun a observé des têtes de post-adolescents dans les salles où elle se produit […]

Avec justesse et authenticité, Léa Mimoun s’approprie le merveilleux répertoire de Barbara et le réinvente pour le plus grand bonheur de son public toujours plus nombreux.
Tendresse, chaleur, tourment et humour seront au rendez-vous de ce concert.
Ne ratez pas cette occasion de partager avec Léa Mimoun, accompagnée au piano par Patrick Langlade, ce « moment magique », cet « instant sublime » de textes et de musique intemporels servis par une très belle voix.
Le Nouvel Observateur du 23 Novembre 2007
Sophie Delassein

Il est prudent de réserver auprès de Marie au 01 42 02 17 08 P.a.f.

La Resistance

Après notre avant première

Victimes contre boureaux

Sur France 2

Vivre libre ou mourir

Lundi 18 février à 20h50

La Résistance n’existait pas encore, et pourtant, dans tout le pays, les manifestations de colère éclataient : grèves, sabotages, manifestations patriotiques, journaux clandestins, réseaux d’évasion pour prisonniers de guerre…

Quand il fallait sauver les juifs

Mardi 19 février à 20h50

Organisations issues des communautés juives, associations caritatives de la société civile… Toutes se retrouvent confrontées à deux barbaries antisémites,

Sur France 5

Le sourd grondement d’un peuple

Vendredi 22 février 15h35

Comment les sociétés civiles réagissent-elles lorsqu’elles sont confrontées aux violences les plus extrêmes, au totalitarisme ? Occupation militaire, barbarie, crimes de masse sont destinés à écraser les individus, à briser les solidarités

La lutte armée

Vendredi 29 février 15h35

Un attentat toutes les heures ! En décembre 1943, les résistants frappent partout en France. Ce n’est pas encore le paroxysme de l’été 1944, mais l’impalpable frisson rebelle qui parcourait la France après la débâcle de 1940 a enfin pris corps.

Victimes contre boureaux

Vendredi 7 mars à 15h30
Les communautés juives vivant en France ne se sont pas laissé faire, contrairement à ce que beaucoup croient. Si les trois quarts des Juifs ont échappé à la déportation, c’est d’abord parce qu’ils ont résisté

Face à la déportation des juifs

Vendredi 14 mars à 15h30

Eté 1942. En Europe, les rafles de Juifs se multiplient. Mais en France apparaît une résistance face aux persécutions antisémites. 320 000 Juifs vivaient dans l’Hexagone en 1940.

Judéité, laïcité, citoyenneté

Disons-le d’emblée : malgré les vicissitudes de leur histoire au sein de notre pays (notamment l’antisémitisme de l’affaire Dreyfus et celui des années du nazisme), les juifs ont acquis un statut tout à fait satisfaisant et honorable, à l’égal des autres communautés confessionnelles.
Dans le paysage laïc de la France républicaine, ils peuvent concilier, sans problèmes majeurs, leur fidélité à leur foi ancestrale et leur citoyenneté.

Les décisions du Grand Sanhédrin de 1807 avaient permis de sauvegarder à la fois la judéité, la laïcité et la citoyenneté de nos ancêtres du XIXe siècle. Aujourd’hui, au nom d’une laïcité mal interprétée, certains de nos coreligionnaires présentent des exigences peu conformes à l’esprit qui animait les rédacteurs du Grand Sanhédrin.

Le Talmud lui-même avait déjà énoncé le fameux principe : Dina demalekhouta dina « La loi du royaume (de l’État) est la loi », au nom duquel le juif est tenu de se soumettre à la loi civile de son pays dans la mesure où elle ne le contraint pas à des actes immoraux (meurtre, adultère, idolâtrie).

Mais alors, comment comprendre les demandes de saisine de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde), de la part d’associations juives ? Créée en 2004, la Halde a pour mission générale, rappelons-le, de lutter contre les discriminations prohibées par la loi, de fournir toute l’information nécessaire, d’accompagner les victimes, d’identifier et de promouvoir les bonnes pratiques pour faire entrer dans les faits le principe d’égalité. Il ne semble pas a priori que les demandes de saisine enregistrées ces derniers mois, en provenance des dites associations juives, entrent vraiment dans le cadre de discriminations ou d’atteintes à la liberté.

En France, chacun peut revendiquer son identité sans oublier sa citoyenneté. Ce qui est demandé à chacun est de s’intégrer à la communauté nationale, non de s’assimiler.
Cette nuance est essentielle : elle est de nature à rassurer les membres de toutes les minorités nationales sur le fait que la République ne leur demande pas de disparaître culturellement ou religieusement, mais, tout en conservant leurs traditions, d’assumer une citoyenneté loyale et raisonnable.

C’est, nous semble-t-il, ce qu’avaient bien compris les membres du Grand Sanhédrin de 1807 ; c’est ce que certains ne semblent plus comprendre aujourd’hui, accumulant des exigences de moins en moins compatibles avec une véritable citoyenneté. Leur prise en compte par les pouvoirs publics irait à l’encontre de la laïcité française à laquelle nous sommes très attachés.

Quelques exemples recueillis dans le compte-rendu d’une visite du ministre de l’Intérieur et des Cultes, le 22 novembre dernier au Consistoire de Paris par le mensuel Information juive. Parlant des «préoccupations essentielles (…) pour la communauté juive», un des articles énonce entre autres : « la fiscalité des dons, la cacherout (…), les places dans les carrés confessionnels juifs dans les cimetières (…), le calendrier des examens pour les élèves et les étudiants juifs (…), la nourriture cachère dans les hôpitaux, les systèmes d’entrée de certains immeubles le shabbat…».

Force est de constater, face à cette énumération, que la communauté juive émet là des exigences qui sont des formes de privilèges allant bien au-delà des règles d’une laïcité bien comprise.
Si chaque minorité nationale devait s’en inspirer, il est à craindre que la vie du pays serait parcellisée et peu propice à l’intégration tant désirée par les pouvoirs publics. Faut-il rappeler, par exemple, que les carrés confessionnels dans les cimetières municipaux sont des dérogations, non un droit en soi ? Concernant les digicodes en bas des immeubles, il est inadmissible de vouloir en imposer l’arrêt le shabbat au prétexte d’une pratique orthodoxe de certains locataires juifs, et aux dépens de la sécurité et de la tranquillité du reste des occupants de ces immeubles.

On peut comprendre le désir de certains de vivre selon toutes les prescriptions de leur religion, mais ils doivent admettre que ce n’est pas possible dans un pays dont les coutumes et les lois ont été façonnées par des siècles de chrétienté et qui, de surcroît, se propose d’intégrer tant d’autres minorités. Il y a deux siècles, en acceptant la devise de la République Liberté, égalité, fraternité les juifs ont aussi implicitement accepté cette autre devise : Judéité, laïcité, citoyenneté

Le Figaro. 18/01/2008

Deux femmes d’honneur

En proposant, lors de sa visite en Inde, à Taslima Nasreen de se rendre à Paris pour recevoir le prix Simone-de-Beauvoir, le président de la République a souhaité exprimer à l’écrivaine bangladaise menacée de mort par les intégristes islamistes le soutien de la France dans son combat pour la liberté. Il a voulu lui dire que la France éternelle, celle de 1789, de Hugo, de De Gaulle, de Simone Veil, celle de Ni putes ni soumises, l’a entendue. La parole présidentielle est celle de tout un peuple qui s’est promis de porter, par-delà les océans, ces mots qui tonnent, jusqu’à donner le vertige aux peuples étrangers : “liberté, égalité, fraternité”.

Le crime de Taslima Nasreen est d’avoir écrit que l’islam n’autorisait pas l’humiliation des femmes : “Faut-il que je paie le crime d’être née femme ?” Elle paie si cher, Taslima, obligée de quitter son pays en 1994 ; contrainte à une longue errance qui l’a conduite en Inde, où, en 2007, sa tête a été mise à prix pour 500 000 roupies par un groupe islamiste. Nous aurions voulu la rencontrer pendant notre séjour indien pour lui dire que la France ne l’oubliait pas. Elle se rappelle à notre souvenir au moment où Benazir Bhutto est assassinée. Cet assassinat et l’errance de Taslima Nasreen nous rappellent que le pire peut côtoyer le meilleur, l’obscurantisme cohabiter avec la modernité. Pour l’avenir, selon qu’il tranchera dans un sens ou dans l’autre, le sous-continent indien sera un exemple ou un cauchemar pour le monde.

11 septembre 2007 : Ayaan Hirsi Ali est à Paris.

Notre rencontre tombe le jour anniversaire des attentats de New York. Ex-députée néerlandaise d’origine somalienne, elle arrive en France, chargée du poids d’une fatwa qui l’a conduite à se réfugier aux Etats-Unis. Qu’elles soient du Bangladesh ou de la Somalie, les combattantes de la liberté se ressemblent toutes : chez Ayaan comme chez Taslima, la douceur cohabite avec la hardiesse. Taslima dit ces mots froids : “Femmes, libérez-vous des morsures de la peur pour vous tenir debout, droites et fières !” Ayaan, elle, a l’audace de celles qui jouent leur va-tout, quand elle dit : “Vous pouvez exprimer votre opinion, mais votre tête sera coupée. Vivre dans une démocratie ne change rien à l’affaire, alors que c’est rien de moins que la liberté d’expression qui se joue !”

Elle vous enchante, Ayaan, autant qu’elle vous glace. Sa vie a été aussi mise à prix : elle a participé à l’écriture d’un scénario de film sur l’islam. L’auteur du film, Theo van Gogh, a été assassiné en plein jour, en 2004, de huit coups de revolver. Son meurtrier a égorgé son cadavre et lui a planté deux couteaux dans la poitrine. Dessus, une fatwa adressée à Ayaan Hirsi Ali.
Taslima, Ayaan, deux femmes pourchassées pour avoir osé dire leur vérité de femmes libres. On peut les trouver dérangeantes, excessives, sulfureuses. On n’est pas obligé d’être en accord avec leurs propos, mais elles doivent avoir le droit de les tenir. Toutes les fureurs qu’elles portent en elles doivent être entendues par le pays des droits de l’homme. Le long sanglot de ces Voltaire des temps modernes est celui de femmes qui ne veulent pas vivre à genoux. Leur détresse est notre humiliation. Leur désarroi, notre remords.

Ayaan et Taslima, que tout sépare mais que les fatwas rapprochent, en ont toutes les deux appelé au même pays, la France. Pourquoi nous ? Parce qu’un jour nous avons eu l’audace inouïe de nous proclamer pays des droits de l’homme. Parce qu’elles ont entendu Nicolas Sarkozy prendre le parti des femmes opprimées dans le monde et annoncer courageusement que, désormais, elles étaient françaises. Parce qu’être français, c’est pour elles, être libre.
C’est à elles que les femmes françaises ont décidé d’attribuer le prix Simone-de-Beauvoir. Mais Ayaan veut aussi que nous l’aidions à assurer sa sécurité où qu’elle soit. Taslima, elle, souhaite que l’Inde lui accorde la nationalité indienne. Ce que veulent ces deux femmes, c’est la liberté de circuler sans risquer d’être tuées.

Face à leurs requêtes, certains peuvent choisir le parti de la prudence, de peur de provoquer les fondamentalistes. Alors que la main des terroristes ne tremble pas quand il s’agit de tuer, le monde occidental, lui, tremblerait-il désormais quand il s’agit d’affirmer ses valeurs de liberté, de justice, de solidarité ? C’est pourquoi je propose que l’Europe fasse de l’égalité des droits entre les hommes et les femmes une priorité partout dans le monde, y compris les pays musulmans.

Si nous abdiquons, nous risquons de nous trouver dans une situation où ce sont ces femmes isolées, venues de pays supposés étrangers à nos valeurs, qui les défendront le mieux. Ne pas les soutenir, c’est négliger nos valeurs. Les oublier, c’est oublier qui nous sommes. Nous sommes à un tournant civilisationnel. Ce sera eux ou nous. Taslima et Ayaan l’ont compris. Il est encore temps de les sauver. Et, de nous sauver nous-mêmes.

110 ans du BUND

LE BUND A 110 ANS

En octobre 1897 13 militants socialistes juifs (dont 2 femmes) réunis dans un faubourg de Vilna fondèrent

“Der Allgemeiner Yiddisher Arbeiterbund in Russland un Poyln” appelé plus tard “Der Yiddisher Arbeiter Bund”, le Bund ouvrier juif,

mouvement politique, culturel, diasporique, laïque, internationaliste et yiddishiste.

fondation
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A l’occasion de cet anniversaire, le Centre Medem- Arbeter Ring qui en est l’un des héritiers direct propose de nous rencontrer autour d’un verre de l’amitié, en compagnie d’historiens, de militants, de sympathisants et de ses nombreux amis qui souhaitent s’informer ou témoigner de la façon dont les valeurs du Bund sont toujours vivantes.

historique

Le nombre de places étant limité, merci de vous inscrire au secrétariat
auprès de Marie tel : 01 42 02 17 08

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