Les livres de mai 2019

On garde toujours pour les lecteurs qui ne l’ont pas encore lu

LES DERACINES

Catherine Bourdon

éd. Les Escales, 742 pages

Ne vous fiez pas au nombre de pages : ce bon gros roman se lit facilement : en effet, loin de toute prétention littéraire, C. Bourdon nous raconte une histoire mouvementée en plusieurs épisodes intéressants et très documentés :

La vie des juifs viennois à la veille de l’arrivée de l’Anschluss. Puis, les premières violences. La dislocation des familles, les parents cherchant à mettre leurs enfants à l’abri.

Le départ d’un jeune couple et de leur tout petit Frédéric. Wil et Almah n’ont pas d’autre choix que de participer à la fondation d’une “colonie” à Saint-Domingue, qui a le kibboutz pour modèle.

La vie à Sosia des “jeunes bâtisseurs”, leurs joies, leur nostalgie, leur difficultés.

Le retour à la paix et la disparition programmée de la “colonie”.

Parfait pour les vacances, et donnant une bonne idée de la vie de ces migrants.

LA MORT DU KHAZAR  ROUGE

de Shlomo Sand

Seuil, 381 pages

Shlomo Sand, historien israélien, a suscité une très vive réaction contre sa théorie selon laquelle le “roman national” israélien est faux et forgé de toute pièce.

Grâce à ce roman policier, il a trouvé une moyen de se faire connaître du grand public : l’action se passe dans les milieux universitaires et oppose les tenants de l’histoire officielle à ceux qui osent les défier; c’est-à-dire ceux qui pensent que les juifs ne sont pas les seuls à faire valoir leurs droits sur ce petit bout de terre. Les victimes font toutes partie d’un même milieu considéré comme subversif. Il ne faut pas moins de deux commuissaires de police pour résoudre ces crimes qui s’étendent sur une longue durée…

Sand multiplie les considérations historiques justifiant son point de vue, mais le roman est plaisant à lire, en dépit de ses maladresses. On attend la suite!

LA FRANCE SANS LES JUIFS

Danny Trom

PUF, 155 pages

D’une certaine façon, on pourrait dire que l’auteur a tenté de conjurer le sort en écrivant cet essai. Comme si, dans son for intérieur, il espérait avoir tort!

Comment en est-on arrivé là? Plus de 20.000 juifs ont quitté la France ces dix dernières années. Les gouvernements successifs ont assuré la population juive de leur solidarité, tandis que la population arbo-musulmane était montrée du doigt. Celle-ci n’est cependant pas la seule “responsable” : la question israélo-palestinienne vient polluer les débats. Une partie de la gauche française n’a pas voulu voir les dangers que représente la défense du peuple palestinien, lorsqu’elle est dévoyée… Sans parler de l’affaiblssement des Etats-nations.

Même si l’on se refuse à aller aussi loin que Danny Trom, on ne peut que difficilement nier la réalité qui semble lui donner raison. A méditer

LES AVENTURES DE L’INFORTUNE MARRANE JUAN DE FIGUERAS

Jean-Pierre Gattégno

éd. de l’Antilope, 437 pages

Comme tout bon roman d’aventure, ce livre s’avère moins superficiel qu’il n’y paraît : c’est avant tout une vision historique de l’Espagne au temps de l’Inquisition, avec tout ce qu’elle a comporté de souffrances pour la population juive et musulman. C’est aussi l’apprentissage de la violence, de la duplicité et de l’immoralité pour un jeune marrane qui ignore tout de sa propre histoire. C’est enfin un réquisitoire contre la religion telle que les êtres humains la pratiquent.

Sans dévoiler l’histoire et  ses nombreux rebondissements, sachez seulement que le jeune sévillan Juanito, envoyé tout jeune dans un horrible collège pour y devenir prêtre, s’enfuit après y avoir appris la fourberie, le péché de chair, le vol et les violences de toute sorte. Ce viatique le rendra un peu moins naïf, mais il lui faudra encore bien des aventures et des désillusions avant de s’affirmer…

Bonne lecture à tous!

Classé sans suite

Claudio Magris 

Gallimard, 480 pages

Ce roman nous plonge dans le passé trouble de Trieste. Pendant le dernière guerre, la Risiera de Trieste, l’usine de décorticage du riz, a servi de camp de transit pour Auschwitz et de camp d’extermination, le seul d’Italie. A la libération, les installations ont été détruites à la hâte. Pendant longtemps cet épisode a été occulté et l’affaire « classé sans suite » .

Ce contexte, nourri par les longues recherches de Claudio Magris , intellectuel érudit de la mitteleuropa, sert de toile de fond aux récits croisés de deux personnages. L’un, qui s’appuie sur un homme qui a réellement existé, collectionne toutes les armes de guerre, dans le but de créer un musée de la guerre destiné à devenir un instrument de la paix. L’autre est une jeune femme engagée pour réaliser ce projet et qui s’interroge sur les stratégies à mettre en œuvre pour organiser le musée, après la mort mystérieuse de son créateur.

Le roman nous raconte la quête maniaque de cet homme obsédé par la construction de son musée et la collecte de tout ce qui peut faire arme . En parallèle, nous découvrons la vie de Luisa, née à Trieste d’une mère juive et d’un père noir américain venu libérer la ville. Sa grand-mère est morte à la Riseria, dans des conditions troubles. Le roman comporte de multiples digressions, dans le temps et l’espace.

Ce très beau roman très érudit s’adresse à un lecteur averti, prêt à se laisser porter par des récits qui s’entrecroisent.

LA NUIT RECOMMENCEE

Leopoldo Brizuela

éd. du Seuil, 284 pages

Pour le narrateur, la confrontation entre ses souvenirs d’enfant et la réalité est de l’ordre de la rédemption. Ce qu’il a vu lors des années de dictature en Argentine l’a marqué profondément, sans qu’il en perçoive le sens véritable. En s’obligeant à un retour sur son enfance, il doit faire face à deux difficultés essentielles : celle d’être capable ou pas de raconter, et celle de faire face à la réalité : son père, avec la complicité passive de sa mère, a dénoncé des voisins juifs soupçonnés de s’opposer au régime des généraux. Par pur antisémitisme. Ce n’est que progressiveement, laborieusement, qu’il re-découvre l’affreuse vérité… Ce n’est qu’en écrivant, en affrontant la vérité, qu’il pourrait se libérer? Pas si simple…

Roman passionnant, qui débute par une narration presque anodine, mais dont la tension se révèle peu à peu, dans toute sa dureté.

MONARQUES

Philippe Rahmy

Table Ronde, 198 pages

Ce livre inclassable et original revient sur un épisode tragique de la Seconde Guerre mondiale : l’origine de la Nuit de Cristal, dont le prétexte a été l’assassinat de Von Rath, attaché de l’ambassade allemande à Paris, par H. Grynszpan, en 1938..

Le narrateur, de nationalité suisse, est sans doute le double de l’auteur. 1983.  Faisant ses études à Paris, il doit retourner en Suisse au chevet de son père mourant. C’est là que se forme son projet d’écrire sur la vie de Herschel Grynszpan. Pour ce faire, il voyage en Europe et en Israël, et nous livre ses découvertes, mais aussi ses impressions de voyage : il découvre la vie israélienne et est sensible à l’atmosphère de ce pays qu’il se refuse à juger. Il y voit des correspondances avec la vie d’exilé de son père, né de père égyptien, et que sa mère a emmené en Europe dans sa fuite. Tels ces grands voyageurs que sont les monarques, obligés de se déplacer vers des cieux plus cléments.

La personnalité de l’auteur, qui transparaît au travers de ses réflexions sur la vie telle qu’elle est, c’est-à-dire violente, est très attachante, et c’est ce qui fait tout l’intérêt de ce livre hors norme.

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Les livres de mars 2019

LES DERACINES

Catherine Bourdon

éd. Les Escales, 742 pages

Ne vous fiez pas au nombre de pages : ce bon gros roman se lit facilement : en effet, loin de toute prétention littéraire, C. Bourdon nous raconte une histoire mouvementée en plusieurs épisodes intéressants et très documentés :

La vie des juifs viennois à la veille de l’arrivée de l’Anschluss. Puis, les premières violences. La dislocation des familles, les parents cherchant à mettre leurs enfants à l’abri.

Le départ d’un jeune couple et de leur tout petit Frédéric. Wil et Almah n’ont pas d’autre choix que de participer à la fondation d’une “colonie” à Saint-Domingue, qui a le kibboutz pour modèle.

La vie à Sosia des “jeunes bâtisseurs”, leurs joies, leur nostalgie, leur difficultés.

Le retour à la paix et la disparition programmée de la “colonie”.

Parfait pour les vacances, et donnant une bonne idée de la vie de ces migrants.

VOYAGE AVEC L’ABSENTE

Anne Brunswic

éd. Actes Sud, 197 pages

Sur ce tableau figure en tout premier l’absente : cette mère dont la mort a été tue à ses cinq enfants, car ils ne “pouvaient pas comprendre”.

Anne, revient donc sur cette histoire familiale. Son but est de retrouver sa mère, morte alors qu’elle avait 8 ans. Un silence de plomb s’est installé dans cette famille au point que les enfants ont tout bonnement effacé leur mère. Anne mène une sorte de quête pour la retrouver, pour la recréer en quelque sorte, malgré tout.

En recherchant des réponses à tous ces silences d’adultes, l’auteur raconte toute une époque dure à vivre, celle de la guerre et de l’après-guerre. Elle retrace aussi une histoire de femmes du 20e siècle, en filigrane.

Roman sans concession et très émouvant.

LE PRIX

Cyril Gely

éd. Albin Michel, 220 pages

Inspiré d’une histoire vraie, ce roman met en scène deux scientifiques que la Seconde Guerre Mondiale a séparés : un chimiste, Otto Hahn, et une physicienne, Lise Meitner. Ils travaillent ensemble depuis plus de trente ans et sont sur le point de faire une découverte essentielle lorsque, en 1938, elle est obligée de fuir Berlin et de se réfugier en Suède. Quelques années plus tard, Hahn vient à Stockholm recevoir le prix Nobel. Lise vient voir son vieil ami… pour régler ses comptes?

Tout en dialogue, ce roman est d’une grande profondeur et d’une grande finesse psychologique. Les personnages ont été ballottés par la guerre. Ne restent que les regrets.

Excellent roman

L’ENIGME ELSA WEISS

Michal Ben-Naftali

éd. Actes Sud, 202 pages

Elsa Weiss, professeur d’anglais à Tel-Aviv, représente une énigme pour ses élèves, car elle ne manifeste aucune émotion : ni empathie, ni colère, ni aucun autre sentiment. Ils comprennent que cette froideur apparente cache un lourd secret.

Elle-même élève d’Elsa Weiss, l’auteur s’attache à comprendre pourquoi un tel mur se dresse devant ceux qui veulent taire ce qu’ils ont vécu : la Shoah. Elsa Weiss, par exemple, semble se détacher peu à peu de ce qui devrait la rattacher à la vie : la chance de  s’en être sortie, d’avoir retrouvé son frère, de pouvoir vivre normalement, d’aimer… Comment en arrive-t-elle à se suicider?

En tentant de comprendre, l’auteur ré-invente la vie de la rescapée, comme pour la sauver de l’oubli, pour lui dire aussi combien cette tentative lui est en un sens salutaire, à elle. Ce fut douloureux pour les rescapés, c’est également douloureux pour les autres, même si le fossé qui les sépare est infranchissable.

Roman épuré et plein de gravité

CONSIDERATIONS SUR LA FRANCE

Jean-Claude Milner

éd. Cerf, 188 pages

Bien que cet essai ne soit pas récent, il est toujours d’actualité : la démocratie française se défait, sous les coups de boutoir obscurantistes ou réactionnaires. Milner ne cache pas son attachement au marxisme et ses analyses percutantes ont de quoi nous ébranler. Nous sommes bien loin des débats médiatiques, car il prend de la hauteur pour analyser les forces en présence.

Bien humblement, je ne suis pas en mesure d’émettre une critique fondée… La seule partie qui m’a dérangée, c’est celle consacrée à l’Islam : faut-il ajouter foi à son affirmation selon laquelle l’islam est un danger pour la France? Nous sommes 67 millions, parmi lesquels 10 pour cent de musulmans…

Essai d’une grande profondeur, avec une remise en perspective salutaire

CARNAVAL NOIR

Metin Arditi

éd. Grasset, 399 pages

Metin Arditi nous entraîne cette fois dans les méandres de l’Histoire. Les soubresauts actuels ne seraient-ils qu’une répétition de ce qui s’est passé à Venise au 16e siècle? Le pape François serait-il en danger, tout comme l’ont été ses prédécesseurs, pour avoir été trop tolérant? En établissant un lien entre les réactionnaires d’antan et ceux d’aujourd’hui, Arditi fait un rapprochement un peu osé qui ne passe pas toujours : l’intrigue s’en ressent et n’est pas toujours crédible. Cependant, ce roman reste intéressant par le contexte historique, en dépit de ses défauts. L’avertissement de l’auteur ne laisse pas indifférent.

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Les livres de février 2019

Dans le faisceau des vivants

V. Zenatti

éd. de l’Olivier, 153 pages

Quel magnifique hommage à Aharon Appelfeld, qui vient de mourir, laissant Valérie Zenatti sans mentor!

Dans une première partie, elle nous fait ressentir ce que l’écriture d’Appelfeld avait de profondément humaniste. Les citations sont éloquentes dans leur simplicité.

Dans une seconde partie, elle nous raconte son voyage à Czernovitz, sur les traces d’une enfance brutalement interrompue par la guerre. Appelfeld, citoyen israélien, n’a jamais oublié d’où il venait. Il a une double culture qui fait de lui un citoyen à part, dans un Israël qui veut créer un juif “nouveau”. Il nous rappelle que nous sommes ce que l’enfance a fait de nous.

Ce voyage permet à l’auteur de faire son deuil, mais aussi de nous rendre Appelfeld plus proche; si proche que son oeuvre survit en nous.

EREV… à la veille de…

Eli Chekhtman

Buchet-Chastel – 815 pages

Cette vaste saga, traduite du yiddish par Rachel Ertel, nous raconte l’histoire de la famille Boïar depuis le début du 20e siècle jusqu’à la seconde guerre mondiale puis à la création de l’état d’Israël.

Ce roman très attachant force l’admiration : il est le témoignage d’un tel amour pour ce peuple balloté par l’histoire, que l’on est souvent bouleversé par les personnages. Ils vivent et se débattent dans des conditions extrêmes. leur monde est plein de violence; tous les sentiments sont exacerbés. Bien souvent, la seule issue est la mort. Plusieurs fois, il nous est arrivé de vouloir en abandonner la lecture. Impossible. Tous ces hommes et ces femmes qui ne peuvent réaliser leurs espoirs forcent le respect. Nous ne pouvons pas abandonner ni oublier ce monde d’où nous venons.

Mon nom est Jamaïca

José Manuel Fajardo

éd. Métaillié – 300 pages

Ce roman n’est pas une nouveauté, mais il s’inscrit dans le thème d’une future exposition du Centre Medem sur le monde sépharade (INDIGO)

Santiago, professeur d’histoire, vient participer à un congrès à Tel-Aviv. Il est en deuil pour la deuxième fois : ayant déjà perdu sa femme, il vient de perdre son fils, dans un accident de voiture. C’en est trop pour lui.

Commence alors une dérive délirante dans sa tête : persuadé d’avoir des ancêtres juifs, victimes au long des siècles, il veut prendre la défense de toutes les victimes, quelles qu’elles soient. En compagnie d’une amie fidèle paniquée, il se lance dans un voyage initiatique halluciné et dangereux, qui le mène de Jénine à Aubervilliers.

Impossible de relater toutes les pistes qui partent de cet esprit enfiévré. En sa compagnie, nous faisons un voyage historique passionnant de Tel-Aviv à l’Amazonie… Que de morts violentes, que d’injustices, que de vies sacrifiées par notre humanité aveugle.

Mené à un rythme haletant, ce roman mélancolique est une réussite.

Comme deux soeurs

Rachel Shalita

Points – 301 pages

(traduit de l’hébreu)

Ce premier roman porte un regard attendri sur le passé d’Israël : deux amies d’enfance suivent des voies divergentes dans les années 1950 : l’une, Tsiona la bien nommée, veut faire partie des bâtisseurs et des défenseurs du jeune état; tandis que l’autre, Vera, a un tempérament d’artiste plus enclin à l’individualisme. Ces deux amies, inséparables depuis l’enfance, doivent affronter une rivalité amoureuse. Laquelle gagnera?

A partir de sa propre expérience vécue, l’auteure dresse le tableau d’un monde disparu : celui des premiers colons. Du point de vue proprement littéraire, il y a des maladresses; le style est très simple, trop peu travaillé, peut-être?

Un peu décevant.

BERLIN, 1933, la presse internationale face à Hitler

Daniel Schneidermann

Seuil – 445pages

Dans une longue introduction, Schneiderman justifie ce retour sur un passé vieux de 80 ans en établissant des comparaisons avec nos années Trump : les relations entre la presse et le monde politique ne sont jamais simples. Il prend pour exemple la période nazie, en précisant deux points importants : d’une part, il se refuse à suivre un fil chronologique. D’autre part, il rejette l’idée de faire oeuvre d’historien. Non par modestie, mais par on ne sait quels à-priori dont il est coutumier.

Et c’est bien là que le bât blesse. L’impression générale est celle d’un vaste fouillis encombré de considérations personnelles encombrantes. Où est le fil conducteur? On voit bien où il veut en venir, mais que de détours, que de pertes de temps pour un lecteur désorienté!

C’est raté!

La maison Rozenbaum

Evelyne Lagardet

Plon – 456 pages

Dans la Maison Rozenbaum, on mange cacher. Mais ce n’est pas pour autant qu’on s’y sent bien car le personnel n’est pas très avenant et malmène les pensionnaires.

Parmi les pensionnaires on peut rencontrer Suzy Moinel, ex-danseuse aux Folies-Bergère, Madame Assous, originaire d’Algérie, Monsieur Bensaïd, Madame Partouche et de nombreux autres… dont Sarah et Albert, deux rescapés de l’enfer des camps de concentration, pour qui chaque minute de vie est un pied de nez à la mort. 

Ballotés au milieu des luttes, des intrigues, des favoritismes, des abus de pouvoir entre les employés, les résidents comptent peu dans l’institution et les familles, complices ou révoltées, sont réduites au silence.

Mais dans le plus grand secret, Sarah et Albert, avec trois compagnons, vont semer un vent de révolte au sein de La Maison Rozenbaum,  qui va réveiller leurs compagnons d’infortune. Par la grâce de la musique et de l’éveil des sens, les autres pensionnaires vont renouer à la vie.

Une histoire d’amour et d’amitié éblouissante, le combat de deux résistants de toujours .

La dédicace de l’auteur nous invite à la réflexion:

“Pour que nos regards changent sur nos anciens”

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Les livres de Janvier 2019

Idiss

Robert Badinter

Editeur : Fayard – 236 pages 

Robert Badinter a écrit ce livre en hommage à sa grand-mère maternelle, Idiss.

A travers son histoire personnelle, Robert Badinter, le combattant, le défenseur des droits dont la bataille et la victoire emblématiques furent l’abolition de la peine de mort, raconte simplement l’histoire de sa famille et notamment de sa grand mère maternelle Idiss, juive, russe de Bessarabie, qui ne parle que yiddish.

L’ensemble constitue un très beau témoignage et éclaire concrètement le contexte historique, géopolitique des années 1920, à Paris, puis à Fontenay sous bois et le retour à Paris dans les années 30. La mort de son grand père et la tristesse d’Idiss demeurée inconsolable.

Il nous raconte aussi  le passage du shtetl à un statut de petit bourgeois français juif (israélite comme on disait alors) intégré avec fierté dans la république française qui les a accueilli.

Et enfin, le départ forcée de sa mère pour sauver ses enfants de la déportation en laissant sa mère Idiss, malade, avec son oncle à Paris.

En peu de mots, il exprime la douleur de cette séparation “…Valises bouclées, restait le plus douloureux : dire au revoir – en réalité adieu – à notre grand-mère. Ce moment-là, je l’appréhendais plus que tout autre. Je savais que ses jours étaient comptés. Sa vie allait s’achever et je ne la reverrais jamais. Cette pensée, je la repoussais de toutes mes forces. Mais elle était la vérité…”

Livre très émouvant.

INCH’ALLAH, l’islamisation à visage découvert

dir. Gérard Davet et Fabrice Lhomme,

Fayard, 293 pages

Ce livre fait écho à celui de Georges Bensoussan, sur le même sujet. Cependant, il n’a pas la même tonalité : beaucoup plus nuancé, sans nous rassurer pour autant, on sent la théorie journalistique sous-jacente, à savoir “des faits, et rien que des faits”.

Constitué d’interviews menés par des élèves-journalistes, le livre cherche à représenter tous les pôles d’activité présents dans le 93 : activités industrieuses, culturelles, religieuses, sociales, politiques et scolaires. Chacune est représentée par une personnalité interrogée représentative. Cela donne une impression un peu décousue, mais intéressante de par sa diversité. Nombre de faits significatifs ont déjà été relevés par d’autres enquêtes, et ne font que corroborer ce qui a déjà été signalé. Mais l’essentiel n’est pas là : d’une part, l’enquête semble assez exhaustive; d’autre part, on y trouve un certain nombre de propos beaucoup plus nuancés et plus divers que dans l’enquête de Georges Bensoussan.

La république a oublié ce département, et en recueille les fruits amers… mais pas pour tous.

ORPHELINS 88  

Sarah Cohen-Scali

Robert Laffont, 429 pages

 

“Josh” est un jeune rescapé de la guerre. Son prénom, il le doit aux Américains, car il est partiellement amnésique : il sait seulement qu’il vient d’un “lebensborn”.

C’est la déroute nazie qui lui a permis d’être recueilli dans un orphelinat géré par l’UNRA et dont la directrice, Ida, se dévoue totalement à la cause des enfants.Josh, qui vivait dans un espace clos dont il ne pouvait s’échapper, découvre peu à peu les orphelins de la guerre: juifs, enfants volés, enfants des rues “aryens”,bébés abandonnés… Tous veulent survivre, surmonter les terribles blessures de la guerre.

Il découvre aussi la négritude et le racisme, en la personne de Wally, sergeant chauffeur de l’orphelinat qui veille sur tous ces pensionnaires tourmentés. C’est lui qui l’accompagnera dans la recherche de sa famille.

Ce roman fait suite à “Max”, ou la vie dans un lebensborn allemand, mais il peut être lu séparément. Excellent roman parfaitement documenté, qui s’adresse à tout public à partir de 14ans. Bien raconté, il met en scène des personnages très attachants dont le désir de vivre nous touche infiniment.

UNE ODYSSEE : un père, un fils, une épopée  

Daniel Mendelsohn,

Flammarion, 427 pages

Daniel Mendelsohn est professeur de littérature classique à Bard College. Apprenant qu’il va faire travailler ses étudiants sur l’Odyssée, Jay, son père, décide de suivre ce séminaire. Professeur de mathématiques retraité (il a 81 ans), il s’intègre au groupe d’étudiants, participant aux débats avec vigueur.

Au cours de ce semestre, Daniel et Jay s’embarquent pour une croisière dont le thème est “sur les traces d’Ulysse”. Durant le voyage, père et fils se rapprochent progressivement et se re-découvrentavec tendresse.

Dans cet ouvrage inclassable, l’auteur revient sur le voyage d’Ulysse, sur le rapport de la culture grecque avec notre temps sans que cela soit pesant. Il sait se mettre à notre portée et ne nous ennuie jamais. L’alternance avec la narration de ce voyage entre père et fils s’inscrit très habilement dans le cours du récit.

Cela dit, je ne suis pas certaine qu’il soit si facile à lire. Pour lecteur averti?

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Les livres des mois d’Octobre et Novembre

ORPHELINS 88,

Sarah Cohen-Scali

Robert Laffont, 429 pages

 

“Josh” est un jeune rescapé de la guerre. Son prénom, il le doit aux Américains, car il est partiellement amnésique : il sait seulement qu’il vient d’un “lebensborn”.

C’est la déroute nazie qui lui a permis d’être recueilli dans un orphelinat géré par l’UNRA et dont la directrice, Ida, se dévoue totalement à la cause des enfants.Josh, qui vivait dans un espace clos dont il ne pouvait s’échapper, découvre peu à peu les orphelins de la guerre: juifs, enfants volés, enfants des rues “aryens”,bébés abandonnés… Tous veulent survivre, surmonter les terribles blessures de la guerre.

Il découvre aussi la négritude et le racisme, en la personne de Wally, sergeant chauffeur de l’orphelinat qui veille sur tous ces pensionnaires tourmentés. C’est lui qui l’accompagnera dans la recherche de sa famille.

Ce roman fait suite à “Max”, ou la vie dans un lebensborn allemand, mais il peut être lu séparément. Excellent roman parfaitement documenté, qui s’adresse à tout public à partir de 14ans. Bien raconté, il met en scène des personnages très attachants dont le désir de vivre nous touche infiniment.

orphelins

UNE ODYSSEE : un père, un fils, une épopée,

Daniel Mendelsohn,

Flammarion, 427 pages

Daniel Mendelsohn est professeur de littérature classique à Bard College. Apprenant qu’il va faire travailler ses étudiants sur l’Odyssée, Jay, son père, décide de suivre ce séminaire. Professeur de mathématiques retraité (il a 81 ans), il s’intègre au groupe d’étudiants, participant aux débats avec vigueur.

Au cours de ce semestre, Daniel et Jay s’embarquent pour une croisière dont le thème est “sur les traces d’Ulysse”. Durant le voyage, père et fils se rapprochent progressivement et se re-découvrentavec tendresse.

Dans cet ouvrage inclassable, l’auteur revient sur le voyage d’Ulysse, sur le rapport de la culture grecque avec notre temps sans que cela soit pesant. Il sait se mettre à notre portée et ne nous ennuie jamais. L’alternance avec la narration de ce voyage entre père et fils s’inscrit très habilement dans le cours du récit.

Cela dit, je ne suis pas certaine qu’il soit si facile à lire. Pour lecteur averti?

VOYOU

Itamar Orlev

Seuil, 460 pages

C’est grâce aux remerciements situés en fin d’ouvrage que nous comprenons que cette œuvre littéraire est inspirée par un témoignage.

Un jeune Israélien tout juste séparé de sa femme et de son fils de quatre ans décide de partir à Varsovie pour aller voir son vieux père. Il ne l’a pas vu depuis des années : sa mère, juive polonaise mariée à un goy, a « échappé » à son mari en émigrant en Israël avec ses trois enfants.

Orlev nous raconte deux histoires parallèles :  celle de l’enfance de ces trois enfants, marquée par un père violent, fruste, alcoolique et souvent absent et celle de ces enfants devenus adultes qui n’ont jamais pu oublier leur passé malheureux. Le narrateur éprouve des sentiments ambivalents à l’égard de ce père qu’il ne connaît pas vraiment ; amour et haine le taraudent sans fin.

C’est un roman plein de violence qui nous parle d’une Pologne que nous ne connaissons que trop bien. Excellent premier roman

voyou

Ma tribu plus que française

Philippe Alexandre

Robert Laffont 288 pages

Dans ce livre autobiographique, Philippe Alexandre nous raconte deux siècles d’assimilation des Juifs en France et leur histoire d’amour pour la France. Avant l’âge de 10 ans, il ne savait même pas qu’il était juif. Il l’a découvert en 1941 quand son père a jugé plus prudent de le faire baptiser. Et, pour tout dire, il n’y a pas attaché d’importance. Philippe s’est toujours senti bien plus français que juif.

Avec les années, pourtant, il a eu envie de connaître l’histoire de sa famille, des Allemands installés en France juste à la veille de la Révolution. Résultat : l’histoire un peu savante de l’assimilation des Juifs de France se transforme en un excitant roman d’aventure. On est d’abord à Forbach où certains oncles sont bouchers, les autres marchands de chevaux. Les enfants s’appellent Hayem, Isaac, Avector, Gotroh ou Marta. Le XIXe siècle s’écoule et l’histoire d’amour avec la France se prolonge.

Tout cela, Philippe Alexandre le raconte en parlant de sœurs, de tantes et de cousines. On se croit dans un roman de Balzac. La vie est belle à Forbach. Mais l’Allemagne que le clan avait fuit les rattrape en 1870.

Direction Paris. Tous vouent un culte rigoureux à une seconde religion : le patriotisme et la ”Laïcité”. Plus de prénoms juifs.

A la fin du XIXè siècle, c’est « La France juive » de Drumont. l’affaire Dreyfus et ensuite la première guerre mondiale au cours de laquelle le clan donnera plusieurs fils à la France dans les tranchées.

Alexandre ne cache pas l’égoïsme des siens face aux Juifs venus d’Europe centrale dans les années 1930. Puis viennent les pages sur une Occupation ensoleillée que le petit garçon passe à Grasse.

Ce livre est un vrai roman-feuilleton passionnant.

VERA KAPLAN 

Laurent Sagalovitsch,

Buchet-Chastel, 152 pages

Ce court roman est basé sur une histoire vraie : celle de Stella Goldschlag, jeune juive allemande qui, en échange de dénonciations, a cru sauver ses parents de la déportation.

A travers cette fiction, l’auteur cherche à comprendre ce que cette situation dramatique a pu déclencher de violence dans la tête d’une jeune rebelle délurée, bien décidée à survivre et à aider ses parents. Elle est animée par des sentiments contradictoires, mais sa soif d’action l’emporte sur tout le reste. Dans un cahier, elle n’a de cesse de justifier ses actes, guidée par trois pulsions : d’une part, elle veut survivre à tout prix et témoigner, d’autre part, elle ressent un grand mépris pour tous ces « moutons » qui se laissent mener à l’abattoir, enfin elle veut croire qu’elle peut sauver ses parents.

Elle n’éprouve pas trop de difficulté à dénoncer ses camarades, ses copains, etc… Tout se justifie à ses yeux. Elle est si forte !… Nous ne pouvons pas la juger, c’est une victime. Elle sera jugée par un tribunal à la fin de la guerre et subira une peine de prison, et l’interdiction de voir sa fille née pendant la guerre, et placée en Israël.

Son cahier finira entre les mains de son petit-fils, longtemps après qu’elle se soit suicidée.

FORET OBSCURE 

Nicole Krauss

L’Olivier, 285 pages

Ce texte (roman ?) ambitieux est l’histoire de deux personnages en quête d’eux-mêmes. A un moment de leur existence, ils éprouvent le besoin impérieux de tout quitter afin de se réconcilier avec leur nature profonde.

Ils entreprennent un voyage initiatique, à la recherche de leurs raciles, lesquelles se trouvent dans un Israël plutôt rêvé que réel.

Nous sommes tous happés par la vie urbaine et l’auteur nous donne une belle leçon de courage. Le courage de tout lâcher pour aller à l’essentiel et être en paix avec soi-même.

Pas facile à lire

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